Une publication virale sur Facebook affirme que 39.000 ingénieurs tunisiens ont quitté le pays, sur un total de 90.000 inscrits à l'Ordre des ingénieurs. Cette affirmation a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Beaucoup y ont vu une véritable hémorragie de compétences, symbole de la fuite des cerveaux qui frappe la Tunisie, tandis que d'autres ont dénoncé une « catastrophe nationale » et un échec des politiques publiques à retenir ses cadres. Après vérification, l'information est exacte. Elle provient d'une déclaration officielle du doyen des ingénieurs tunisiens, Kamel Sahnoun, reprise par l'agence nationale Tunis Afrique Presse (TAP) et la Radio Express FM. Lors d'une séance d'audition parlementaire le 10 mars 2025, il a affirmé que 39.000 ingénieurs avaient quitté la Tunisie sur un total de 90.000 inscrits à l'Ordre. Il a précisé que le pays forme chaque année plus de 8.000 nouveaux ingénieurs, mais qu'en moyenne 20 d'entre eux s'expatrient chaque jour, aggravant un déficit de main-d'œuvre qualifiée dans plusieurs secteurs stratégiques.
Le doyen a également mis en garde contre les pertes colossales engendrées par cette situation. Selon lui, le coût annuel de la formation des ingénieurs est estimé à 650 millions de dinars, soit environ 215 millions de dollars. Cette dépense publique est financée en grande partie par l'Etat. Selon l'Observatoire national tunisien de la migration, plus de 35.000 Tunisiens quittent chaque année le pays dans le cadre de la migration organisée. La fuite des cerveaux touche donc bien au-delà des ingénieurs et s'inscrit dans une tendance structurelle qui inquiète économistes et acteurs de la société civile. Pour beaucoup, la perte de ces compétences affaiblit durablement les capacités d'innovation et de développement de la Tunisie, tout en privant l'Etat d'un retour sur investissement vital dans son système éducatif.
Ainsi, la publication est exacte : le chiffre de 39.000 ingénieurs émigrés sur 90.000 inscrits a bien été confirmé par le doyen de l'Ordre.