Présenter les avantages d'adopter en Tunisie la formule du "Credit Bureau", une centrale d'informations privée qui renseigne sur la solvabilité des PME et des particuliers, en s'appuyant sur quelques expériences similaires dans le monde et chez des pays voisins, a fait l'objet d'un séminaire organisé par l'IACE et la société Maghreb Credit. Cette rencontre, sous le thème "Une meilleure gestion des risques de crédit : Credit Bureau", a eu lieu à la Maison de l'Entreprise, le 14 février 2009. Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque Centrale, a insisté, lors de son allocution, sur la nécessité d'avoir une information fiable et précise surtout en ces temps de crise. Il a souligné l'appui des autorités à toute initiative pouvant avoir un impact positif sur l'environnement des affaires et l'accélération de la mise à niveau du secteur bancaire. Créée depuis plus de 35 ans, la Centrale d'informations de la BCT est désormais un produit de technologie évoluée, basé sur un système ouvert et largement paramétré, en harmonie avec les normes et les standards internationaux et constituant un excellent outil d'aide à la décision en ce qu'elle permet de renseigner sur la situation financière des entreprises et des particuliers et sur leur capacité à rembourser leurs dettes. La réussite de la centrale des risques, uvre unique en son genre en Afrique et dans le monde arabe, a contribué à l'amélioration du classement de la Tunisie dans le rapport de la Banque Mondiale "Doing Business" et ce, grâce à la note attribuée à l'indicateur relatif à la divulgation de l'information sur les crédits et qui évalue la qualité et l'étendue des informations que la Centrale est en mesure de fournir. M. BACCAR estime que rien n'interdirait la coexistence entre les centrales publiques d'informations et le credit bureau, dans la mesure où le contenu des informations qui y sont consignées ne sont, nécessairement, pas identiques. En effet, la Centrale d'Informations avec son réservoir important d'informations utiles à l'appréciation du risque d'insolvabilité, n'émet pas de jugement quant à la capacité du client à honorer ses engagements, n'évalue pas son risque de défaut et n'établit ni score ni cotation. Autant d'outils aujourd'hui maîtrisés par les bureaux de crédit installés de par le monde. Oscar Madeddu, Expert à la Société Financière International (SFI) a fait un topo sur l'expérience internationale du partage de l'information sur le crédit. Une enquête dans 52 pays a révélé que la probabilité d'obtenir un crédit pour une PME a évolué de 28 à 40% après l'adoption du Credit Bureau dans ces pays. Le Rating de la solidité du système financier du pays augmente avec la présence du Credit Bureau, car le risque systémique est mieux surveillé, ce qui procure au pays une meilleure réputation internationale. Même en Suisse où les secrets bancaires sont très bien gardés, le Credit Bureau est ancré depuis plusieurs années. M. Madeddu estime que le cadre idéal pour développer un Credit Bureau est d'élaborer une loi pour le partage d'informations. Les bons payeurs ne devraient pas payer les risques pris pour financer les mauvais. De ce fait, le Credit Bureau permettrait d'indexer un taux d'intérêt personnalisé, d'élargir l'accès au crédit, d'améliorer la croissance économique et de renforcer le rôle des banques et des consommateurs. Mohamed Refaat, directeur du Credit Bureau de l'I-Score, et Maha Dassouli, directrice du Bank Al-Maghrib ont présenté, chacun à son tour, le parcours de création de cet organe d'informations respectivement en Egypte, récemment établi (janvier 2008) et au Maroc qui est encore en gestation. Maha El Kelish, directrice générale de Dun&Bradstreet des EAU, a, quant-à-elle, essayé de démontrer le rôle que peut avoir le Credit Bureau dans une économie et les avantages pour les banques, les emprunteurs et le régulateur. Ainsi, en adoptant une telle structure, on peut bénéficier d'une vision actualisée, claire et exhaustive de l'emprunteur, de ses comptes personnels, professionnels, en résumer de tout son historique de créditeur, jugements pénales y compris. Ce qui permet une expansion intelligente du crédit, basée sur l'information. Cet organisme permet, en outre, une réduction des temps de transaction et de traitement, et donc une réduction des coûts. En d'autres termes, il permet aux établissements de Crédit de mieux évaluer les risques et donc d'améliorer la qualité de leur portefeuille. Mme El Kelish explique que le Credit Bureau permet d'établir une stratégie de tarification adaptée au comportement de paiement et de réduire considérablement la fraude. Pour un pays donné, il peut améliorer son Rating international (indicateur), baisser le coût global du crédit et une plus grande partie de la population pourra, de ce fait, accéder au crédit. Ahmed Benghazi, directeur général d'Axis Capital, a affirmé que le niveau de risques de crédit reste relativement élevé en Tunisie, atteignant un taux de 20%. Ces risques se traduisent par des retards de paiement, qui entrainent des coûts supplémentaires. Omar El Matri a précisé qu'un projet pour la mise en place d'un Credit Bureau en Tunisie est en gestation : Maghreb Credit, une centrale d'informations intégrée sur les risques de crédit, qui couvre aussi bien les personnes morales que les personnes physiques. C'est un outil important d'aide à la décision grâce au "scoring", une note attribuée par le Credit Bureau qui permet d'évaluer la solvabilité d'un client. Ce système vise à mieux gérer leurs risques de crédit. Maghreb Credit compte collecter et gérer des informations positives et négatives issues de plusieurs secteurs d'activités (banques, télécommunication, utilities, etc.) pour avoir des informations riches, complètes et fiables afin d'établir des modèles prédictifs (de scoring) très puissants pour évaluer les risques de non solvabilité. Ainsi, détenir une information fiable et exhaustive au moment opportun devient vital pour la survie des entreprises, surtout dans cet environnement de crise et d'incertitude. Imen Nouira