"L'Histoire des Entreprises et de l'Entreprenariat dans le contexte méditerranéen" a été le thème d'une table ronde organisée à la Maison de l'Entreprise, vendredi 6 mars 2009. Mahmoud Seklani, professeur à la faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis (FSEGT), a expliqué qu'après l'indépendance, la Tunisie a eu plusieurs défis à relever. L'économie tunisienne s'est constituée en seulement un demi-siècle grâce au potentiel humain, à son intelligence et ses compétences. Le tissu économique est composé à 94% de micro-entreprises et de PME. Dominique Barjot, professeur à l'université Paris-Sorbonne, a indiqué que la discipline de l'histoire des entreprises (HE) est parue à Harvard en 1920. L'HE a renouvelé la vision du capitalisme, car elle apporte des éléments essentiels dans l'analyse économique. On peut reconstituer l'HE à partir des archives des banques comme le cas de l'Angleterre ou des archives des entreprises elles mêmes. Ainsi, on peut découvrir le rôle des PME au cheminement des technologies. M. Barjot a insisté sur l'importance d'avoir accès à des sources quantitatives et de longue durée pour pouvoir établir une analyse fiable. Luciano Segreto, professeur à l'université de Florence, a présenté l'HE en Italie. Avant les années 1970, les grandes entreprises privées et publiques. Après cette période, le paysage économique a changé totalement avec la multiplication des PME. Ces dernières trouvent énormément de difficultés pour créer et gérer des archives. Pour y remédier, certains organismes privés ou publics se sont proposés pour effectuer cette tâche. Mourad Hattab, cadre à la Société Tunisienne de Banque, a passé en revue l'historique de la STB. Etant la première banque créée en Tunisie, la STB dispose d'une archive qui date de 40 ans et qui représente une mine d'informations très importante dans l'élaboration de l'HE en Tunisie. Elle pourrait donner, selon les universitaires présents, une idée précise sur l'évolution du tissu économique tunisien. Bernard Paranque, Doyen associé à la recherche à la faculté euro-med/Marseille, a précisé que l'intérêt d'étudier l'HE est non seulement de garder une trace du passé, mais aussi de découvrir les potentiels qui existent à tel ou tel endroit. Il a souligné que certains pas sont décisifs pour l'avenir des entreprises comme la technologie et son transfert. Les tigres et dragons asiatiques sont les exemples concrets de réussite dans ce domaine. Chaque pays a sa propre HE. Il n'y a pas un modèle unique. Les grandes entreprises ne constituent pas toujours un levier de développement. L'Espagne a utilisé le tourisme comme levier. La Tunisie peut suivre le même chemin. Avoir une HE est essentiel pour chaque entreprise, a précisé le Pr. Barjot. Elle facilite les fusions entre entreprises puisque avant de se lancer dans le partenariat, chacune d'elle connaîtra les points communs et les points de différence des autres. Conserver les documents - comme les plans pour les ingénieurs - permet de présenter le meilleur prix lors d'appels d'offre, car les études sont déjà prêtes. L'HE permet de prendre des décisions stratégiques en se basant sur l'expérience et la connaissance déjà acquises par l'entreprise et donc de ne plus commettre les mêmes erreurs. Elle permet en outre à l'entreprise de garder son identité et ses caractéristiques : rester la même en évoluant. Enfin, elle garde en mémoire les compétences et routines acquises par le personnel. Imen Nouira