Audi, avec ses R15 TDI, a remporté dimanche sa neuvième victoire aux 24 Heures du Mans, en 11 participations depuis l'an 2000, et l'a assortie d'un triplé retentissant au terme d'une 78e édition menée à un rythme infernal... par Peugeot, vainqueur l'an dernier. La R15 TDI victorieuse était pilotée par un Français, Romain Dumas, et deux Allemands, Timo Bernhard et Mike Rockenfeller, un trio qui n'avait jamais gagné au Mans mais possède déjà une jolie collection de trophées glanés dans d'autres classiques de l'endurance aux quatre coins du monde, de Sebring à Spa-Francorchamps en passant par Daytona et le Nurburgring. Cette R15 portant le N.9, comme neuf victoires Audi au Mans, a terminé en roue libre devant la N.8 de Benoît Tréluyer, Marcel Fassler et André Lotterer, l'équipage des jeunes, et la N.7 de Tom Kristensen, Dindo Capello et Allan McNish, les trois vieux briscards multi-récidivistes. Tout était symbolique dans cette victoire, y compris le record de la distance parcourue au Mans, battu par les vainqueurs 2010: 397 tours, donc 5410 km. Le record précédent était détenu depuis 1971 par une autre marque allemande, Porsche, avec la fameuse 917. Et comme par hasard, Dumas et Bernhard sont des pilotes Porsche, prêtés à Audi pour Le Mans. "C'est la victoire que nous avons eu le plus de mal à obtenir (depuis l'an 2000), parce que Peugeot était vraiment très fort", a dit le Dr Wolfgang Ullrich, grand seigneur... des anneaux, sur le podium. Il n'en menait pas large mercredi soir quand les 908 HDi-FAP ont attaqué tambour battant, aux essais, une semaine qui s'annonçait délicate pour les voitures allemandes. Dans la foulée de leur domination aux essais, les quatre 908, placées sur les deux premières lignes (les trois de Peugeot Sport et celle d'Oreca), ont emballé le match d'entrée, notamment la N.3 de Bourdais, Pagenaud et Lamy, partie en pole position. Puis, les ennuis de toutes sortes se sont abattus sur les Lionnes: suspension arrachée de la coque en carbone de la N.3 (abandon samedi à 17h30), puis alternateur à changer sur la N.1, dans la soirée, et demi-train arrière à remplacer sur la N.4, celle d'Oreca, dans la nuit. La N.2 a bien profité des ennuis de ses petites soeurs, elle a mené la danse toute la nuit, puis au chant du coq elle a lâché l'affaire, moteur en vrac. C'était aussi le chant du cygne pour la marque française, confrontée en fin de course à trois casses de moteur sur ses trois voitures rescapées, en l'espace de quelques heures. "D'habitude, le chat noir a tendance à s'acharner sur une seule voiture, alors que là, on a eu des problèmes sur toutes nos voitures", a d'abord regretté Olivier Quesnel, le patron de Peugeot Sport. Puis il s'est repris et a annoncé la suite: "Nous reviendrons l'an prochain pour la belle", comme si son compteur n'était ouvert que depuis la première victoire Peugeot contre Audi, en 2009. Sauf que le seigneur des anneaux a pris un peu d'avance. C'est le quatrième triplé d'Audi aux 24 Heures du Mans, après ceux des années 2000, 2002 et 2004, avec les imbattables R8 à moteur essence. C'est le premier triplé pour des Audi à moteur diesel, car les R10 TDI n'avaient jamais réussi un tel résultat d'ensemble. Ce triomphe à l'ancienne a été apprécié et salué, sous le soleil de la Sarthe, par 238.150 connaisseurs.