Nous venons de recevoir un communiqué officiel du Secrétariat d'Etat des Technologies de la communication, dépendant désormais du ministère de l'Industrie et de la Technologie. Dans ce communiqué, on annonce que l'accès à tous les sites web en Tunisie est libre à l'exception des sites au contenu portant atteinte aux bonnes mœurs ou comportant des éléments violents ou incitant à la haine. Une adresse mail ([email protected]) est mise à la disposition des citoyens et des composantes de la société civile pour toute réclamation en relation avec la liberté d'expression sur Internet. Fin du communiqué qui laisse perplexe. Est-ce aux fonctionnaires de ce secrétariat d'Etat de dire ce que nous devons consulter ou pas d'abord ? Le Tunisien n'est-il pas suffisamment adulte et mûr pour savoir ce qu'il désire voir ? Et si un citoyen a envie de consulter des sites contraires aux bonnes mœurs, de quel droit l'Etat l'empêche-t-il, alors que ce même Etat n'est pas en capacité d'arrêter le flux provenant des chaînes de télévision satellitaires. Des sites comme Flickr, Dailymotion ou YouTube peuvent donc être de nouveau censurés puisqu'on y trouve du contenu contraire aux bonnes mœurs ! Le deuxième prétexte est encore plus vicieux de la part du secrétariat d'Etat, car il ouvre la brèche à toutes les interprétations : c'est quoi un contenu incitant à la haine, qui peut le déterminer et sur quelle base ? Est-ce le rôle d'un fonctionnaire, d'une commission ou plutôt d'un juge de dire que ce contenu incite à la haine ? Et, dans ce cas, un site comme celui d'Al Jazeera ou de plusieurs médias arabes incitent à la haine et qu'un fonctionnaire est donc autorisé à les censurer ! Il s'agit là des vieux prétextes de l'ancien régime (répétés mille fois par les anciens ministres des Technologies) et qu'on nous ressort encore une fois ! Qu'on laisse la justice s'occuper de censurer les sites qui portent atteinte aux personnes et à leurs intérêts, mais qu'on nous laisse l'Internet libre, comme partout dans le monde ! L'administration n'a pas à se surseoir à la justice. Nous avons publié une chronique ironique au mois de mai dernier à ce sujet (à l'occasion de la journée internationale des télécommunications) et elle nous a valu son lot de sommations de la part d'un ministre de l'ancien régime (Oussama Romdhani si vous voulez tout savoir). Nos lecteurs peuvent la (re) lire en cliquant sur ce lien : La fête de l'Internet inaccessible