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Tunisie - Interview d'Abdelfattah Mourou, islamiste, républicain et démocrate
Publié dans Business News le 17 - 02 - 2012

D'aucuns pensent que Cheikh et Maître Abdelfattah Mourou, serait l'un des hommes politiques, à l'heure actuelle, à pouvoir réussir l'équation difficile et complexe entre le politique, le vécu quotidien et la religion. Il serait, également, l'un des rares hommes religieux à pouvoir rallier, autour de lui, les islamistes modérées (donc, la majorité d'entre eux) et les modernistes.
Si l'on y ajoute ses qualités oratoires de conviction et de persuasion, l'on comprend pourquoi ils sont nombreux à l'aimer dans certaines classes politiques et intellectuelles, plus particulièrement chez le commun des citoyens. Ils sont nombreux aussi à le craindre, notamment au sein du Mouvement Ennahdha puisque les « lieutenants » de Cheikh Rached Ghannouchi ont réussi à l'évincer de l'équipe gouvernementale, actuellement au pouvoir, en dépit de la volonté de leur chef qui lui a proposé, en personne, le portefeuille de la Justice.
C'est ce que nous a confirmé M. Mourou lors de l'interview qu'il a accordée à Business News autour d'un succulent thé chez lui, dans la Banlieue nord de Tunis, pour faire le point sur la situation prévalant dans le pays et sur sa vision des développements politiques et sociaux dans le pays.
Faisant le point sur la situation prévalant actuellement et les perspectives d'avenir, Abdelfattah Mourou estime que tout a été enclenché suite aux résultats des élections du 23 octobre 2011 qui ont engendré une grosse amertume chez ceux ayant obtenu des scores en deçà de leurs aspirations, d'où les tentatives actuelles de regroupements et de rassemblements qui sont nécessaires et bénéfiques, mais loin de la mentalité de la vengeance.
Le problème, ajoute Abdelfattah Mourou, est que ces nouveaux regroupements sont en train de prôner une démarche erronée et a contrario dans le sens où ils procèdent par un pur changement de la forme et des méthodes alors qu'ils devraient réviser le fond de leurs programmes.
Plus encore, leur manière de focaliser sur Ennahdha les conduirait, inéluctablement à un échec. En effet, seul un mouvement aux bases solides et issu du peuple peut prétendre concurrencer Ennahdha, ce qui n'est pas encore le cas de ces nouvelles alliances ou fusions qui demeurent élitistes. C'est dire que les partis dits d'opposition sont appelés, impérativement, à changer de contenu après l'étape de la mutation organisationnelle. Il rappelle un point fondamental selon lequel un parti ne se crée pas du haut, mais de la base.
Concernant la Troïka, Cheikh Mourou précise que ses composantes ont, toutes ou dans leur majorité, un dénominateur commun, à savoir l'inconvénient ou plutôt le handicap du manque d'expérience en matière de gestion des affaires de l'Etat, et ce aussi bien au sein de l'Assemblée nationale constituante qu'au gouvernement. Question d'inexpérience vu que les membres de la Troïka étaient en dehors du système, voire en prison.
Ceci a entraîné des tergiversations, des tâtonnements dans la prise de certaines décisions et des pertes de temps précieux. Mais cela n'entame en rien la crédibilité et la volonté de bien faire chez les nouveaux gouvernants, s'empresse d'ajouter Cheikh Mourou. « Ils sont au four et au moulin et travaillent du matin au soir », dit-il.
Ce manque d'expérience a été accentué par la mise à l'écart, voire l'exclusion de tous ceux ayant composé avec l'ancien régime. « C'est un mauvais choix totalement erroné, car il ne faut pas croire que tous les cadres de l'ancien régime, y compris ceux du RCD, sont des gens impliqués dans les affaires de sang ou de corruption», dit-il en substance.
L'exclusion de ces personnes, qui sont des compétences avérées, est une décision erronée et contraire aux intérêts du pays », insiste t-il avant d'enchaîner que les résultats de cette fausse approche ne se sont pas fait attendre, puisque les ministres n'ont plus d'administration fiable et solide sur laquelle ils peuvent compter. Tous les rouages et tous les responsables sont sujets à des agressions et à des « dégage ». Cela va des agents de sécurité jusqu'aux hauts cadres et administratifs, y compris les gouverneurs et les PDG des entreprises.
Cheikh Mourou cite, à titre d'exemple, le cas des nominations des hauts responsables des médias publics et du traitement des dérapages et des sit-in qui piétinent les droits des autres au travail. « On ne discute pas avec ceux qui transgressent les lois, on ne les réprime pas certes, mais on leur adresse des mises en garde avant de prendre les mesures légales nécessaires », prévient-il.
Cette situation peut nous conduire à l'anarchie qui pourrait ouvrir, alors, la porte à toutes les voies non démocratiques et mener même à un retour de la dictature.
Risque-t-on une guerre civile ? M. Mourou n'y va pas par quatre chemins pour répondre positivement, soulignant ainsi le risque du retour de la dictature pour contenir ce chaos. Sous quelle forme ? Il n'y a que deux formes pour faire face : l'armée ou l'appareil sécuritaire. L'armée n'étant pas politisée, il ne restera donc que l'appareil sécuritaire dont la composition reste entière depuis le temps de Ben Ali.
Et que doit-on faire pour ne pas en arriver là ? Soutenir le parti islamiste (parce qu'il est centriste).
Passant ensuite aux multiples agissements constatés de la part des salafistes et des extrémistes sur la scène tunisienne, M. Mourou estime que la solution réside dans le développement d'un discours religieux modéré et prônant le juste milieu afin de contrecarrer les approches extrémistes lancées par les prédicateurs.
Et à ce propos, Cheikh Mourou est catégorique pour s'opposer à la venue de ces prédicateurs du Machreq qui nous lèguent des «bombes à retardement» en faisant semer les graines de la discorde, de la haine et de l'extrémisme.
La solution réside dans la séparation entre le discours religieux et politique, comme le réclame, d'ailleurs, le mouvement islamiste en Tunisie. Il y a la prédication qui est souhaitable et même nécessaire et il y a l'activité politique qui est un autre volet complètement différent. D'où la nécessité et l'impératif d'ouvrir le dialogue afin de trancher la question.
Mais, selon Cheikh Mourou, le mouvement islamiste est indispensable à la dynamique sociopolitique en Tunisie, sachant que tout le long de la rencontre, il a ménagé Cheikh Rached Ghannouchi et sa vision de la chose publique. Il a même défendu son itinéraire et son exil volontaire en Angleterre parce qu'il risquait la mort en Tunisie.
Finalement, Abdelfattah Mourou, qui n'a pas encore rejoint le poste que lui a confié le chef du gouvernement provisoire, semble continuer à prôner une attitude conciliante avec les diverses familles politiques et se poserait, le cas échéant et le moment venu, en une alternative. Cette alternative rallierait aussi bien les islamistes, au vu de son passé et en tant que membre fondateur d'Ennahdha, que les modernistes au vu de son discours moderniste et son recours à un langage accessible au commun des citoyens.
C'est dire que tout en prenant une position claire sur certaines questions, Cheikh Mourou prend les réserves d'usages digne d'un politicien chevronné pour pouvoir se placer, un jour peut-être, en rassembleur accepté par les uns et les autres.


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