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Messieurs et mesdames les juges, révoltez-vous !
Publié dans Business News le 06 - 01 - 2013

Il ne se passe désormais plus une semaine sans que la justice et l'appareil judiciaire ne soient critiqués dans cette Tunisie « libre et démocratique ».
Près de deux ans que cette révolution, ou pseudo-révolution, a eu lieu et le système judiciaire tarde à se réformer, prendre son envol et obtenir son indépendance du joug du ministère.
Les scandales ont beau éclater, les dépassements et les injustices ont beau être dénoncés, rien de concret n'a été réalisé pour permettre aux magistrats de travailler en toute sérénité, de manière aveugle n'obéissant qu'à leur conscience et à la loi.
Tiraillés par un pouvoir qui tisse sérieusement sa dictature et une certaine opinion publique revancharde, voire vengeresse, les magistrats sont en train de perdre l'occasion historique de sauver leur corps de métier.
Finalement, le seul corps à profiter (provisoirement) de cette révolution, est celui de l'information. Les médias tentent, tant bien que mal, d'exercer cette liberté d'expression et de résister contre l'appareil répressif qui commence à reprendre forme après une année de répit sous Béji Caïd Essebsi.
Divisés par leurs querelles intestines, les magistrats n'ont pas réussi à dépasser leurs différends et à s'unir afin de profiter de ce moment historique.
Exploitant largement ces divisions, le ministre de la Justice n'a pas cessé de profiter de la zizanie semée entre les magistrats et de la guerre des clans, sanctionnant les uns et menaçant les autres.
Véritable loup politique, Noureddine Bhiri démontre un savoir-faire extraordinaire en matière de manipulation et d'utilisation d'une série de lois créées sous Ben Ali. Ses "prouesses" sont à inscrire dans les annales en commençant par le limogeage des juges indésirables (soi-disant corrompus, ce qui reste à prouver), le mouvement judiciaire ou le blocage total de la création d'une haute instance indépendante.
Certains ont cru et croient encore en la bonne foi et l'honnêteté intellectuelle de Bhiri, mais il faut être fou ou naïf pour croire qu'un ministre islamiste allait céder le super pouvoir qu'il a entre les mains au profit de l'indépendance et de la démocratie.
Un an après leur prise de pouvoir, les faits sont là et ils sont têtus.
Vous avez des juges indépendants qui ont clairement annoncé qu'un justiciable devait être libéré, mais celui-ci continue à être sous les verrous. C'est le cas de Sami Fehri.
Vous avez des anciens PDG d'une compagnie aérienne, impliqués dans une affaire d'emploi fictif, qui se trouvent en prison et d'autres anciens PDG impliqués dans la même affaire, vraisemblablement avec le même degré de gravité, et qui se retrouvent dehors. C'est le cas de Nabil Chettaoui.
Vous avez un ancien ministre de la Justice (Sadok Chaâbane) qui se trouve en prison pour un fait supposé de torture, théoriquement prescrit (l'histoire date de près de 22 ans) alors qu'on continue encore à observer des faits de torture et de voir des morts sous la torture ou suite à une grève de la faim. C'est les cas de Nabil Arâari, Mohsen Khlaïef (torture en décembre), Abderraouf Khamassi (mort sous la torture en septembre) et Béchir Golli et Mohamed Bakhti (morts suite à une grève de la faim).
Vous avez un ancien ministre de l'Intérieur en prison (Rafik Haj Kacem) pour sa responsabilité supposée dans la mort de manifestants et un ministre de l'intérieur qui continue encore à exercer, malgré la mort de manifestants il y a moins de quatre mois. Cas de l'ambassade américaine.
Vous avez un ministre des Affaires étrangères attrapé la main dans le sac par une bloggeuse, mais c'est la bloggeuse qui se trouve poursuivie et interdite de voyage. C'est le cas d'Olfa Riahi.
Vous avez un ancien conseiller du président de la République qui dénonce des faits établis et qui se trouve lui-même condamné. C'est le cas d'Ayoub Massoudi.
Vous avez un doyen de faculté qui se fait agresser dans son propre bureau et qui se trouve traîné en justice. C'est le cas de Habib Kazdaghli.
Vous avez le cas de plusieurs hauts responsables sous Ben Ali qui se trouvent encore en prison, malgré le dépassement des délais légaux de détention ou parce qu'on leur a sorti un nouveau mandat de dépôt à la veille de l'expiration du délai légal.
Vous avez des chefs de parti et des ministres aujourd'hui au pouvoir et hier gravement impliqués dans des meurtres, attentats, attaques au vitriol, qui ont été bel et bien condamnés, mais qui ont réussi à passer entre les mailles du filet judiciaire, sans qu'aucun magistrat ne cherche à exécuter un quelconque jugement ou rétablissement réel des faits.
Vous avez un pseudo parlement qui a clairement dépassé son mandat et ses prérogatives initialement définies, mais qui continue à exercer normalement sa mission en narguant tout le monde et en essayant de tirer un maximum de dividendes pour servir les intérêts personnels (et mercantiles) de ses membres.
Ne parlons pas des rumeurs liées à l'enrichissement de certains ministres et leurs épouses qui profitent pleinement de leur nouvelle position.
Trop c'est trop ? Non, pas encore, il y a encore de la marge pour ce loup politique en train de rattraper le temps perdu après avoir raté sa carrière sous Ben Ali.
Où êtes-vous messieurs les juges dans toutes ces affaires ? Un juge me répond. « Nous avons les mains liées, nous sommes menacés dans notre carrière, nous sommes intimidés. Certains d'entre-nous ont les mains sales et tentent de sauver leur peau en montrant patte blanche aux nouveaux gouvernants. D'autres ont privilégié leur carrière à leur mission. D'autres encore mélangent leurs opinions politiques à leur devoir. Avec tout cela, on ne peut être que désunis et désarmés face à ce que l'on constate comme injustices et abus. »
Quelle est donc la solution ?
Puisque tout le monde parle de révolution, les juges se doivent d'accomplir la leur. Ils se doivent de dire stop à la mascarade. Ils se doivent de s'unir. Ils se doivent d'arracher leur indépendance du pouvoir politique. Ils se doivent d'arrêter d'exécuter des ordres, même indirects. Ils se doivent d'être courageux. Ils se doivent de lancer les procédures nécessaires quand ils constatent des abus. Ils se doivent d'alerter leur association, leur syndicat et les médias quand ils subissent des pressions. Quand ils sont unis, ils deviendront imbattables. Qu'ils le fassent pour eux, pour sauver leur propre corps et pour sauver la Tunisie. Leur rôle est primordial et leur pouvoir est très puissant.
Sans justice, sans les juges, il ne saurait y avoir de démocratie, de liberté d'expression, d'investissement, de développement.
Sans eux, la Tunisie ira aux abîmes. Sans eux, la Tunisie vivra au Moyen-âge.
Messieurs et mesdames les juges, sauvez-nous, révoltez-vous !
N.B : Pensée à Sami Fehri, Nabil Chettaoui, les salafistes et beaucoup d'autres, sous les verrous depuis des mois, en attente de leurs procès.


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