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Tunisie - Lors d'un bras de fer idéologique, Youssef Seddik triomphe de Béchir Ben Hassan
Publié dans Business News le 15 - 03 - 2013

Faut-il séparer la religion et l'Etat? Quels avantages et quels risques dans les deux cas? Ces questions ont été au cœur d'un débat interactif télévisé entre deux personnes censées incarner les deux pôles opposés dans le monde de la pensée philosophique et théologique, en l'occurrence le philosophe Youssef Seddik et le prédicateur islamiste wahhabite, Béchir Ben Hassan.
Lors de ce débat organisé l'Initiative de « Munathara" et diffusé en direct sur Al Jazeera Mubasher et en ligne dans la soirée du 15 mars 2013, les deux intervenants étaient accompagnés, chacun, par un jeune ayant été choisi sur les réseaux sociaux via des séquences vidéos, dans lesquels ces jeunes ont présenté leur argumentation à propos du thème. Le vote a ainsi abouti au choix, du côté des islamistes, du jeune technicien en informatique, Ahmed Ben Hassine et, du côté des laïcs, de l'étudiante Maysa Lejmi.
Notons que le terme laïcité a été évité dans l'intitulé du débat afin de prévenir tout risque d'amalgame quant à cette notion souvent confondue avec mécréance ou athéisme. Pourtant, quand on parle de "séparation entre l'Etat et la religion" tel qu'indiqué dans le titre du thème de l'émission, on parle bien de la notion de laïcité définie par "le principe excluant la religion de l'exercice de l'action politique ou administrative, en particulier de l'organisation de l'enseignement public".
Conformément aux règles du jeu de l'émission, chacun des intervenants s'exprime en début de l'émission en 99 secondes précises, afin de faire valoir sa position, de la défendre par des arguments et d'essayer d'être le plus convainquant possible avant d'entrer dans le vif du sujet et de commencer le débat animé.
Maysa, s'alignant dans le clan qui croit en la nécessité de séparer la religion et la politique, a présenté trois arguments, à savoir la considération des intérêts économiques en adoptant une politique pragmatique, la garantie des droits et libertés individuelles dont la liberté de culte et la liberté de conscience et l'instauration du caractère civil de l'Etat.
Ahmed, le jeune adversaire, a affirmé que l'Islam est un système de vie, donc on ne peut le dissocier de la vie politique. Il a considéré que la laïcité est possible par exemple en christianisme, mais pas en Islam "Séparer la religion de la politique équivaut à séparer l'âme du corps!", a-t-il clamé
Le prédicateur Béchir Ben Hassan, dans son introduction, a indiqué que "la religion dans l'absolu est l'Islam", puisqu'il s'agit de la meilleure religion et le couronnement de toutes les autres. Il a également comparé l'indissociabilité de la religion des affaires courantes, notamment la politique, au lien qu'est l'âme au corps, laissant sous-entendre que toute séparation est synonyme de mort.
Le philosophe Youssef Seddik, connu pour avoir, pendant de très longues années, travaillé sur le Coran et la pensée islamique, a commencé par dire: "J'ai vécu depuis des décennies avec les valeurs du livre saint et j'en suis imprégné. Ce que je constate à travers l'histoire de l'Islam, c'est que ce qu'on a fait jusque-là ce sont des variations de "récitations" ou "d'intonations" et on a négligé la vraie lecture, la lecture réfléchie et approfondie du sens des valeurs de l'Islam".
Béchir Ben Hassan, reprenant la parole a affirmé que "Bourguiba avait instauré le principe de séparation entre la religion et la politique, sous l'influence de l'Occident". Il est temps donc, pour lui de "se réconcilier avec Dieu, avec le Coran et avec l'Islam. "Quoi de meilleur que la loi divine? Comment peut-on laisser tomber la bénédiction d'une telle religion qu'est l'Islam?" a-t-il soutenu.
Béchir Ben Hassan a, ensuite, haussé le ton en déclarant: "Il ne faut pas fouiller les "ordures" de l'Occident à la recherche de définitions. Le Coran est riche en valeurs, il est clair et tout à fait compréhensible!". Visant directement et personnellement son adversaire, M. Ben Hassan l'a pointé du doigt, l'accusant d'avoir un "regard ecclésiastique" sur la religion.
Le jeune islamiste Ahmed a précisé, de son côté, que la laïcité est une notion intruse, qui nous a été imposée par les Français à l'époque du colonialisme. Elle est, de ce fait, fragile et instable. Il a même ajouté :"en Tunisie, la laïcité vit un dépaysement total!".
M. Seddik, en réponse, a expliqué que la religion est basée sur la relation verticale entre Dieu et l'Homme, alors que la politique porte plutôt sur des rapports horizontaux entre les personnes et le système de gestion des vies humaines. Par conséquent, il n'est plus possible de mêler la religion avec la vie terre-à-terre des individus. Ensuite, ciblant son adversaire, il l'a accusé de s'être autoproclamé "Cheikh", alors qu'il n'a rien d'un expert en théologie, n'a jamais procédé à une réelle lecture analytique du Coran, mais qui se contente de "réciter" les versets coraniques sans vraiment en percevoir la profondeur. M. Seddik a même lancé un défi contre son adversaire et l'a criblé d'exemples d'erreurs d'interprétation ou encore de lecture superficielle de la religion et du Coran.
Par ailleurs, l'article 1er de la Constitution a fait l'objet d'un des thèmes de ce débat. Bien évidemment, le clan des islamistes considère que la Chariâa doit être la base de toute réglementation. "C'est la loi de Dieu, suprême et souveraine, qui est faite pour régir les relations humaines".
Par contre, pour ceux qui croient à la nécessité de séparer la religion de l'Etat, l'article premier de la Constitution ne doit pas mentionner l'Islam, ni la religion en général ; et pour cause le fait que la Tunisie présente, d'un point de vue historique, démographique et ethnique, une multitude de religions et de croyances, même si l'Islam en représente la majorité écrasante. Bien que minoritaires, les autres communautés ont le droit de jouir de leur liberté de croyance, de conscience et de culte et leur citoyenneté doit primer sur leur appartenance idéologique ou religieuse.
Ainsi l'Islam, dans toute sa splendeur, est une religion souple, dynamique et pragmatique. Le fait de la figer dans sa version initiale et vouloir calquer la société musulmane de l'époque du début de l'Islam sur la vie sociale et le quotidien actuel des Tunisiens, ne lui rend nullement service.
Le public présent à l'émission a apporté sa contribution en votant et en exprimant son choix sur la séparation ou non de la religion et l'Etat.
Le verdict, en fin de l'émission est significatif avec près de 70% votant pour la séparation, donc pour le clan idéologique de Youssef Seddik, contre environ 30% de gens qui partagent l'avis du "Cheikh".
Même si l'échantillonnage était arbitraire, les Tunisiens semblent avoir largement fait le choix d'un Etat civil et de consacrer la liberté de culte pour tous, loin du pouvoir et de la politique.


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