Peut-on parler d'un secteur phare de l'économie nationale, tel que le tourisme, alors qu'une question épineuse, nommée endettement, persiste encore avec acuité ? Peut-on parler d'une pérennité en l'absence de solutions audacieuses et courageuses qui ne manqueront pas de faire mal à quelques uns ? Mais, qu'est ce que le mal et la colère de quelqu'un, souvent de mauvaise foi, mauvais payeur de surcroit, face à la destinée de tout un secteur ? L'endettement du secteur hôtelier est, désormais, une entrave au développement, voire à la pérennité de tout le secteur touristique. Or, cette question n'a jamais pu être résolue de manière radicale Le problème de l'endettement du secteur hôtelier a fait couler beaucoup d'encre, déjà sous l'ancien régime. Des années durant, on en parlait, on essayait de trouver des solutions, on créait des commissions. Mais hélas, sans résultats probants. Aujourd'hui, le secteur est face à une question insoluble. Toutes les tentatives ont échoué. On rappellera, et par l'aveu même de la profession sous l'ancien régime, que la question a été traitée avec beaucoup de frilosité. Ce qui, évidemment, avait largement contribué à aggraver la situation.
Beaucoup diront que le tourisme tunisien est aujourd'hui, loin de sa croissance à deux chiffres et de sa réputation d'être une locomotive de l'économie nationale. En effet, au cours des dernières années, le taux de croissance a baissé de 4,7%. Il est vrai aussi que la conjoncture économique, après le 14 janvier 2011, a enfoncé davantage le clou, pour le secteur hôtelier. Plusieurs promoteurs du secteur ayant mis la clé sous le paillasson, (154 sur l'ensemble des zones touristiques). Une situation appelée, probablement à s'aggraver. Car, le coût de la production se situe entre 15 et 20% alors que le coût de l'endettement ne cesse de s'élever.
D'autres évoqueront le manque de solidarité entre les professionnels. Néanmoins, ces mêmes professionnels, les vrais, en ont marre des mauvais payeurs et de la mauvaise foi qui nuisent clairement à l'image de la destination et à la qualité des prestations. En effet, l'enveloppe de l'endettement hôtelier s'élève à plus de 3000 MD dont 800 MD de dettes accrochées, portant, exclusivement, sur quelque 120 unités. Les défaillances sont multiples et lourdes en conséquences préjudiciables pour le secteur touristique et pour l'image de la destination. Il est aussi lourd sur le plan même de la rentabilité, alors que cette composante se situe parmi les priorités de la nouvelle feuille route du secteur touristique, basée sur la nécessité de présenter une offre à haute valeur ajoutée.
« Les vrais professionnels » de l'hôtellerie n'arrêtent pas de se poser des questions, dont la principale est : pourquoi devrait-on payer pour les mauvais? En tout état de cause, l'assainissement du secteur touristique est, aujourd'hui, une nécessité absolue. Le mal ne concerne plus uniquement un secteur vital pour l'économie nationale, qui emploie plus de 500 mille personnes directement, et fait vivre environ un million et demi de familles. Rien que pour l'histoire, on rappellera que parmi les réserves émises par le Fonds Monétaire Internationale (FMI), concernant l'octroi d'une facilité de caisse de l'ordre de 1,75 milliard de dollars, à la Tunisie, figurait, à juste titre, l'assainissement du secteur touristique qui n'a pas été engagé jusqu'à à ce jour d'ailleurs, alors qu'une proposition a été présentée par la Banque Mondiale, après avoir fait ses preuves en Malaisie, en Irlande, en Suède, en Corée…. Une proposition qui semble avoir trouvé le chemin de la concrétisation, après de longues années de négociations, avec toutes les parties concernées. En effet, un projet de loi est en cours de préparation Il sera, sous peu, présenté à l'Assemblée nationale constituante. Il s'agit d'un projet de loi portant création d'une Société de Gestion d'Actifs (AMC), qui sera gérée, contrairement, à toutes les rumeurs ayant circulé, par un collectif de Banques, selon des sources bien informées, au ministère du Tourisme, et non pas par un fonds étranger.
« Les pseudos professionnels», mauvais payeurs du reste, s'élèvent contre ce projet de loi, et partant, contre l'assainissement du secteur hôtelier, et le règlement définitif du lourd dossier de l'endettement. Ceux-là crient au scandale, aujourd'hui. Ils estiment qu'ils ont été piégés par les banques et crient, à qui veut bien les entendre, qu'ils sont des victimes. Mais, ces soit disant victimes, ne font que s'entêter à tourner le dos face à un projet de loi qui semble apporter une solution, à leurs dépens, certes mais qui peut sauver l'avenir de tout un secteur clé de l'économie. Et, vu l'importance du secteur et de son poids économique, quelques mécontents, minoritaires, ne changeraient rien. Car, si on les écoute, ils ne feraient, selon les experts dans le domaine, que continuer à tirer le secteur vers le bas, à pénaliser les véritables professionnels, à entraver leur volonté de s'approcher de la réalité des prix et surtout la volonté de réduire leur dépendance aux Tours Opérateurs (TO).
Il s'agirait, d'une minorité qui devrait placer l'intérêt national au dessus de l'intérêt personnel. Parce que de par l'évolution du secteur à l'échelle internationale, il n'est plus permis, aujourd'hui, de lésiner sur la qualité. Et, la sacro-sainte de toute destination, c'est de se démarquer par la qualité de ses services. L'AMC aura, donc, pour mission de racheter, auprès des banques, les créances douteuses à leur valeur économique et non commerciale. L'objectif étant de maximiser la valeur économique des hôtels, la création et la sauvegarde des emplois. Pour ce, l'AMC serait dotée de « supers pouvoirs », notamment celui de récupérer les hôtels des mauvais payeurs, et de nommer un administrateur provisoire, sans avoir à passer par un tribunal, en cas de mauvaise gestion. Plus encore, cette Société pourrait, également, procéder au changement de la vocation de l'unité hôtelière, une fois reprise.
Certes ce projet de loi suscite les inquiétudes des professionnels du secteur, dans le sens où ils estiment qu'il vise la restructuration du secteur bancaire plutôt que celui hôtelier. Ils ont peut-être raison. Mais l'enjeu vaut la chandelle surtout si l'on sait que l'avenir de près du sixième de la population est tributaire de la réussite de cette réforme structurelle.