Mon client, Abdelwaheb Abdallah, est en détention provisoire dans le cadre de l'affaire «Cactus », depuis le 10 mars 2011, donc depuis 25 mois. Il a largement dépassé la limite maximale autorisée de détention préventive, fixée par l'article 85 du code de procédure pénale à 14 mois pour les crimes. La cour de cassation, à juste titre, a décidé par deux fois la libération de mon client, pour cause de dépassement de la limite maximale de la détention préventive et donc pour atteinte à sa liberté. Cependant, le ministère public a, par deux fois, refusé d'ordonner sa libération en exécution de ces deux arrêts, rendus par la plus haute instance judiciaire. L'actuel ministre de la Justice, avocat et universitaire de métier, normalement supposé défenseur de la bonne application de la loi, a échoué dans le traitement du premier et plus important dossier qu'il a eu à traiter ; celui du respect des libertés fondamentales et du respect des jugements rendus. Il a pourtant insisté dans son discours de passation de pouvoir, le 18 mars 2013, sur la stricte application de la loi. Toutefois la réalité est autre. S'agit –il juste de bonnes paroles sans concrétisation ? Il y a lieu de s'interroger sur ce qu'il pourrait répondre dans quelques mois à ses étudiants à ce propos, lorsqu'il sera de retour à la faculté ? Comment peut-on demander au citoyen ordinaire de respecter la loi et de s'exécuter en respect des jugements, alors que l'Etat même refuse obstinément de le faire ? Bel exemple à suivre !!! Pour leur part les organisations de défense des droits de l'Homme omettent volontairement ou non de soulever la détention abusive de Abdelwaheb Abdallah; c'est le cas par excellence de la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme qui n'a accordé aucune attention au sort de mon client, ni d'ailleurs au sort des ex-ministres, dirigeants ou hommes d'affaires qui se trouvent dans la même situation de M. Abdallah, comme si la défense des droits de ces personnes est un tabou, ou bien comme si ces détenus ne sont pas des êtres humains et ne méritent aucune défense de leurs droits élémentaires ! Que dire de l'objectivité de la Ligue, lorsque son président est partie prenante personnellement dans une plainte déposée contre mon client ? Enfin, l'espoir demeure cette fois encore dans la cour de cassation qui traitera de nouveau cette affaire à travers les chambres réunies. En attendant, mon client demeure encore en détention arbitraire et abusive.