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Tunisie : La presse entre liberté, responsabilité et allégeance
Publié dans Business News le 03 - 05 - 2013

La liberté d'expression et de presse semble, de prime abord, ne concerner que les professionnels du domaine, à savoir les journalistes. Mais avec un regard approfondi, on constate qu'il s'agit en fait d'une liberté basique, élémentaire et cruciale qui touche tous les citoyens, qu'ils soient pro gouvernement ou de l'opposition, qu'ils soient de l'élite ou de la masse populaire, car il incombe à la presse de tresser les liens entre le pouvoir et le peuple, et les liens entre les citoyens eux-mêmes.
La presse est l'œil avec lequel le citoyen voit et l'oreille avec laquelle il entend. Les médias jouent, en effet, le rôle de canal de communication, et museler ces médias revient à étouffer la communication entre les individus.
A l'instar des pays du monde, la Tunisie fête le 3 mai, la journée mondiale de la liberté de la presse. L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a organisé à cette occasion une conférence à Tunis, intitulée : "Parler sans crainte: assurer la liberté d'expression dans tous les médias" avec la participation de plusieurs intervenants, concernés de près ou de loin par le monde la presse, à savoir des politiciens, des experts et responsables des médias, des diplomates et des journalistes. Déjà, avant même le démarrage de la conférence, les bruits du couloir commençaient à parler d'annonce imminente de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), en fin de journée. Peu à peu, l'information commençait à se confirmer par les intervenants.
Le gouvernement a été représenté par Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, de l'ANC, était présent Ahmed Mechergui, élu d'Ennahdha. Dans un premier panel intitulé: "Liberté d'expression: état des lieux en Tunisie deux ans après la révolution", les interventions ainsi que le débat ont porté essentiellement sur les rapports entre les autorités et les médias. Rachid Arhab, journaliste franco-algérien, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) jusqu'en janvier 2013, a assuré la modération.
Intervenant en premier, Samir Dilou a rappelé les circonstances délicates du pays, sur les plans politique, sécuritaire et économique. Il a affirmé, dans ce contexte, que la transition du pays ne peut se faire sans l'aide des médias, d'où la lourde responsabilité qui leur incombe. Tout en admettant les innombrables défaillances et dépassements enregistrés en matière de liberté d'expression, M. Dilou a expliqué qu'il s'agit d'un passage obligé, prévisible et normal après un passage brusque d'une dictature à une démocratie. "C'est comme donner trop d'oxygène à des poumons", a-t-il soutenu.
M. Dilou, tout en niant vouloir défendre le gouvernement ou son parti, a affirmé que les journalistes doivent être responsables notamment dans la lutte contre la violence, qu'elle soit physique, verbale ou morale.
Ahmed Mechergui, parlant au nom de l'ANC, a présenté d'une manière très philosophique, voire théâtrale les articles du brouillon de la Constitution, touchant la liberté de la presse. Il n'a pas manqué dans son intervention de pointer du doigt les journalistes qui représentent, selon lui, une "élite arrogante" et les a appelés à "un peu de modestie!".
De l'autre côté, celui des professionnels, directeurs et enseignants dans le domaine de la presse, on ne voyait pas du tout les choses de la même manière. Kamel Laâbidi, président de l'INRIC a vanté la valeur de la liberté d'expression qui reste l'un des acquis de la révolution des plus précieux. Il a par ailleurs énuméré plusieurs défaillances sur le plan pratique, dont la non application des décrets-lois 115 et 116, régissant la presse, une application qui tarde à venir. En outre, M. Laâbidi a dénoncé le manque de précision de l'énoncé des articles relatifs aux médias, dans le brouillon de la nouvelle Constitution. L'intention de créer une commission qui surveille la presse dans ce projet de constitution a également été relayée par plusieurs intervenants qui y voient une possibilité d'atteinte à la liberté des médias et ont mis en doute l'indépendance de cette commission.
Représentant la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ), Taïeb Zahar a expliqué qu'il y a eu beaucoup de temps perdu dans la réforme de la réglementation et des pratiques des médias libérés par la révolution, à cause de la tentation des détenteurs du pouvoir de vouloir contrôler le secteur, une tentation prévisible, selon lui. Cependant, M. Zahar a lancé un appel clair et précis au gouvernement, à l'ANC et aux autorités en général : "De grâce, levez vos mains de la presse, s'il vous plait!".
Laura Baeza, ambassadrice de l'Union Européenne à Tunis, est également intervenue pour rappeler l'élaboration récente du code de déontologie maghrébin, dont le coup d'envoi a été donné, rappelons le, le 31 janvier 2013, à l'issue d'un forum organisé à Hammamet en collaboration avec la FTDJ et l'ambassade de l'UE. Cependant, dans l'attente de l'application de ce code et des décrets-lois régissant la presse, Mme Baeza a affirmé : "Il ne tient qu'à vous, journalistes, éditeurs et directeurs de médias de montrer l'exemple en vous assurant de fournir un travail crédible et de qualité".
Taoufik Mjaïed, journaliste tunisien travaillant à France 24, également présent, a apporté son témoignage par rapport au respect de la déontologie en France, mettant en valeur l'importance de la liberté du journaliste, quant au choix des invités sur son plateau par exemple. Notre collègue a, également, mis l'accent sur la différenciation entre la responsabilité du journaliste et l'allégeance à un pouvoir en place.
Ainsi certains pensent que le journaliste est passé de l'image du serviteur fidèle de l'ancienne dictature à l'enfant terrible, capricieux et indiscipliné qui "ne voit que la moitié vide du verre" et qui "ternit l'image du pays" aux yeux des étrangers donc aux yeux d'éventuels investisseurs et touristes.
Certains pensent que le journaliste bénéficie probablement de trop de liberté. Mais, un constat s'impose : le journaliste tunisien devient, aussi paradoxalement que cela puise paraître, menacé de subir des poursuites judiciaires, des agressions, des intimidations et même des menaces de mort. Les exemples du genre ne manquent pas!
Le monde de la presse a désormais besoin de mettre les pendules à l'heure et de préciser les droits et obligations des journalistes, transcrits dans le code de déontologie et la Constitution. Si les professionnels du monde de la communication et de la presse ne se mobilisent pas, on risque de perdre, de nouveau, ce brin de liberté.
C'est au journaliste de préserver cette liberté d'expression fraîchement acquise et très chèrement payée, mais c'est également à l'Etat d'avancer en matière d'élaboration et d'application de la réglementation régissant le secteur. Car cette réglementation représente un garde-fou qui, certes, limite le champ d'action du journaliste, mais qui, par la même occasion, garantit ses droits et sa liberté de penser et de s'exprimer en toute responsabilité.


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