Une table ronde a été organisée, mercredi 12 mars 2014, à la Maison de l'entreprise, par le Centre tunisien de veille et intelligence économique (CTVIE) relevant de l'IACE, sur le thème : «Partenariat Public-Privé (PPP) et relance de l'investissement en Tunisie : opportunités et contraintes». Ce débat intervient quelques jours avant la reprise des discussions au sein de la Commission des finances, de planification et du développement relevant de l'Assemblée nationale constituante, concernant un projet de loi qui encadrera ce genre de partenariats PPP. Tous les intervenants étaient d'accord sur l'importance de recourir aux PPP qui représentent des facteurs et outils de relance économique. Par contre, les avis divergent quant à la manière de les installer : le type de réglementation à mettre en place, les projets concernés, etc. Ainsi, la députée Lobna Jribi, rapporteur de la Commission des finances, de planification et du développement, a expliqué que les députés étaient bien conscients des apports de ce partenariat en étudiant ce projet mais que deux craintes ont été émises. La première relève de l'impact de ce type de projet sur le citoyen et la seconde sur la gouvernance, la malversation, notamment avec le passif de la Tunisie et les failles qui subsistent dans le projet de loi. Elle a précisé que les élus ont renvoyé ce projet au ministère de la Gouvernance justement pour y remédier et que ce dernier a émis un ensemble de recommandations et d'amendements, qui seront justement étudiés par la commission. Mme Jribi a proposé qu'on commence ce genre de partenariat PPP dans des projets pilotes, dans des secteurs où il y a plus de chances de réussir, notamment, dans celui des TIC, un secteur à très forte rentabilité. Pour leur part, les représentant de la Société financière internationale (IFC) et de la Banque africaine de développement (BAD) ont souligné l'importance que l'Etat soit entouré de conseillers compétents pour l'aider à faire les meilleurs choix. Ces institutions sont prêtes à jouer ce rôle important dans un tel partenariat. Ainsi, des études ont démontré que les PPP, qui permettent de transférer une partie des risques au secteur privé, ont seulement 6% d'échec. Ces risques ne sont cependant pas évalués pour le service public car plusieurs facteurs doivent être pris en compte, non seulement le coût du projet mais également la qualité du service, la subvention de l'Etat, le coût pour le consommateur final, le temps gagné ou perdu, etc. Le président d'Al Moubadara, Kamel Morjane, bien qu'il ait salué ce projet, a estimé qu'il n'était pas complet et que plusieurs aspects peuvent être améliorés. Pour lui, le service public doit définir ses besoins en fonction de ces objectifs. Il faut, aussi, que le cadre juridique soit clair tout en laissant au secteur privé une marge de manœuvre, pour un partenariat win-win transparent. La Tunisie devra également choisir une politique de développement qui permet de rassurer les investisseurs. Pour le porte- parole du Front populaire, Hamma Hammami, il y a trop de bricolage légal et économique dans le pays. Selon lui, il est primordial de déterminer un modèle de développement sur-mesure pour les besoins de la Tunisie, tout en déterminant le rôle exact de l'Etat et du secteur privé ainsi qu'une véritable stratégie. Il s'est dit également pour la révision du modèle public tunisien dénonçant le chômage déguisé dans plusieurs administrations publiques. Le ministre de l'Equipement, de l'Aménagement du territoire et du Développement durable, Hédi Larbi, a expliqué que la Tunisie a besoin de créer 115.000 emplois par an pour résorber le chômage et que dans cette quête, le secteur public a les mains liées et un budget limité. Il explique que, compte tenu de la taille du marché, il faudrait tripler les exportations pour créer autant d'emplois. Ce qui est impossible et oblige donc l'Etat à se tourner vers le secteur privé. L'Etat devra, ainsi, jouer le rôle de régulateur et créer un environnement favorable à l'investissement.