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Rached Ghannouchi coupe l'herbe sous le pied de Moncef Marzouki
Publié dans Business News le 17 - 12 - 2014

La position du parti Ennahdha dans la course présidentielle entre Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi a soulevé plusieurs questions. C'est le président du parti qui s'est coltiné la tache de clarifier la position d'Ennahdha au cours d'une longue interview diffusée hier, 16 décembre sur Nessma TV et une deuxième sur Mosaïque FM aujourd'hui. Il a délivra plusieurs messages à l'attention des deux candidats. Décryptage.
Les interventions médiatiques du chef du parti Ennahdha étaient placées sous le signe de l'apaisement et de la neutralité. En effet, Rached Ghannouchi a tenu à préciser davantage la position officielle de son parti en répétant que : « Ennahdha n'a pas de candidat et n'en soutient aucun. Le parti n'a pas de véto à l'encontre de l'un des deux candidats ». Conscient que la position officielle du parti, réaffirmée lors de la dernière réunion du conseil de la Choura, peut paraître floue, le chef islamiste a déclaré que si son parti avait un candidat, il n'hésiterait pas à le soutenir publiquement.
Par ailleurs, Rached Ghannouchi a expliqué qu'Ennahdha a décidé de ne pas s'engager dans la course présidentielle pour ne pas aggraver la bipolarité de la scène politique tunisienne. Il a aussi justifié ce choix par le fait que le parti avait constaté ce qu'impliquait l'entrée des islamistes dans la course présidentielle dans d'autres pays. Sans le dire clairement, Rached Ghannouchi fait allusion à ce qui s'est passé en Egypte et au fait que Mohamed Morsi avait été renversé par le général Sissi. Il a également ajouté que « si Ennahdha entrait dans une bataille, celle-ci serait ardue », comme pour rappeler le poids d'Ennahdha d'un côté et pour dire que la bataille actuelle se fait sans son parti.
Cette position de neutralité affichée par Ennahdha a été vivement remise en cause par les résultats du premier tour de la présidentielle. En effet, plusieurs analystes ont établi une corrélation entre le million de voix récoltées par Moncef Marzouki et l'électorat d'Ennahdha. Il était devenu clair qu'une grande majorité de cet électorat avait voté en faveur de Moncef Marzouki surtout lorsqu'on sait que le parti présidentiel, le CPR, n'a récolté que quatre sièges aux élections législatives. Par conséquent, beaucoup ont supposé l'existence de consignes secrètes de la part du parti islamiste pour un vote massif en faveur de Moncef Marzouki.
Rached Ghannouchi a répondu sur ce point en niant, d'abord, l'existence de consignes secrètes en assurant que l'unique position du parti est celle qui est officiellement déclarée. Par ailleurs, le chef du parti Ennahdha a expliqué que l'un des candidats, faisant allusion à Moncef Marzouki, a réussi à attirer les électeurs d'Ennahdha par son discours alors que l'autre, à savoir Béji Caïd Essebsi, n'a pas réussi à le faire. M. Ghannouchi explique l'échec de BCE à profiter de l'électorat d'Ennahdha par l'attitude et les déclarations de certains dirigeants de Nidaa Tounes. Selon lui, ces dirigeants auraient continué à dire à l'électorat nahdhaoui qu'il « ne leur ressemblait pas » et que « Ennahdha ne ferait pas partie du prochain gouvernement », dans un clin d'œil à Taïeb Baccouche.
Questionné sur la mobilisation d'observateurs d'Ennahdha lors de l'élection présidentielle, Rached Ghannouchi a rétorqué que les observateurs du parti sont à la disposition de celui qui les demande car il va de l'intérêt de la Tunisie d'avoir un processus électoral transparent. Ainsi, le chef islamiste a expliqué que les observateurs d'Ennahdha s'étaient mobilisés à la demande du CPR et de Moncef Marzouki mais pas seulement. Ces observateurs ont également été sollicités par d'autres candidats dont l'indépendant Mohamed Frikha.
Dans ses interventions, Rached Ghannouchi a également adressé des piques à son allié d'hier, Moncef Marzouki. Il a tenu, d'abord, à dissiper tout doute sur une éventuelle alliance héritée du passé en précisant que la troïka et ses alliances sont finies depuis le jour où le gouvernement d'Ennahdha a quitté le pouvoir. Ensuite, Rached Ghannouchi a déclaré qu'il n'avait pas peur du retour de la tyrannie en Tunisie. Ainsi, il a expliqué que l'existence de plusieurs partis politiques et d'une société civile puissante et active ne permettrait pas le retour d'une quelconque forme de dictature. Il a également affirmé que le peuple tunisien n'accepterait plus d'être tyrannisé et qu'il ne voudrait pas de médias soumis à la solde du pouvoir. Par ses déclarations, Rached Ghannouchi torpille l'un des arguments phares de la campagne de Moncef Marzouki qui n'a cessé de brandir la menace du retour de la tyrannie pour tenter de s'attirer une certaine sympathie.
Le président du parti Ennahdha a également mis à mal un autre argument de campagne du président de la République. Moncef Marzouki a bâti une partie de sa campagne sur l'idée de l'hégémonie d'un seul parti sur trois pouvoirs différents : la présidence de l'Assemblée, la présidence du gouvernement et celle de la République. Il n'a cessé d'expliquer que le fait que ces trois présidences soient aux mains d'un seul parti pouvait constituer une menace pour la démocratie. Rached Gannouchi, pour sa part, a expliqué que l'expérience de la troïka avait été compliquée en partie à cause de ce qu'il a appelé «la gestion multiple ». Selon lui, la gestion de la multitude, à savoir le partage de pouvoirs entre différentes obédiences politiques, était possible mais difficile. Il a pris pour exemple l'affaire Baghdadi Mahmoudi pendant laquelle le gouvernement et le président de la République n'étaient pas sur la même longueur d'ondes en pointant les difficultés qu'une telle situation peut engendrer. Quand on sait que le président à ce moment là était Moncef Marzouki et qu'il avait des relations globalement bonnes avec Ennahdha qui était à la tête du gouvernement, le message de Rached Ghannouchi sur les éventuelles difficultés futures parait clair. Il a ajouté également que la conjoncture selon laquelle un président peut gouverner sans avoir de majorité parlementaire était problématique même dans les démocraties les plus avancées, alors que dire de cette situation dans une démocratie en construction comme celle de la Tunisie.
Dernier coup de massue au discours de Moncef Marzouki : la nécessité de respecter les résultats officiels des élections par le candidat perdant. Il faut rappeler ici que Moncef Marzouki avait déclaré que son adversaire ne pourrait le battre qu'en utilisant la fraude et la falsification. Rached Ghannouchi a tenu à remettre les choses en place en disant que l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) avait été mise en place pour, justement, dissiper tous les doutes sur la transparence du scrutin. Il a aussi appelé le candidat perdant à respecter les résultats qui seront annoncés par l'ISIE.
Les apparitions médiatiques de Rached Ghannouchi ont été saluées par plusieurs observateurs et même par des membres et des dirigeants de Nidaa Tounes. Ils y ont trouvé un discours mesuré, responsable et apaisant à trois jours de l'élection présidentielle. Les plus grands défis se poseront juste après l'installation du nouveau pouvoir et comme l'a dit et répété Rached Ghannouchi : « Le monde ne finira pas dimanche ! ».
Marouen Achouri
Pour voir l'intégralité de l'interview sur Nessma TV cliquer ici


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