Donald Trump est donc entré à la Maison Blanche. Il y a un an, à peine, la majorité des experts se moquaient de sa candidature et n'osaient pas parier un dollar sur son élection. Maintenant qu'il est là, que vont-ils faire, que va-t-il se passer ? Vendredi dernier, jour de l'investiture du nouveau président américain, il y a eu de chaudes manifestations partout aux Etats-Unis pour protester contre l'entrée de ce « misogyne et macho » à la Maison Blanche. Le lendemain, samedi, c'était partout dans le monde que l'on a observé des marches de colère. Et après ? Et après, rien ! C'est ça la démocratie. Que les « blessés des élections » manifestent, que les « zéro virgule » cassent des vitrines et brûlent des pneus autant qu'ils le veulent, Donald Trump sera là pour quatre ans. Les Américains sont en train de déguster ce que les Tunisiens ont avalé en 2011. Nous avons eu Marzouki, ils auront Trump. Les Britanniques, après le Brexit, ont eu droit à un autre « fou », Boris Johnson, qui a pris le portefeuille des Affaires étrangères. Plus on est de fous, plus on rit, alors rions et que « l'anti-système » fasse ses preuves ! L'entrée de Trump à la Maison Blanche inaugure une nouvelle ère. Ce nouveau cycle mettra fin à un système ayant montré ses limites. En dépit de tout ce qu'on peut dire contre lui, Donald Trump peut réussir et prendre à contre-pied la « bien-pensance » de l'élite. Quel serait l'impact positif sur la Tunisie ? S'il réussit sa promesse de mettre George Soros sur le carreau et d'éliminer l'islam politique du paysage, ce sera pour nous un grand pas en avant. C'est loin d'être gagné…
Samedi dernier, c'était la grand-messe annuelle de Sigma. Hassen Zargouni y a présenté les principaux chiffres du paysage économico-socialo-médiatico-politique de la Tunisie. Cette conférence annuelle est le véritable tableau de bord du pays. Le statisticien présente les chiffres en brut et aux différents acteurs, ensuite, de les analyser et de leur donner l'orientation qu'ils désirent. Sur le plan politique, on apprend que parmi les personnalités les plus populaires en Tunisie, figurent encore Moncef Marzouki et Hachemi El Hamdi. A ce duo de « zinzins », s'ajoutent Safi Saïd et Slim Riahi. Comme quoi, on n'est pas sorti de l'auberge. Pour gagner des points, vous avez des politiques qui jouent sur la fibre régionaliste, la fibre religieuse, la fibre nationaliste et la fibre sportive. Que faire face à ce populisme ambiant ? Nidaa est disloqué et ne cesse de laver son linge sale en public. Les ministres du gouvernement d'Union nationale se débattent et ne savent plus quoi et comment faire devant l'ampleur de la mission. Soit ils sont trop petits pour le portefeuille, soit le morceau est très grand. Ou les deux. Le fait est là, nous avons droit à des personnes incapables de diriger une PME qui bénéficient d'une grosse popularité grâce à l'image positive qu'ils dégagent dans les médias et le mépris que leur oppose l'intelligentsia bien-pensante. C'est exactement comme ça qu'a gagné Donald Trump.
Sur le plan social, M. Zargouni présente les chiffres des dépenses individuelles par an, selon la région. On apprend que le résident du Grand-Tunis est celui qui dépense le plus avec 5312 dinars par an (soit 442 dinars par mois) alors que le résident du Centre-Ouest est celui qui dépense le moins avec 2466 dinars (soit 205 dinars par mois). C'est à Tunis qu'on dépense le plus avec une moyenne de 5810 dinars par an (484 dinars par mois) et c'est à Kairouan qu'on dépense le moins avec 2269 dinars par an (189 dinars par mois). Quant à la moyenne nationale, elle est de 3812 dinars par an (soit 318 dinars par mois et par individu). Maintenant que l'on a connu le montant moyen que dépense le Tunisien, aux entreprises d'adapter leur politique commerciale pour le cibler. Ces montants permettent de relativiser la perception qu'ont certains du coût de la vie et des besoins. Un célibataire qui vit à Tunis et gagne un salaire supérieur de 484 dinars est un célibataire qui dépense déjà plus que la moyenne. Pareil pour un célibataire de Sidi Bouzid qui gagne plus de 205 dinars par mois. Pour une famille de quatre personnes (deux adultes et deux mineurs à charge) vivant à Tunis, il suffit que les deux parents travaillent et que chacun d'eux gagne 968 dinars pour atteindre la moyenne de la ville et de gagner 636 dinars pour atteindre la moyenne nationale. Montants ridicules, diriez-vous ? Oui, peut-être, mais cela dépend d'où l'on se positionne et ce que l'on cherche. Mais savoir, avec ce tableau de bord, que l'on n'est pas si mal loti avec son salaire aide à relativiser sa situation. Pour ceux qui n'atteignent pas ce montant, ce tableau de bord est là pour avoir un objectif à atteindre. Une chose est certaine, c'est que la multiplication des grèves, des congés, des week-ends de deux jours et demi, de la séance unique et des vacances prolongées au ramadan et aux aïds ne vont pas du tout aider à améliorer sa situation.
Mardi dernier, le parlement a rejeté la création d'une commission d'enquête sur les soupçons de malversation à l'Instance Vérité et Dignité. La chose a été applaudie par ceux-là mêmes qui prétendent, matin, midi et soir, vouloir lutter contre la corruption. Il s'agit pourtant de simples suspicions et d'une simple enquête. Mais si c'est le parlement qui décide… A ce même parlement, et en ce même mardi, on a ouvert la porte à une prétendue société civile pour assister et participer aux débats de commission de réforme de la Loi 52 relative à la consommation de stupéfiants. Une société civile tunisienne composée essentiellement de salariés d'ONG étrangères. Ce sont les mêmes qui prétendent, matin, midi et soir, lutter contre l'ingérence étrangère, l'indépendance de la décision nationale et tout le tintouin. En théorie, le parlement est la plus haute instance de l'Etat. C'est là que se prennent les décisions qui engagent tout le pays. Je me limite au simple constat de cette hypocrisie à la tête même de l'Etat et des hommes politiques qui décident de notre sort. Entre ce qu'ils disent devant les médias et ce qu'ils font au sein de leur assemblée, il y a un large gap. Cette hypocrisie entre la parole et les faits ne passe pas et explique le manque de confiance qu'ont les citoyens à la classe politique toute entière. C'est cette hypocrisie qui ouvre une autoroute devant les politiques populistes, pas moins hypocrites et menteurs, cités plus haut et classés parmi les plus appréciés par les Tunisiens.