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Que reste-t-il de la pensée d'Ahmed Brahim ?
Publié dans Business News le 12 - 04 - 2017

Nous n'oublierons pas Ahmed Brahim, l'intègre ! Son décès a laissé plus d'un orphelin mais l'imminence de sa pensée restera gravée dans la mémoire de ceux qu'il a influencés. Le père de famille, professeur, linguiste, syndicaliste, universitaire, ministre, député, défenseur de la cause palestinienne… était « extrémiste dans ses rêves et droit dans son comportement » comme l'avait décrit l'un de ses amis proches lors de ses funérailles nationales un certain jeudi 14 avril 2016. Une année est passée, qu'en est-il alors de cette pensée au sein de la gauche tunisienne ?

C'était l'adepte d'un Etat démocratique moderne et laïque et un défenseur invétéré de la culture sous tous ses aspects. Il était responsable, fédérateur, pragmatique, patriote et progressiste. Ahmed Brahim, le leader emblématique du parti Al Massar, était également le combattant de la première heure et menait ses combats contre le despotisme et la dictature avec une grande énergie. Une force tranquille qui mérite tous les superlatifs mais que la maladie n'a pas épargnée. Le mois d'avril 2016 l'a emporté presque simultanément, avec le poète idolâtré Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed et le secrétaire général du parti du Travail patriote démocrate, Abderrazak Hammami.

En homme éclectique, Ahmed Brahim avait occupé de multiples postes. Directeur de la rédaction de l'hebdomadaire du parti, Attariq Al Jadid, secrétaire du mouvement Ettajdid, professeur de français à l'université de Tunis, ministre de l'Enseignement supérieur dans le gouvernement de Mohamed Ghannouchi, Ahmed Brahim foisonnait. Il était un fervent défenseur de la démocratie plurielle et un opposant historique à la politique de Zine El Abidine Ben Ali. Le 23 octobre 2011, il devenait membre de l'Assemblée nationale constituante dans la circonscription de Tunis 2, puis en 2012, il prenait la tête d'un nouveau parti : Al Massar. Deux ans plus tard, dans un geste de désintéressement et comme pour prouver que la politique n'est pas un butin, il décide de quitter ses fonctions pour céder sa place à son disciple et actuel ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques dans le gouvernement d'union nationale, Samir Taïeb.
Son parcours d'universitaire est aussi riche que sa philosophie de vie. Il avait dirigé des dizaines de thèses de doctorat et de mémoires de master. En homme qui aime transmettre, Ahmed Brahim a également assumé des responsabilités au sein du conseil scientifique de la Faculté des Lettres de La Manouba ainsi que dans d'autres instances académiques. En hommage à son apport et pour sacraliser son héritage, le doyen Habib Kazdaghli, avait décidé le 26 mai 2016 de donner son nom à une des classes de la faculté de La Manouba. Vif d'esprit et intrépide, il avait également publié de nombreux ouvrages, études et articles en linguistique française, arabe et générale ainsi qu'en linguistique comparée.

Jeudi 14 avril 2016, après un combat mené contre la maladie, Ahmed Brahim rend l'âme. Le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, demande à ce qu'il soit enterré au carré des leaders nationaux au cimetière el Djellaz. Des funérailles nationales d'envergure sont organisées en présence de très nombreuses personnalités de la scène politique et médiatique tunisienne. Près de 5000 personnes, toutes mouvances confondues, se sont rassemblées autour de l'homme qui a lutté jusqu'au dernier souffle pour un avenir radieux de la Tunisie. « J'ai perdu aujourd'hui un ami, un frère et la Tunisie a perdu un véritable militant qui a consacré sa vie aux causes de son pays et aux principes de justice, de liberté et de dignité ! » avait déclaré le président de la République dans un élan d'émotion.
Alors, un an plus tard, qu'en est-il de l'héritage du visionnaire qui ne cessait de marteler : « La Patrie avant les partis » ? Qu'en pensent les boulets de la politique tunisienne obnubilés par le pouvoir et qui, aujourd'hui, sont révulsés même par leurs propres militants? Où en est-on de sa dernière volonté d' « unir les partis démocrates afin d'affronter l'omnipotence d'Ennahdha et éviter ainsi le scénario des élections d'octobre 2011 » ?

En faisant un état des lieux de la gauche tunisienne, on constate que la pensée Brahimienne ne s'est pas perpétuée. La gauche, aujourd'hui empêtrée dans les divisions et les clashs de leaderships, est bien loin de l'union tant espérée par Ahmed Brahim. La coalition de gauche formée par le Front populaire, dont le porte-parole est Hamma Hammami, est fragile. Cette gauche qui a pour unique crédo l'opposition au pouvoir en place n'a pas apporté de réelle valeur ajoutée à la politique tunisienne. Hamma Hammami, aussi porte-parole du Parti des travailleurs, a toujours refusé de faire partie de l'accord de Carthage et du gouvernement d'union nationale formé par Youssef Chahed. Il semble être l'éternel septique dogmatique. D'ailleurs, le torchon a souvent brulé entre lui et Mongi Rahoui, le membre du bureau politique d'Al Watad. On aurait pu penser qu'après le lâche assassinat en plein jour de Chokri Belaïd, secrétaire général d'Al Watad, l'heure était à l'union. Ce n'était pas du tout le cas.
La vague d'assassinats qui a touché le mouvement de gauche n'a pas non plus épargné le mouvement El Chaab dont le leader Mohamed Brahmi a également été lâchement abattu en plein jour. Quant au pôle démocratique moderniste, Al Qotb, il œuvre encore en faveur d'une politique saine et progressiste mais il ne faillit pas non plus à la devise de gauche qui est celle de l'opposition constante au pouvoir en place. Le Parti socialiste dont le secrétaire général, Mohamed Kilani, a décidé dernièrement de rejoindre le Front du Salut et du Progrès pour contrecarrer l'opportunisme politique ambiant, a également maintenu le dogme gauchiste en s'opposant au pouvoir en place.
Al Massar, fondé par le visionnaire est resté fidèle à sa pensée. Ce parti, demeure, jusqu'à présent le parti de gauche le moins doctrinaire de la scène politique actuel et cela dans la lignée de la pensée du défunt. D'ailleurs, samedi 15 avril 2017 un évènement culturel et politique lui rendant hommage a été organisé.

Le dénigrement perpétuel et le déni de la diversité et de la différence prouvent que les mouvements de gauche n'ont pas réussi à se rassembler autour d'un projet progressiste digne de la Tunisie. Un projet autre que celui de s'opposer incessamment au gouvernement actuel. La gauche tunisienne a oublié de s'inspirer de Ahmed Brahim qui est pourtant un bel exemple de probité politique. Réussira-t-on à resserrer les rangs et à faire les bons calculs politiques en faveur des prochaines élections municipales? L'échéance est courte et, pour l'instant, rien ne présage un tel scénario...


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