« Pour sa santé, il faut manger au moins cinq et fruits et légumes par jour », recommandent souvent les nutritionnistes. Avec la hausse fulgurante des prix, constatée ces derniers jours dans les rayons frais et légumes, cette bonne habitude risque de devenir un peu compliquée pour une large frange de la population. Retour sur les causes de cette augmentation vertigineuse des prix de ces produits basiques… Les prix des légumes ont fortement augmenté ces derniers jours. Il s'agit d'un constat général qui inquiète les consommateurs à la bourse faible et même moyenne. Surtout si l'on sait que les produits alimentaires frais font partie des 30% des dépenses du Tunisien, d'après le dernier baromètre politique et économique établi par Sigma Conseil. Ainsi cette hausse des prix impacte directement le pouvoir d'achat du citoyen. Cette dégradation considérable du niveau de vie, entraîne, inéluctablement et logiquement, une sorte de frustration chez le Tunisien et contribue à l'ancrage d'un sentiment de lassitude et de manque de confiance en l'Etat et ses institutions.
La question qui se pose alors est de savoir quelles sont les causes de cette hausse des prix dont personne ne prévoyait l'ampleur, il y a à peine six ans ? Une interrogation tout à fait légitime, à laquelle le président directeur général de la société tunisienne des marchés de gros de Bir el Kassâa, Fathi Fadhli, a tenté d'y apporter quelques éléments de réponses. Il est bon de préciser que l'augmentation des prix a, essentiellement, touché les pommes de terre et les tomates. Deux produits phares du panier ordinaire du consommateur. Ceci a été justifié, selon M. Fadhli, par la diminution des espaces de production, due principalement à la sécheresse et au manque d'eau au cours de cette dernière année. « Concernant les tomates, une grande partie de la production, se trouvant principalement à Kasserine, a été endommagée lors des dernières pluies accompagnées par de la grêle. Un phénomène préjudiciable et fort nuisible pour ce produit frais ! Pour ce qui est des pommes de terre, tout le monde sait qu'elles sont conservées en stock. Et malgré cela, les autorités de tutelle envisagent l'importation d'une partie de notre consommation à partir de la Libye voisine, à des prix inférieurs aux nôtres », affirme en substance le même responsable. Cependant, outre les causes objectives il est, également, question de raisons subjectives, notamment, l'existence de circuits parallèles qui exportent ce produit d'une manière illicite. Ces activités entraînent, à n'en point douter, l'augmentation faramineuse des prix. « Il faut les intégrer dans le circuit légal et augmenter l'offre sur le marché » a-t-il proposé.
Pour sa part, le directeur général de l'Institut National de la Consommation (INC), Tarek Ben Jazia, a estimé que « les chiffres confirment une augmentation anormale des prix. Une augmentation étroitement liée à une accumulation et une association de plusieurs facteurs structurels et spécifiques à la période » a-t-il dit. Il ajoute que « les facteurs structurels sont liés à la production agricole qui ne couvre pas la demande. Aussi la consommation de légumes par personne a nettement augmenté alors que l'offre n'a pas suivi comme il se doit. Il y a lieu de souligner que depuis les années 2000, la consommation de légumes par personne est passée de 67Kg à 80Kg par an. De même que pour les fruits dans le sens où elle est passée de 50 à 70 Kg. En ces mêmes moments, et outre la rareté des eaux, les espaces dédiés à la production de légumes sont en diminution ». Pour ce qui est du marché du gros, M. Ben Jazia a expliqué qu'il revient moins cher pour les producteurs de vendre directement leur produits à partir du lieu de production que de rajouter 2 ou 3% entre transport et accès au marché.
La situation étant ce qu'elle est, les observateurs estiment que les autorités concernées sont appelées à intervenir énergiquement pour réguler le marché et sanctionner sévèrement les spéculateurs qui ont pris l'habitude de profiter des malheurs de leurs concitoyens pour s'enrichir illicitement En intervenant par des importations contrôlées et par une maîtrise des circuits de distribution, l'Etat est en mesure d'obtenir des résultats satisfaisants au grand bonheur des honnêtes gens et des « pauvres » consommateurs, devenus les éternelles victimes des prédateurs du marché où la loi de la jungle est difficile à endiguer.