L'instabilité politique a des répercussions immédiates sur l'économie du pays. Les tractations de Carthage ne sont pas passées inaperçues et la sentence de Fitch Ratings est tombée aussitôt : l'agence change donc les perspectives de la note tunisienne. En effet, Fitch Ratings a révisé les perspectives sur la note de défaut de l'émetteur à long terme en devises étrangères (IDR) à Négatif par rapport à Stable et a confirmé l'IDR à "B +".
Dans une note datée du dimanche 27 mai 2018, l'agence de notation motive cette décision par le fait que «la note de la Tunisie est alourdie par une forte croissance de la dette publique et extérieure, reflétée par de larges déficits jumeaux, une croissance économique modérée et un élan de la réforme atone dans un contexte de tensions sociales et politiques». Et d'ajouter : «La révision des perspectives à négatif reflète une augmentation des pressions sur les finances extérieures et de la forte incertitude entourant la capacité du gouvernement à mettre en place les politiques nécessaires pour réduire les déséquilibres macroéconomiques au milieu du mécontentement social, les tensions politiques et l'agenda électoral chargé. La lenteur des réformes fiscales impopulaires et la pression continue des salaires entraîneront un déficit persistant entre l'épargne et l'investissement. Les chocs externes et budgétaires exacerbent la vulnérabilité de l'économie aux chocs exogènes. Le rebond des cours du pétrole et le resserrement des conditions de financement en dollars américains sur les marchés internationaux augmentent les risques de dégradation des finances publiques et des finances extérieures de la Tunisie».
Fitch Ratings met en relief certains chiffres clés de l'économie, notamment une inflation record non atteinte depuis 26 ans et réserves de change de 72 jours d'importations en mai 2018 contre 111 jours fin 2016 et 93 jours fin 2017. L'agence s'attend à ce que le déficit courant se situe en moyenne à 9,5% et que la dette extérieure nette atteindra 75,6% du PIB en 2019, soit presque le double de son niveau il y a cinq ans. Elle prévoit aussi que la croissance du PIB va augmenter graduellement pour atteindre en moyenne 2,7% en 2018-2019.