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Vérités et mensonges sur Nessma et Nabil Karoui
Publié dans Business News le 30 - 09 - 2019

Qu'est-ce qui n'a pas été dit sur Nabil Karoui et sa chaîne Nessma ces dernières années. De mafieux à blanchisseur d'argent et de voyou à évadé fiscal, il y en a eu des tonnes. Qu'en est-il vraiment ?

Il est des choses qui paraissent si évidentes pour un financier ou un homme d'affaires qu'il ne prend même pas la peine de s'y attarder. Erreur. Car ces questions si évidentes pour les avertis de la chose de la finance ne le sont pas du tout pour le commun des mortels, surtout quand il y a des marionnettistes aux intentions douteuses pour fumer sur les braises après avoir allumé le feu.
L'histoire en question commence en 2016 avec une plainte de l'ONG I Watch, antenne tunisienne de Transparency International. Antenne essentiellement financée, pour 2019, par l'Union européenne et le magnat George Soros dont la tête est mise à prix dans plusieurs pays. La plainte en question, si on reprend les propos des dirigeants d'I Watch de l'époque, accuse Nabil Karoui et sa chaîne Nessma TV de blanchiment d'argent et d'évasion fiscale. Des photos sont montrées avec plein de dossiers accompagnant ladite plainte.
Trois ans après, et alors que Nabil Karoui apparait comme favori dans les sondages de la présidentielle 2019, les forces de l'ordre font une descente pour saisir le matériel de Nessma et lui couper l'antenne au prétexte de non-conformité avec la réglementation tunisienne en vigueur et aux sommations de la Haute autorité indépendante pour la communication audio-visuelle (Haica). La chaîne reprend l'antenne, cependant, après avoir tenté, sans succès, de résoudre son problème avec le gendarme de l'audiovisuel.
Quelques semaines plus tard, c'est à l'Assemblée que l'on débat une loi confectionnée sur mesure pour barrer la route au candidat Nabil Karoui. Le projet tombe à l'eau après le refus de signer du président défunt Béji Caïd Essebsi, notoirement proche de M. Karoui. Le chef du gouvernement, et candidat à la présidentielle lui aussi, Youssef Chahed ravale son caquet.
Entre-temps, une commission rogatoire a été ouverte sur la base de la plainte d'I Watch le juge d'instruction suit le dossier. Il a convoqué à plusieurs reprises Nabil Karoui et l'a toujours laissé en liberté. Par précaution (sous pression parait-il, disent certains qui n'hésitent pas à mettre en doute l'indépendance du juge), il a gelé les avoirs de Nabil Karoui et lui a interdit le voyage, ainsi qu'à son frère et associé Ghazi Karoui.
Moins d'un mois après le décès de Béji Caïd Essebsi, une chambre d'été saisie par Nabil Karoui, surprend tout le monde avec l'émission d'un mandat de dépôt et l'arrestation immédiate du candidat à la présidentielle. D'habitude, pourtant, les décisions judiciaires se prennent en faveur des prévenus et jamais contre eux quand ce sont eux-mêmes qui saisissent la justice.
Depuis, pas un jour, tout au long de ces cinq semaines de captivité, la polémique n'a cessé.

Quand on voit de plus près, et qu'on consulte les dossiers, les choses deviennent plus claires dès lors qu'on voudrait bien les voir avec détachement et sans parti-pris.
La première chose est que I Watch n'a jamais déposé de plainte, contrairement à ce qu'elle dit. Elle a juste fait un signalement et c'est le procureur qui s'est saisi seul de l'affaire, comme la loi l'y autorise et comme cela doit se faire d'ailleurs. Il y a donc tromperie, ce qui n'est pas étonnant de la part de cette organisation comme l'a montré Business News dans une enquête publiée l'année dernière.
L'accusation de blanchiment d'argent, via des sociétés écran basées au Luxembourg, ferait rire n'importe quel financier et homme d'affaires. Car le Luxembourg se trouve en Europe et est membre de l'Union européenne. Ce n'est ni un paradis fiscal, ni le Panama pour permettre des flux d'argent à l'origine inconnue. Les autorités judiciaires luxembourgeoises ont d'ailleurs été officiellement contactées par leurs homologues tunisiennes et il n'y a pas eu, jusqu'à maintenant, de réponse étayant la thèse du blanchiment. On note dans la foulée que, non seulement, il n'y a pas eu de blanchiment d'argent, mais il n'y a pas eu de signalement, non plus, de la part de la Banque centrale sur un quelconque flux d'argent suspect pour Nessma. Idem pour l'administration fiscale qui n'a fait ni signalement ni déposé plainte, quoiqu'il y a bel et bien un redressement fiscal.
Tarak Ben Ammar, actionnaire de référence de Nessma, explique le détail de ce qui se passe sur ce point fiscal dans un communiqué rendu public ce lundi 30 septembre 2019. « Un contrôle fiscal couvrant les exercices 2014 à 2017 est en cours et fait l'objet de recours administratifs de la part de la société, comme c'est le cas pour les centaines de milliers de litiges fiscaux en Tunisie », explique-t-il. Il y a bel et bien eu des retards pour le règlement des échéances d'impôts impayées, ce qui justifie le redressement. Les dirigeants de Nessma ont, à l'époque, préféré régler à temps les salaires de leur personnel et leurs fournisseurs, plutôt que de payer leurs impôts et ce suite à des difficultés de trésorerie dues à la crise économique, à la baisse drastique des recettes publicitaires et à l'augmentation des charges. Un des points qui paraissent si évidents pour n'importe quel financier et pas du tout évident pour le citoyen lambda.

Structure des sociétés-mères de Nessma
Pourquoi le Luxembourg; qui est derrière Nessma; quel est son actionnariat ? Voici les réponses du groupe.
- La Société Nessma SA est une holding de droit luxembourgeois au capital de 14 194 398 €. La holding n'exerçant aucune activité commerciale et son objet se limitant au financement de l'exploitation de la chaîne et des filiales.
La structure du capital de la Holding Nessma S.A se présente comme suit :
1- Prima TV (Tarak Ben Ammar) = 40,89%
2- Mediaset (société italienne cotée à la Bourse de Milan) = 34,12 %
3- Karoui & Karoui Luxe = 24,99%.
Cette Holding n'effectue aucune opération commerciale, ne perçoit aucun revenu et n'a distribué, jusqu'à ce jour, aucun dividende à ses actionnaires et n'entretient aucune relation commerciale avec ses actionnaires sous quelque forme que ce soit.
- La Société Nessma Entertainment (filiale à 99.99% de Nessma SA), société de droit tunisien au capital de 61 144 700 DT, libéré en partie au moyen d'un apport en numéraire par virement bancaire et par conversion du compte courant associé de la Holding Nessma S.A ; son activité est la production audiovisuelle. La Société n'a distribué aucun dividende ni revenu à son actionnaire.
La Société Nessma Broadcast, société anonyme de droit tunisien au capital de 2 941 000 DT libéré par apport en numéraire au moyen de virements bancaires et par conversion des comptes courants associés des actionnaires objet de contrats de prêts.
Le capital de la société est réparti comme suit :
- Prima TV, société de droit italien contrôlé par Tarak Ben Ammar, en tant que personne physique = 33.7 %
- Mediaset SPA, société de droit italien cotée Bourse, l'une des plus grosses capitalisations boursières de la Bourse de Milan = 32.27 %
- Nabil Karoui (16.95%) et Ghazi Karoui (16.95%) à travers la société K&K Mediacorp Sarl de droit tunisien = 33.9 % Son activité est l'exploitation de la chaîne télévisée Nessma. La Société n'a distribué aucun dividende à ses actionnaires.
- La Société Horizon Media International (filiale à 100% de Nessma SA), société de droit luxembourgeois au capital de 12 000 €.
L'objet de ses activités : Régie publicitaire à l'international et distribution de droits audiovisuels. La Société n'a distribué aucun dividende ni revenu à son unique actionnaire.
La Société Nessma Advertising Maroc (filiale à 100 % de Nessma SA), société de droit marocain au capital de 36 000 €. L'objet de ses activités : Régie publicitaire pour le marché marocain. La Société n'a distribué aucun dividende ni revenu à son unique actionnaire.





S'agissant des flux financiers, et contrairement à ce que beaucoup disent, les flux sont en direction de la Tunisie et non des capitaux allant vers le Luxembourg ou l'étranger. Ici aussi, les financiers et hommes d'affaires en rient quand ils entendent parler de blanchiment d'argent face à ce type de flux.
Les flux en question sont justifiés par des apports des actionnaires (qui se trouvent tous à l'étranger) à la chaîne qui passe par une crise économique et des difficultés de trésorerie. C'est le cas de plusieurs sociétés d'ailleurs, dont Business News, qui lui arrive de faire appel à son actionnaire se trouvant à l'étranger pour des apports afin de faire face aux dépenses courantes et notamment le règlement des salaires.
D'après les actionnaires de Nessma, le montant total des apports des actionnaires à la holding s'élève à la fin de 2018 au montant de 47,950 millions d'euros (dont plus de 45% libérés après la révolution de 2011 ), objet de contrats de prêts et de virements bancaires, et dont 14,194 millions d'euros ont été incorporés dans le capital de la holding par conversion d'une partie des comptes courants d'associés. Les dettes vis-à-vis des actionnaires Mediaset et Prima TV s'élèvent à ce jour à 22 millions d'euros.
Les fonds transférés sous forme de prêts par la holding Nessma S.A à sa filiale Nessma Entertainment pour financer les activités de la chaîne Nessma depuis l'année 2008 s'élèvent à 27 millions d'euros au moyen de virements bancaires (dont 5 millions après la révolution).
Les fonds transférés par les Actionnaires Prima TV et Mediaset à leur filiale Nessma Broadcast pour financer les activités s'élèvent à 3,729 Million d'euros (après la révolution).
Voilà donc le blanchiment d'argent. Moins de 30 millions d'euros versés en Tunisie depuis le Luxembourg. Les seules virements à l'étranger opérés ont été liés à des remboursements de prêts (et non au règlement de dividendes) et le règlement de factures et des loyers des satellites, le tout par voie de transfert bancaire officiel et légal et sous le contrôle des services bancaires nationaux.

La holding nous informe par ailleurs que la société a des crédits bancaires qui sont - Un crédit bancaire de la banque UBI BANCA sis au Luxembourg d'un montant de 9 millions d'euros remboursé à hauteur de 7 000 Millions Euros au taux de 4.25%
- Un crédit bancaire en Tunisie d‘un montant de 700 000 DT totalement remboursé
- Un crédit bancaire en Tunisie de 2 100 000 DT octroyé en 2015, remboursé à hauteur de 1 851 260 DT.

D'après un des avocats de Nabil Karoui et d'après la holding, l'ensemble de ces éléments et les preuves qui vont avec ont été présentés au juge d'instruction, sous forme de dizaines de cartons de documents. C'est peut-être d'ailleurs pour cela qu'il s'est interdit d'émettre un mandat de dépôt à l'encontre de Nabil et Ghazi Karoui.

Au-delà des preuves, il y a cependant des choses qui ne collent pas dans le dossier de Nessma dès lors qu'on soit un peu avisé de ce qui se passe dans le monde des affaires et spécialement le monde boursier.
Comme on l'a vu dans l'organigramme ci-dessus, Nessma SA appartient à Prima et Mediaset. Mediaset laquelle est cotée sur la Bourse de Milan et est donc systématiquement sous la loupe des autorités boursières italiennes. La même Mediaset, parmi ses actionnaires, se trouve le groupe français Vivendi, lui aussi coté sur la Bourse parisienne et fait partie du CAC40. Que ce soit pour la bourse milanaise ou la bourse parisienne, en aucun cas ils ne laisseraient passer une filiale qui fait du blanchiment. Il est juste inimaginable qu'une telle chose passe à travers les mailles de leurs filets.
Mieux encore, Tarak Ben Ammar se trouve être membre du conseil de surveillance de Vivendi et président de Mediaset. En aucun cas, il ne peut se permettre une telle aberration dans l'une de ses sociétés où il n'est pas un simple actionnaire, mais actionnaire de référence.

Que peut-on alors reprocher à Nabil Karoui ? Plein de choses que nous avons déjà mentionnées dans de précédents articles (le dernier date de la semaine dernière).
Sur ce dossier précisément, il a deux points de reproche dont un où il est indéfendable. Celui d'avoir refusé de mettre Nessma en conformité avec la Haica, sous prétexte que la composition de cette dernière est illégale (d'après son unique point de vue). Sur ce même point, il a essayé de jouer aux plus malins en démissionnant administrativement de Nessma pour pouvoir jouer un rôle politique. Même si sur papier il n'a plus de relation directe avec Nessma, le stratagème ne marche pas en Tunisie, ni en Europe d'ailleurs. Cette orthodoxie du formalisme n'est visible qu'outre Atlantique.
Le deuxième point de reproche est de s'être laissé emporter contre les « militants » d'I Watch avec des menaces et des injures. Sur ce point, l'un des avocats de Nabil Karoui prend sa défense et dit « Nabil est impulsif et il n'en pouvait plus de ces accusations et injures quotidiennes et publiques devant sa famille, son entourage et ses employés. Du matin au soir, les gars d'I Watch crient sur tous les toits qu'il est un voleur, mafieux, évadé fiscal… Ses menaces ne sont pas à prendre au premier degré, puisqu'aucune d'elles n'a été suivie d'effet. Ce sont des propos que n'importe qui peut prononcer en état de colère. A un moment, il a explosé et il avait tort d'agir ainsi». A noter que Nabil Karoui considère que les « militants » d'I Watch qui se font payer de l'étranger pour des raisons évidentes de le casser, comme étant des traitres à la nation et c'est d'ailleurs à ce titre qu'il les a injurié.


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