Sur les conseils de ma fille, je décide qu'un seul livre retiendra mon attention durant ces (longues) semaines de confinement. Moi qui ai la (fâcheuse ?) habitude de collectionner les livres et d'en lire plusieurs à la fois jusqu'à oublier qui est qui (et comment je m'appelle), elle m'a mise au défi. « Je te défie de lire au moins une page par jour », me lance-t-elle, les yeux brillants. Défi accepté ! Dans la famille, on aime les défis et on se fait un point d'honneur de les relever. Encore une chose qu'elle aura héritée de moi. Je décidais alors de balayer la pile de livres entre laquelle je jongle depuis des semaines et de n'en garder qu'un seul pour le moment. Si on devait mourir demain, ce sera le dernier que j'aurai lu et je pourrai sans doute mourir (un tout peu) moins ignorante. Preuve encore qu'à 7 ans, on peut être nettement plus sage (et moins paumée) qu'une adulte de trente ans (et des poussières).
« L'Histoire de la Tunisie », cet excellent ouvrage de l'excellent Habib Boularès sera mon livre de chevet jusqu'à ce que je puisse de nouveau retrouver une vie sociale digne de ce nom et prétendre de nouveau à mon statut d'être humain libre.
S'il y a bien une chose à connaitre de son vivant c'est l'histoire de son pays. Comment pouvons-nous nous permettre de ne pas maitriser par cœur, sur le bout des doigts et les doigts dans le nez, les moindres petits détails de notre histoire si riche et si belle ? Sacrilège ! Presque 700 pages. Une seule a été consacrée à la révolution de 2011 et aux événements de cette année trépidante. Vous les petits morveux…euh jeunes qui pensez que tout a commencé en 2011, allez vous rhabiller tout de suite !
De quoi clouer le bec à tous ces petits vantards qui pensent que depuis 2011, la Tunisie peut enfin prétendre avoir une histoire digne de ce nom. Que ces dernières années ressemblent à un crossover de Game of Thrones et de House of Cards. Que le fait d'avoir la même année, trois élections, un double attentat terroriste, un président qui trépasse (paix à son âme), une tentative de coup d'Etat et un candidat à la présidentielle emprisonné, est plus riche que tout ce que le pays a déjà vécu auparavant. Marre d'entendre ces petits jeunes qui sont incollables sur les mensurations de Nermine Sfar mais ne savent pas pendant combien d'années la Tunisie est restée sous protectorat français. Non le parti du Destour n'est pas né avec Abir Moussi, Jugurtha n'est pas une marque de yaourt et Hannibal n'est pas seulement une chaîne de télévision.
Oubliez toutes les balivernes que l'on a essayé de vous faire croire sur une toute petite partie de notre histoire et plongez-vous dans les détails. Rien ne vaut cette découverte. J'en ferai de même pour la petite initiatrice de ce projet…quelle meilleure manière de se venger ?