Pour la première fois après la Révolution du 14 janvier, la Tunisie célèbre le 54ème anniversaire de la proclamation de la République. L'instauration d'un consensus national, objectif ultime des élections du 23 octobre prochain n'est pas encore atteint, à l'heure où la Tunisie vit une phase historique après la Révolution de la liberté et de la dignité. La célébration, cette année, de la fête du 25 juillet intervient dans un climat instable et fragile sur le plan sécuritaire. La fête de la République coïncide aussi avec une situation économique et sociale difficile avec un taux de croissance avoisinant 0%, selon le Premier ministre du gouvernement de transition. Les Tunisiens célèbrent, néanmoins, le 54ème anniversaire de la proclamation de la République après la Révolution du 14 janvier qui s'est déclenchée contre l'oppression et l'injustice et contre un système qui a dévié des principes républicains prônés par les précurseurs du mouvement réformiste et de libération nationale. Ces principes mêmes qui se sont cristallisés, le 25 juillet 1957, par la proclamation de la République et l'abolition de la monarchie. Le grand défi consiste, incontestablement, en la réalisation effective des objectifs de la Révolution et de la transition démocratique, à travers l'instauration d'un régime qui repose, exclusivement, sur la volonté du peuple. D'aucuns aspirent à la réalisation du pluralisme, de la liberté, de l'égalité et de la justice sociale, tout en préservant les constantes civilisationnelles de la Tunisie: un projet moderniste pour se prémunir contre les soubresauts et les risques de régression. Ces objectifs qui font l'unanimité des partis politiques, du moins, au niveau du discours, sont confrontés à de multiples difficultés en raison de l'émergence d'intérêts politiques étroits et de la menace d'une polarisation idéologique en rupture totale avec les attentes réelles des Tunisiens, nourrissant ainsi les craintes de contournement des objectifs de la Révolution du 14 janvier. La profusion des partis «plus de cent», qui s'est faite dans l'éparpillement et la divergence de vues, les courants et les sensibilités, n'a fait qu'altérer la confiance des citoyens à l'affût de programmes clairs et de réponses concrètes à leurs attentes. La montée de courants idéologiques de droite et de gauche, dont certains sont en totale contradiction avec les principes de la République, n'ont pas réussi à atténuer les craintes exprimées face à une «majorité silencieuse» qui affiche encore une certaine désaffection à l'égard de l'inscription sur les listes électorales, question vitale dans la définition des contours de l'avenir politique de la Tunisie. D'aucuns croient que le peuple tunisien, initiateur des premières révolutions du 21ème siècle, est capable, aujourd'hui, de surmonter cette rude épreuve et de réussir les élections d'une Constituante pour entamer l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui répond aux aspirations légitimes des Tunisiens à la liberté et la dignité.