La Troïka (Ennahdha, CPR, Ettakatol) se trouve mise à mal, en raison de l'inexpérience, mais aussi en raison du manque d'homogénéité au sein même de chacun des trois partis. Pour M. Ahmed Brahim, secrétaire général du mouvement Ettajdid, il y a la manière dont la Troïka a été formée. L'absence de toute plateforme claire semble en avoir fait une alliance de circonstance. Quoiqu'en disent certains, à propos d'une alliance stratégique, il y a, c'est l'évidence même, une domination du parti Ennahdha dont les tentations hégémoniques se confirment de jour en jour : « C'est une alliance gouvernementale de circonstance, fondée sur une appréciation erronée de l'étape historique et de la nature même de cette phase transitoire ». Dans une interview accordée au journal « La Presse », M. Brahim a précisé que les opérations de rapprochement qui se trament sur la scène politique nationale préfigurent une recomposition de l'échiquier politique mais aussi une motion de censure contre le gouvernement actuel : « Pour le moment, nous pensons que la phase actuelle a besoin d'un consensus national. Or, les conditions de ce consensus se heurtent encore à la logique de la Troïka et en particulier à celle du mouvement Ennahdha. On a abouti à une forme d'hégémonie lors de la discussion de la loi de l'organisation provisoire des pouvoirs. Cette hégémonie semble continuer, pour ce qui concerne les commissions chargées au sein de l'ANC, de rédiger la Constitution. Il y a une tentation d'imposer des principes étrangers à ce que devraient être une République démocratique et citoyenne digne de la Tunisie révolutionnaire. Si cette tentation persiste, si les intérêts nationaux sont soumis, comme il y a tout lieu de le craindre, aux tentations idéologiques d'Ennahdha, aux intérêts et calculs, le pays risque d'aller vite vers une crise d'une extrême gravité. Nous pensons qu'il n'est pas trop tard pour rectifier le tir et qu'il est encore possible d'épargner à notre pays des soubresauts. Nous ne voulons pas parier sur l'échec du gouvernement, mais le gouvernement doit tirer les leçons de l'expérience jusqu'ici globalement négative ».