Si l'on peut vendre un produit à des consommateurs grâce à des techniques de marketing, peut-on également vendre des idées politiques et des hommes politiques grâce à des techniques similaires ? Voilà sur quoi se base le marketing politique qui a fait l'objet d'une communication fort intéressante d'Aymen Chaaban, doctorant à la Faculté de sciences économiques et de gestion de Tunis, lors du séminaire du printemps du marketing, organisé les 4 et 5 mai par l'URAM à Hammamet La Tunisie postrévolutionnaire a connu une vraie Révolution en matière de liberté d'expression et de communication politique, au point qu'on a constaté des dérapages qui se sont manifestés notamment par une polarisation excessive de la société autour de débats idéologiques controversés. Les politiciens et analystes tunisiens associent cela, en majeure partie, à un discours politique irresponsable, voire extrémiste, soutenue par des hommes politiques d'un côté et des pages facebook à vocation politique de l'autre. Aymen Chaabane a proposé une sorte de revalorisation et d'extension du cadre éthique de la communication politique : « Le marketing est sorti, à partir des dernières décennies de la sphère des produits et services pour s'introduire au sein de secteurs jusque-là inexplorés. Nous avons vu apparaitre, entre autres, le marketing sociétal, le marketing culturel et plus récemment le marketing politique dont l'objectif est d'appliquer des techniques issues du monde commercial aux campagnes électorales. Les premières applications du marketing à la politique qui sont apparues aux Etats-Unis d'Amérique se limitaient à des actions de communication ponctuelles faisant usage massif de la publicité radiotélévisée et de l'affichage. Ces applications précoces ont, progressivement prouvé leur efficacité aux yeux des dirigeants des partis, ce qui a accéléré l'évolution vers un réel usage de la démarche marketing au sein des campagnes électorales. Mesure de l'opinion publique, identification des anticipations des électeurs, ciblage et « production » du programme électoral sont autant de preuves soutenant ce passage d'une simple publicité visant à stimuler le vote à un marketing politique. Le conseiller marketing est devenu, désormais l'assistant incontournable des politiciens. Cette soit disant « intrusion » des Hommes de marketing sur la scène politique n'a, néanmoins pas cessé de soulever des problèmes d'ordre éthique liés essentiellement au risque de manipulation des électeurs. Par conséquent, plusieurs voix se sont soulevées pour revendiquer la création d'un cadre éthique régulant les actions de communication entreprises par les partis. Le problème aujourd'hui est que le support communicationnel des candidats ne vient plus uniquement des actions menées par le parti, en effet, la propagation d'Internet à favorisé un autre type de communication politique, en l'occurrence : les blogs, les vidéos virales et les pages hébergées par les communautés virtuelles, la particularité inhérente à ces techniques émergeantes est qu'elles ne sont pas contrôlables par les institutions du parti mais le soutiennent quand même. Pour revenir à la question de l'éthique, nous dirons que s'il est possible d'obliger les dirigeants et militants des partis à respecter certaines normes dans leurs discours, il n'en est pas de même pour les bloggeurs et les activistes au sein des communautés virtuelles. Or, le rôle de ces acteurs s'est amplifié à mesure que les réseaux sociaux sont devenus une partie de la vie quotidienne des jeunes citoyens. Ainsi, ces derniers peuvent en quelque sorte forger l'opinion publique, ou du moins orienter une partie des électeurs vers tel ou tel parti sans pour autant être obligés de respecter certaines valeurs dans leurs façons de s'exprimer. Ajoutons à cela le niveau d'anonymat garanti par Internet, nous pouvons prédire un risque sérieux de dérapage du système politico-social. La nécessité d'un cadre éthique capable de s'imposer à tous les acteurs de la communication politique, est par conséquent grandissante. C'est au sein de ce contexte que s'insère notre étude qui aura pour objectifs de mettre en valeur les nouvelles formes de marketing politique qui sont apparues grâce à l'émergence des réseaux sociaux, d'apporter des éclaircissements quant aux enjeux éthiques soulevés par les nouvelles formes de communication politique, de proposer une extension du cadre éthique du Marketing Politique de sorte qu'il soit capable de s'imposer non seulement aux acteurs classiques mais aussi aux nouveaux intervenants. Le marketing n'a pas été conçu à l'origine pour « vendre » des idéologies politiques, la discipline a toutefois subit et continue de subir des redéfinitions touchant aussi bien sa vocation que sa logique directive -Bartels, 1983-, ce qui a permit, entre autres d'étendre ses applications à des territoires jusque-là inexplorés à l'instar de la culture et de la politique ».