Le courrier de l'Atlas, magazine du Maghreb en Europe, a écrit, lundi 28 mai 2012, un billet sous le titre : Les salafistes passent à la vitesse supérieure, Ennahdha aussi. En voici un large extrait : « Voilà près de deux semaines que les salafistes sèment la terreur. Ils multiplient les coups d'éclat aux quatre coins de la Tunisie, portant à un niveau inédit le nombre et le degré de violence de leurs méfaits. En Europe, plusieurs chancelleries mettent en garde leurs ressortissants contre la destination Tunisie. Comment en sommes-nous arrivés là ? A qui la faute ? Qui de l'Etat absent, le laxisme d'Ennahdha, ou encore l'immobilisme des forces de l'ordre est-il le plus à blâmer ? Un billet entier ne suffirait pas à énumérer la récolte hebdomadaire des agissements, cette fois littéralement criminels, des salafistes tunisiens. Il n'en a d'ailleurs pas la vocation. Citons les plus marquants d'entre eux : c'est de Sidi Bouzid, berceau de la Révolution, que part une nouvelle fois l'étincelle de l'incroyable, mais prévisible, accélération des évènements. Des points de vente et de dépôt de boissons alcoolisées sont sauvagement saccagés et incendiés. Même scénario type « Far West » à Jendouba samedi, où le seul hôtel de la ville est vandalisé, 3 bars détruits, et un poste de police brûlé, en représailles à l'arrestation d'un jeune délinquant salafiste. Une semaine auparavant, comme pour annoncer l'escalade, c'est le rassemblement géant de Kairouan qui galvanisait les troupes salafistes djihadistes, introduisant pour la première fois des démonstrations publiques d'arts martiaux paramilitaires, signe que l'Etat n'est plus le seul détenteur de la force. Entre temps, l'incendie d'origine non élucidée du marché Moncef Bey à Tunis a permis de constater à quel point les autorités peinaient à faire respecter l'ordre public : dès leur arrivée au souk, policiers et pompiers sont reçus avec des jets de pierre. Sur les ruines des stands carbonisés, de petits groupes salafistes bien coordonnés sont sur place en quelques heures. Ils font la loi et font le tri parmi les médias : certains sont autorisés à couvrir le sinistre, d'autres sont intimidés puis agressés impunément, selon le témoignage de la correspondante de France 24 victime de violences tout comme la chaîne Al Hiwar qu'elle accompagnait. Point d'orgue à cette série noire, hier dimanche, l'équipe de cette même chaîne découvrait, résignée, l'ampleur de la destruction de ses locaux et de son matériel. Sur la ligne de front, son personnel a brillé par sa couverture cette semaine de tous les autres incidentsmettant aux prises des radicaux islamistes à des militants politiques de gauche, des artistes, et des intellectuels, à l'image de Rejab Magri, ce professeur de théâtre tabassé au Kef. La LTDH a réagi fermement via son président d'honneur Mokhtar Trifi, en dénonçant « une menace réelle pour les libertés » de la part de groupes voulant « imposer un mode de vie ». Tout a été dit à propos du tiraillement d'Ennahdha entre volonté de montrer patte blanche en tant que parti de la modération aux commandes de la gouvernance, et celle de ne pas déplaire à sa base militante… ». Investir en Tunisie