Le président de la République, Moncef Marzouki, rendu en France pour assister officiellement aux assises de l'UNESCO n'a pas manqué cette excellente opportunité pour se fendre d'une interview au journal le Monde et lui confier ses « profondes convictions » quant au destin de la Tunisie qu'il semble être seul à percevoir prometteur, serein, voire heureux. Nous décelons dans les propos de notre président provisoire impénitent, une indécrottable manie de n'y voir dans les profondes crises qui ébranlent le paysage politique et socioéconomique du pays que des épreuves naturelles et attendues inhérentes à tout pays qui œuvre pour conquérir sa liberté et pour réaliser sa transition démocratique. L'on sent également que M. Marzouki entend convaincre tout le monde qu'il sera l'auteur incontestable de cette belle réalisation. Pour les crises récurrentes, toutes ont connu des issues heureuses, malgré toutes les difficultés qui ont accompagné les processus de leur résolution. L'actuelle crise de recherche d'un Chef du gouvernement ne saurait déroger aux précédentes et finira, malgré les négociations difficiles et compliquées, à aboutir à une solution satisfaisante pour toutes les parties. « Nous finirons par tomber d'accord sur une personne que j'aurai le plaisir de désigner », affirme sans sourciller notre président. Mais parce que nous sommes un régime démocratique, il faudra que cela passe par la case de l'ANC. M. Marzouki est conscient tout de même que nul ne pourra imposer un candidat mais que la personne recherchée doit émaner d'un consensus et que l'habileté et l'entêtement de Houcine Abassi, secrétaire général de l'UGTT, qui bénéficie de toute sa confiance, finira par venir à bout des difficultés et des blocages. Notre président évoque la méfiance qui perdure entre tous les acteurs politiques en toutes circonstances «méfiance qui sera levée une fois la date des élections fixée », car, assure-t-il, la troïka n'accepte pas que l'on recule les échéances, ni que le nouveau gouvernement échappe au contrôle de l'ANC ou cherche à s'incruster. C'est pourquoi, le président avance une énième date pour les élections qui se situerait au plus tard en avril 2014. Puis, fort de ses convictions et ferme dans ses principes « non négociables », M. Marzouki déclare qu'il ne cèdera « les clés de Carthage » qu'à un président démocratiquement élu. Que cela plaise ou non ! L'on s'en serait douté. Pour ce qui est de la rédaction de la Constitution, de la création de l'ISIE, l'adoption d'une loi électorale, ce sont des étapes déjà enclenchées puisque le président provisoire a signé la loi de création de l'ISIE dont « il pense » qu'elle sera élue en fin de semaine, c'est-à-dire aujourd'hui ou demain, au plus. Ce sera ensuite une réaction en chaîne, assure-t-il. A une question de savoir qui cherche à déstabiliser la Tunisie, M. Marzouki, qui a un don inné d'observateur averti, n'hésite pas à désigner pêle-mêle les partisans de l'ancien régime, des puissances arabes, brefs des facteurs exogènes à la région qu'il refuse de nommer.