Le ministère de l'agriculture et des ressources hydrauliques a organisé, le jeudi 17 juin 2010, une visite presse au centre technique de l'agriculture biologique (Chatt Meriem) ainsi que le centre de recherche. L'objectif de la visite est d'éclairer l'importance de cette tendance sur l'économie nationale et la santé des citoyens. L'agriculture biologique est un mode de production agricole spécifique, c'est-à-dire un ensemble de pratiques agricoles respectueuses des équilibres écologiques et de l'autonomie des agriculteurs. Pour atteindre ces objectifs, les agriculteurs biologiques s'interdisent (et excluent réglementairement) l'usage d'engrais et de pesticides de synthèse, ainsi que d'organismes génétiquement modifiés. Les agriculteurs qui pratiquent ce type d'agriculture misent, par exemple, sur la rotation des cultures, l'engrais vert, le compostage, la lutte biologique, l'utilisation de produits naturels comme le purin d'ortie, et le sarclage mécanique pour maintenir la productivité des sols et le contrôle des maladies et des parasites. L'agriculture BIO dans le monde Définie depuis les années 1920, l'agriculture biologique est organisée à l'échelle mondiale depuis 1972 (International Federation of Organic Agriculture Movements - IFOAM) et reconnue dans le Codex alimentarius depuis 1999. Cette agriculture est pratiquée dans 154 pays par 1,4 millions de producteurs pour une superficie totale de 37 millions d'hectares dont 2/3 en parcours et pâturages et le reste en cultures. La superficie non agricole biologique est évaluée à 35 millions d'hectares dont 25,6 en plantes spontanées (forêts), 6 en apiculture et 0,4 en aquaculture. Ces chiffres ne cachent pas la timidité de ces surfaces par rapport à l'ensemble des domaines agricoles (entre 0,01% et 37% dans les pays et 0,8% en moyenne dans le monde). Seuls 73 pays ont des réglementations pour l'agriculture BIO pour organiser et contrôler les productions à l'aide des 448 organes de contrôle et de certification accréditées. Le marché des produits biologiques est évalué à 51 milliards dollars. L'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord contribuent avec 97% même si entre 1 et 7% des dépenses alimentaires des consommateurs sont orientés vers les produits BIO. L'agriculture BIO en Tunisie Le mouvement de l'agriculture biologique, en Tunisie, a démarré au cours des années 80 par des initiatives privées et a connu un développement lent jusqu'aux années 1997-1998. Ensuite, une stratégie nationale a été mise en place ; elle est basée sur plusieurs volets : réglementation, recherche, formation, vulgarisation, organisation, structure et encouragement. Ceci a contribué à un bon développement et un essor important de ce secteur. La Tunisie est le seul pays en Afrique et dans le monde arabe qui a une réglementation entièrement appliquée. L'Etat a accrédité 5 organismes de contrôle et de certification reconnus à l'échelle internationale pour certifier les produits bio locaux en coopération avec le centre technique de l'agriculture biologique et le centre régional de recherche en Horticulture et en Agriculture Biologique. Il y a lieu de noter qu'en 2008, les superficies exploitées en Tunisie ont atteint 285 400 ha contre 18 600 ha en 2002. À noter, dans ce cadre, que la Tunisie est classée 2e en Afrique et 24e à l'échelle mondiale au niveau des superficies biologiques par rapport à 141 pays qui pratiquent l'agriculture biologique, et ce, d'après les statistiques 2007 de la Fédération nationale des mouvements de l'agriculture organique (Ifoam). La production végétale biologique a, quant à elle, évolué de 9 000 tonnes en 2002 à 170 000 t en 2008. En outre, le nombre d'opérateurs a atteint 1 911 en 2009 contre 481 en 2002. La quantité exportée durant la campagne 2008/2009 est évaluée à 12 000 tonnes contre 3018 en 2003/2004 alors que le montant des produits biologiques exportés a atteint 55 millions de dinars en 2008/2009 contre 12 millions de dinars en 2003/2004. Le programme présidentiel pour la période 2009-2014, prévoit une superficie de 320 000 ha en 2010, dont 200 000 ha de cultures maraîchères avant d'augmenter la part des cultures bio pour atteindre 500 000 ha en 2014. De nombreuses mesures décidées lors du Conseil ministériel consacré au secteur de l'agriculture biologique pour prouver l'importance de ce créneau qui nécessite une accélération pour atteindre bientôt la vitesse supérieure.