L'agriculture biologique est relativement récente en Tunisie. Elle a démarré depuis les années 80 par des initiatives privées. Elle a évolué lentement jusqu'à 1999. Depuis, ce secteur a reçu un intérêt particulier de la part du Président de la République quant aux incitations et encouragements. Une stratégie nationale a été mise au point et a abouti à de nombreuses réalisations, notamment la parution de textes réglementaires de l'agriculture biologique et la création de structures spécifiques de recherche. La ville de Chott-Mériem du gouvernorat de Sousse abrite deux centres de recherche en agriculture biologique. Il s'agit notamment du Centre technique de l'agriculture biologique( Ctab) et du Centre régional des recherches en horticulture et agriculture biologique (Crrhab). Au milieu des plantations et des serres d'expérimentation et de recherche, les deux établissements accueillent quotidiennement une dizaine de chercheurs et d'étudiants. Le Centre technique de l'agriculture biologique est dirigé par M. Mohamed Ben Khedher. "Le centre propose aux établissements d'enseignement et de la recherche des thèmes spécifiques de l'agriculture biologique. Les chercheurs du Ctab établissent des cartes délimitant les régions les plus favorables à ce type d'agriculture", souligne le directeur. Depuis sa création en 1999, le centre œuvre dans le développement des techniques spécifiques à la production de la matière organique, à l'élevage des insectes utilisés dans la lutte biologique et aux équipements spécifiques à la transformation. "Par ailleurs, le Ctab a organisé jusqu'au décembre dernier 69 sessions de formation sur les différentes techniques de l'agriculture biologique en faveur de 2.356 producteurs et techniciens. Le centre organise des séminaires locaux, régionaux et nationaux, des journées d'information et des manifestations nationales et internationales dans le cadre d'un programme de formation sur l'agriculture biologique". En plus de l'adaptation des résultats de recherche dans les parcelles des agriculteurs biologiques et dans les stations expérimentales des divers organismes agricoles, le Ctab entreprend annuellement à la station expérimentale de Chott-Mériem en moyenne 16 essais expérimentaux relatifs aux diverses techniques d'agriculture biologique, notamment le compostage, les cultures maraîchères en plein champ et sous serre , les agrumes... A quelque cinquantaine de mètres de l'établissement de recherche, s'étendent les terrains d'essais. On produit sur place le compost qui est constitué de déchets organiques bio-dégradables d'origine végétale. Il est stocké en andain en bout de champ. A l'aide d'une fourche ou un retourneur d'andain, les ouvriers retournent les tas à composter. A la fin de ce processus, on obtient un compost utilisable en agriculture biologique. Dans un bassin artificiel, les chercheurs du Ctab ont préparé un mélange de compost et de l'eau. "De ce compost, on peut même produire un liquide de compost en mélangeant un peu de ce produit avec de l'eau. Ce jus est utilisé dans le traitement des maladies et la lutte contre les ravageurs. Les essais faits dans ces parcelles ont mis l'accent sur l'importance de l'utilisation de diverses compositions de compost et du jus de compost au niveau de la fertilité et de l'activité microbiologique du sol, au niveau de la croissance et du développement végétatif et du rendement des diverses cultures", précise un chercheur du centre. Juste à côté, s'étend une parcelle d'agrumes biologiques. Dans ce champ, les chercheurs appliquent les résultats en matière de lutte biologique. A côté de ces parcelles, s'étend le Centre régional des recherches en horticulture et agriculture biologique. Cet établissement abrite le laboratoire national de recherche en agriculture biologique. "Le centre est chargé d'effectuer tous les travaux de recherche et d'expérimentation en horticulture et agriculture biologique. Il réunit et étudie toutes les ressources génétiques dont l'utilisation et la culture présentent un intérêt pour les productions maraîchères, fruitières et biologiques", indique M. Néji Tarchoun, directeur du centre. Dans les différents laboratoires, les chercheurs du Crrhab effectuent des recherches à caractères technique, économique et sociologique intéressant les exploitations agricoles de la région et leur environnement. Ils ont créé des variétés végétales présentant un intérêt pour l'économie agricole de la région. Evolution de la production biologique En 2009, les superficies de l'agriculture biologique ont atteint 330 mille ha contre 18.600 en 2002. La production végétale biologique a évolué de 9.000 t en 2002 à plus de 170.000 t en 2009. Le nombre d'opérateurs est de l'ordre de 1.911 en 2009 contre 481 en 2002. Les principaux produits exportés concernent essentiellement l'huile d'olive, les dattes et les plantes aromatiques et médicinales. La quantité exportée durant la campagne 2008/2009 est évaluée à 12.000 t contre 3.018t en 2003/2004, alors que le montant des produits biologiques exportés est de l'ordre de 55 millions de dinars. Ce montant ne dépassait pas les 12 millions en 2003/2004. En vue de promouvoir ce secteur, le Président de la République a retenu l'agriculture biologique comme un axe important du programme présidentiel "ensemble, relevons les défis" qui a pour objectif de doubler les superficies des cultures biologiques pour atteindre 500.000ha en 2014. On doit signaler que concernant les superficies agricoles biologiques, la Tunisie est classée 24e au niveau mondial par rapport à 154 pays qui participent à la production bio, 11e au niveau européen, 2e au niveau africain et le premier pays arabe avec environ 50 % de la superficie agricole biologique arabe.