Les tour-opérateurs maintiennent la pression sur les professionnels tunisiens. Ce dictat des voyagistes européens risque de nuire à notre tourisme qui passe par une période difficile. Nos hôteliers doivent être solidaires et ne pas se soumettre aux exigences des TO. La dernière crise provoquée par la décision du TO britannique Thomas Cook UK de retenir 5% sur les montants des factures des mois d'août et septembre, a montré à quel point il est important, pour les professionnels de se consulter et de communiquer entre eux. Et comme l'a affirmé l'hôtelier Afif Kchouk, « ce dialogue et cette communication constituent en soi un acte de solidarité effective et palpable. Dans cette crise provoquée, Thomas Cook a été vaincu. Les hôteliers tunisiens sont sortis vainqueurs grâce à leur solidarité soutenue par leur Fédération qui a pris une décision ferme et qui l'a fait savoir en termes très clairs, au TO anglais ». Les opérateurs du tourisme ont intérêt à ne pas baisser les bras face aux exigences des TO français, par exemple, qui vont même exiger des compagnies aériennes tunisiennes 50 à 60 euros par billet d'avion de subvention. Ils ne sont pas les seuls. La plupart des voyagistes demandent des subventions au ministère du Tourisme. Lors du dernier reportage sur M6 sur le tourisme tunisien, Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme, était catégorique. Il s'exprimait en ces termes au rédacteur de la chaîne française : « Il y a beaucoup de tour-opérateurs qui nous ont mis de la pression. Leur demande de subvention a été refusée. Ils viennent nous voir plusieurs fois en expliquant que le marché a chuté. C'est vrai, mais on ne doit pas céder à leur pression. Il faut maintenant relancer la destination d'une manière promotionnelle et agressive, pas forcément en subventionnant ». Pour les tour-opérateurs et selon M6 toujours, c'est loin d'être une défaite : « Ils ont tout de même obtenu un grand coup de pouce du gouvernement tunisien. Le ministère s'est engagé à prendre en charge une partie de leurs billets invendus. Les 50% des sièges invendus seront désormais pris en charge et seront partagés entre l'ONTT pour 30% et les compagnies aériennes tunisiennes, pour 20%, du 15 avril au 30 juin ! » Les TO français ne sont pas les seuls à demander ces subventions. Thomas Cook Allemagne a exigé une participation de 50% du ministère dans son programme promotionnel de relance sur le marché allemand ! Faut-il laisser ces TO agir comme ils veulent ? Pourquoi ne pas les pousser à allouer un budget de dépenses promotionnelles en faveur de la Tunisie, en plus du budget accordé par l'ONTT ? Non dit Afif Kchouk, « c'est l'occasion d'instaurer un dialogue entre les destinations réceptives, entre les prestataires terrestres des tour-opérateurs et de constituer une OPEP des pays producteurs du tourisme. Cette initiative peut constituer une réplique valable au regroupement des TO et à leur main mise sur les richesses touristiques des pays émergents ».