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Sédition et politique
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 06 - 2015


Par Hatem M'rad
Qu'est-ce que la politique ? C'est l'art de la négociation, l'art de régler les conflits, en temps normal par des procédés pacifiques reconnus, par l'entente et le compromis. Au pire des cas, lorsqu'on est en guerre ou en crise, par la contrainte. Qu'est-ce que la sédition (tahridh) ? Le contraire, c'est-à-dire l'absence de négociation et de compromis. La sédition, comme le dit le dictionnaire, est en effet « un soulèvement concerté et préparé contre l'autorité établie », en somme un complot contre l'autorité élue.
Les séditieux ne font pas de politique, ils ne négocient pas, ils ne débattent pas dans les institutions ou dans les espaces publics, pour prendre l'opinion à témoin. Les séditieux ne veulent pas, ou ne peuvent pas, jouer le rôle de la politique transparente et publique. Ou bien ils ont été exclus de la vie politique institutionnelle dans laquelle ils n'ont pas été reconnus (par les électeurs) ; ou bien ils se sont exclus d'eux-mêmes de la vie politique ordinaire, en vue de donner libre cours à l'acte séditieux, plus spectaculaire, plus visible, qu'ils ont prémédité de longue date.
Le séditieux est un agitateur, un comploteur. Il ne négocie pas, il préfère les diktats. Il pousse à la violence, au chantage, au pillage, à l'incendie, à la manipulation. Il pousse à tous les actes qui n'ont pas de place en politique. Le séditieux ne réussit pas en politique. Il cherche à réussir par d'autres moyens non politiques.
La révolte permanente, comme celle des régions du sud en Tunisie, entre dans la sphère de la sédition. La révolte permanente intervient généralement lorsqu'il y a blocage politique. Il faut rappeler que la révolution a déjà été faite et la transition officielle est close et la démocratie est déjà là. La révolte permanente devient alors anachronique. La révolte permanente ne peut gagner ses lettres de noblesse que dans une phase historique despotique, en cas d'abus de pouvoir caractérisé, lorsqu'elle finit par incarner le principe du droit de résistance à l'oppression illégitime. Un droit énoncé dans plusieurs constitutions étrangères, du passé et d'aujourd'hui.
Cependant, l'oppression a seulement changé de camp en Tunisie. Elle n'est plus à l'ordre du jour au niveau de l'Etat, elle l'est désormais curieusement du côté des partis. Pas les partis représentatifs, mais les partis peu populaires, rejetés en bloc par leurs électeurs.
D'ordinaire le débat se fait au parlement, pour les séditieux il se fait dans la rue. Pis encore, il se fait derrière les rideaux, en coulisses, à travers des milices, les bataillons de l'ombre, se chargeant des basses œuvres des partis. En général, l'opinion n'intervient qu'occasionnellement dans la rue. Elle intervient seulement en cas de besoin, dans le cadre du débat politique, lorsque les réponses institutionnelles s'avèrent insuffisantes ou déficitaires. C'est ce qui fait d'ailleurs le charme du pouvoir de la rue.
Les insurgés qui veulent attenter à la démocratie sont, eux, considérés comme des ennemis de la démocratie. Et la démocratie a le droit de se défendre, et de sévir même, contre les ennemis de la démocratie, dont la stratégie vise plutôt le néant étatique. A Douz, dans la région de Kebili, un couvre-feu a été décrété ces jours-ci par le gouvernement dans la région. Des terroristes daechiens se sont infiltrés parmi les séditieux, comme le confirme le secrétaire d'Etat chargé de la sécurité, Rafik Chelli. Les manipulateurs sèment délibérément la confusion et brouillent les pistes : mélanger la contestation légitime (pauvreté, chômage) au terrorisme illégitime (incendie, pillage, attaque contre les postes de police et infrastructures de l'Etat). On n'est plus dans le jeu politique, mais dans l'atteinte à la sécurité de l'Etat.
La critique du pouvoir se fait en démocratie pacifiquement par des procédés légaux et non par la violence, les incendies, le pillage. La sédition, on le voit, est à la limite du terrorisme. De toutes les manières, elle est en train de franchir le seuil du terrorisme. Les séditieux ne s'impatientent pas de voir le gouvernement répondre à leurs problèmes vitaux, comme on le croit souvent. Ils ne veulent pas laisser le temps au gouvernement de faire les réformes nécessaires, pour répondre justement à leurs attentes, à supposer qu'ils veulent vraiment définir leurs attentes. C'est la base de l'esprit séditieux. Ils ne veulent pas que l'Etat résolve les problèmes, ils cherchent à l'étouffer, l'étrangler, l'empêcher d'y répondre.
Il faut rappeler aux hommes politiques et partis, désormais peu représentatifs, de la « République », une République qui fait même l'étiquette de leurs partis, que la haine est mauvaise conseillère en politique. Les hommes politiques peuvent-ils se permettre de perdre raison ? Un ancien président de République peut-il devenir l'apôtre de la sédition ? En cas d'échec, il vaut mieux que ces hommes s'en prennent à eux-mêmes, qu'ils consacrent leurs efforts à convaincre de nouveau leurs électeurs, à débattre avec eux des raisons de leur désertion électorale, à analyser les raisons de leur propre échec, plutôt que d'attaquer le pays, semer le trouble dans les régions pauvres, inciter à la haine sociale et tenter de remettre en cause les élus de droit, sous prétexte qu'ils ont perdu les élections. Attitude politiquement puérile.
On comprend que les leaders de ces partis en déroute, du CPR et autres, soient aussi désorientés. Non contents de tuer la République, ils remettent en cause la volonté souveraine du peuple. Leurs anciens alliés, Ghannouchi et les islamistes, n'en veulent plus, la nouvelle majorité nidéistene ne veut surtout pas les associer au gouvernement. En réponse, abandonnés par tous, ils refusent de s'incliner devant le suffrage universel, comme de bons démocrates. A la place, il est proposé, comme substitut électoral, de l'argent à profusion, d'origine qatarie, versé anonymement aux déshérités du sud, pour les pousser à s'insurger contre les autorités démocratiquement établies, pour les inciter à prendre fait et cause pour des messages de propagande qui les dépassent. Ils n'ignorent pas que le langage des affamés est aussi passionné que dangereux, notamment dans un pays en guerre contre le terrorisme.
On comprend encore que ces mêmes leaders soient déboussolés par l'évolution historique rapide du pays. La révolution a été faite sans eux, la transition les a repoussés à leurs derniers retranchements, au dialogue national, ils en étaient absents. Et au final, la démocratie électorale n'a pas voulu d'eux.
Il est bon qu'un homme politique ou un parti politique ne s'avoue pas vaincu. C'est à leur honneur. La remise en selle politique ne se fait pas par la sédition. Ils peuvent chercher à rebondir, à ressusciter par la voie politique, ouverte à tous. Ils peuvent encore faire leur la maxime anglaise : « Exile, and return ». Au lieu de s'empresser, sans stratégie politique aucune de reconquête, à revenir aussitôt, par la sédition, sur la scène politique, après l'avoir quittée, en se faisant éjecter avec plus de force encore par l'opinion.


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