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Une ville fortunée, des habitants infortunés
Reportage : Métlaoui
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 06 - 2011

• Lors des affrontements, on a assisté à une déliquescence de toutes les valeurs
• La qualité de l'infrastructure décourage toutes les intentions d'investissements et alimente le désespoir des jeunes
«Du feu à la maison», a crié la majorité des habitants de la ville minière pendant les nuits de terreur, occasionnées par les derniers affrontements tribaux sanglants. Le spectre de la violence et du vandalisme a plané sur tous les foyers, les commerces et les locaux, publics et privés. Même les personnes risquaient de périr sous le feu des malfaiteurs, motivés par l'honneur d'appartenir à une tribu et de la défendre. Une chose est sûre, le marché municipal de Métlaoui est parti en fumée. La série de locaux de petit commerce aux alentours, notamment boucheries, restaurants, pâtisseries, alimentation générale…ont connu le même sort. Pis encore, le souk hebdomadaire du dimanche, qui s'étendait sur des kilomètres, n'a pas eu lieu. Une première depuis plus d'un siècle. Les marchands ambulants ont déserté la place et ont cherché à s'installer dans les quartiers. L'activité commerciale de la ville est quasiment paralysée.
En effet, depuis les derniers événements, la ville est divisée en deux. La voie ferrée est la frontière entre les deux zones. Déjà, en lisant les accusations et les contre-accusations sur les murs de la ville, on peut se positionner facilement.
Pourtant, les habitants de la ville, déchirée, étaient unis, sous les mêmes tentes, et revendiquaient les mêmes droits de travail et de dignité. Une solidarité exemplaire. Depuis 2008, sous la dictature, ils ont organisé des grèves, des sit-in et des confrontations avec les forces de l'ordre, en toute symbiose.
En effet, depuis la découverte du phosphate en 1887, la ville a attiré plusieurs nationalités. Elle a toujours donné l'exemple de bon voisinage et de coexistence pacifique. Au début du siècle dernier, plusieurs nationalités ont cohabité. Attirés par les offres de travail dans les mines de la région, certains quartiers portent le nom de la nationalité de leurs résidents. Le quartier «Trabelsia» pour ceux en provenance de Tripoli (Libye), «Souafa» pour ceux d'Oued Souf, en Algérie et «El Keyna» où résidaient les Marocains.
Un conflit latent qui a rebondi
Nul n'ignore que la tension était toujours élevée entre les tribus à Métlaoui. D'ailleurs, dans toutes les élections syndicales, municipales, ou au sein des anciennes structures du RCD, on a assisté à des évènements regrettables et à des pratiques déplorables. Tout est permis pour décrocher un poste clé. Bien évidemment, de telles fonctions ouvrent toutes les portes et les privilèges du recrutement à la CPG. Ainsi, les comptes bancaires commencent à marquer des milliers de dinars de pots-de-vin en contrepartie des promesses d'embauche à la Compagnie. Sans parler des commissions pour l'octroi des marchés de sous-traitance, notamment de transport, d'archivage, de nettoyage… Une affaire juteuse.
Conscients de la diversité de la ville, et pour éviter la montée de nouveaux concurrents, ces bandes gardent une composition des comités directeurs de ces structures qui reflète au mieux la composition tribale de la ville. Sous l'ancien régime, ces structures ont gardé la même composition et les mêmes têtes. Associés au diable, le pacte est clair : bénéficier de tous les avantages et assurer la stabilité de la zone minière. Ces compromis ont par conséquent fait passer en arrière-plan tous les critères de compétence et ont animé les pratiques de corruption et de népotisme. En conclusion, ces comités avaient la mainmise sur le recrutement à la CPG, le rêve de chaque jeune de la région.
De nos jours, en l'absence de ces structures, les jeunes s'insurgent contre les vieux compromis et militent pour des modes de recrutement qui maximisent leurs chances. A cet égard, les petites tribus revendiquent le recours à un concours. En revanche, la tribu la plus nombreuse s'attache à un recrutement proportionnel à la taille des tribus. Tout tourne, alors, autour du recrutement à la CPG.
Déjà, les premiers évènements ont été occasionnés par une note partagée sur Facebook par un ancien membre du syndicat, connu de tous les habitants de Métlaoui. Dès lors, l'information selon laquelle la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), principal employeur de la région, aurait favorisé une tribu au détriment d'une autre dans une opération de recrutement a déclenché les hostilités. La même tactique a engendré en 2008 des émeutes dans tout le bassin minier. Peut-on en conclure que la fortune de la ville a engendré son malheur ?
La marginalisation de la ville et le désespoir des jeunes
Les habitants de la ville n'ont pas cessé de rappeler qu'au début du siècle dernier, Métlaoui était une ville moderne. Avec les terrains de tennis, le zoo, la salle de cinéma et les parcs, il y faisait bon vivre. Sans parler du confort des habitations, équipées d'eau, d'électricité et de chauffage.
A l'heure actuelle, la ville souffre d'une dégradation notable de son infrastructure. Résultat, la zone industrielle nouvellement aménagée et la multitude d'incitations aux investissements n'ont pas réussi à séduire les promoteurs. Même les promoteurs originaires de la ville cherchent à s'installer ailleurs. Dès lors, sans de réelles chances de travail, ces jeunes, diplômés ou non, n'ont pas beaucoup d'espoir en leur avenir. Pis encore, bon nombre d'entre eux, désespérés, se sont hasardés avec les Harragas pour tenter une nouvelle expérience en Europe. La dégradation de la qualité de la vie a motivé, également, plusieurs familles à s'installer dans les régions côtières. Le désespoir de cette jeunesse explique en partie la dernière escalade sanglante. Pour certains, rien à perdre, leur vie n'a plus de sens.
Maintenant, la ville est plutôt calme, mais les esprits bouillonnent encore. A l'avenir, nul ne peut prévoir les conséquences d'une rumeur. Elle pourrait dégénérer en affrontements meurtriers. La stabilité de la ville ne peut être assurée par des mesures provisoires, notamment la présence massive des forces de l'ordre et le couvre-feu. Elle est plutôt tributaire de la dynamisation du tissu économique et la création de postes d'emploi.


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