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Bourguiba propulse Ben Ali par l'abusé Mzali
Opinions - Sauvetage ultime maquillé en disgrâce (1)
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 06 - 2015


Par Khaled El MANOUBI (*)
Certains commentateurs ont tourné le titre — probablement soufflé par des Français — de combattant suprême en comédien suprême. L' apparente disgrâce tournant à la répudiation de Wassila par son président le montre bien. L'ouvrage intitulé «Habib Bourguiba. Le bon grain et l'ivraie» (Sud éditions, Tunis, 2009) de Béji Caïd Essebsi (BCE, lequel n'y a vu pourtant qu'une disgrâce) en donne, à notre sens, la justification.
En premier lieu, BCE présente le «bras de fer» qu'a décidé d'engager (Mzali) avec Wassila» comme étant une manière de pousser plus loin son avantage «résultant du départ forcé du gouvernement du ministre de l'Intérieur Driss Guiga le 7 janvier 1984, les «relations entre Wassila Bourguiba et Mohamed Mzali (s'étant) sensiblement tendues» (p.265) après ce même départ. Selon BCE, c'est Saida Sassi» qui réussit à précipiter la décision de son oncle» (p.265) du 7 janvier consistant à évincer Guiga. Mais c'est Mzali qui en serait l'instigateur puisqu'il « s'est rapproché de Saïda» depuis un certain temps, en fait seulement «dès (!?KEM) le 6 janvier» (p.265). C'est un délai d'avance un peu court même pour préparer une intrigue de palais. Dans ces derniers, certes, les alliances se font et se défont rapidement sauf que, s'agissant de l'éviction de Guiga «l'oncle (de Saida) y pensait déjà» (p.265) donc avant le 7 et avant le 6 janvier, date du début de rapprochement de Mzali avec Saida. Pour réfuter les relations de cause à effet présentées par BCE, il est remarquable que nous n'avons fait que modifier l'ordre de ses propres assertions. Il ressort déjà de ce qui précède que Mzali n'est pour rien dans le retour de Saida Sassi au palais. Un autre monastirien fera à ce moment là son entrée à ce même palais, il s'agit de Mansour Skhiri, nommé directeur de cabinet présidentiel. Sur ces deux entrées, BCE est pour le moins incompréhensible. En effet, il écrit d'abord: «Voilà au palais de Carthage deux Monastiriens purs et durs qui, chacun pour des raisons propres, voulaient en découdre avec Wassila». Mais ces deux-là, s'ils sont aussi purs que Mzali, le sont-ils davantage que Bourguiba ? BCE prend soin, si l'on ose dire, de se contredire. Ces deux-là «ont, tour à tour, éliminé du palais ( les deux Monastiriens que sont, KEM) Allala Laouti et Habib Jr, puis écarté du gouvernement les très proches collaborateurs du Premier ministre: Ameur Ghédira, Frej Chadli, Béchir Ben Slama et même Mezri Chkir et Fathia Mzali» (p.16) soit, sur cinq victimes, trois Monastiriens et une Mzali. BCE a tout de même la lucidité d'écrire: « Réalisait-il (il s'agit de Mzali, KEM) qu'il était en train de scier la branche sur laquelle il était assis?» (p.267). En somme, pour que ces relations soient vraies, il faut que Mzali ne soit pas rationnel.
En fait, d'une part, seul Bourguiba était derrière ce manège — il n'y a pas d'«entourage» qui tienne — et , d'autre part, il voulait non seulement que le manège se sache mais que Mzali en porte le chapeau. Commençons par la publicité voulue par le président. «Saida avait remis en mémoire» de ce dernier «l'interview accordée par Wassila à Souhayr Belhassen et Hamid Berrada («Jeune Afrique» du 28 juillet 1982). Habib Bourguiba, agitant le numéro du journal, se précipite au chevet de son épouse en traitement à la clinique Taoufik à Tunis pour lui faire une scène d'une rare violence» (p.267). Inutile de dire que ce genre de tapage ne pouvait passer inaperçu dans la clinique et donc dans le Tout Tunis. Que reproche Bourguiba à Wassila? D'avoir déclaré: «Elle incarne un véritable contre-pouvoir»; «la seule opposition efficace en Tunisie, c'est Wassila»; «elle fait et défait les gouvernements et les ménages». Et BCE n'a pas manqué de relever que Wassila avait bien dit à Bourguiba: «Je t'avais montré le texte à l'avance et tu avais apprécié» (p.267). Comme BCE n'était pas présent dans la chambre de la clinique, c'est sûrement Wassila qui a rapporté cette défense — par ailleurs fondée car inscrite dans une cohérence globale — à BCE. Wassila» fait et défait les ménages»! Ce bout de phrase publié en 1982 avec l'aval et de Wassila et du président est d'une extrême importance. En effet, pour que l'on puisse «faire et défaire» et «le gouvernement» et «l'opposition», il faut que les plus en vue de la classe politique soient à genoux devant le palais. On peut affirmer à ce propos que Wassila occupe la seule place qui compte dans ce pouvoir personnel, place dont le rôle consiste à croiser les couples des ministres et des PDG pour que ces derniers soient insignifiants lorsqu'ils regardent Wassila — et donc le président — les yeux dans les yeux. C'est Ahmed Tlili qui a compris, dès 1965 au plus tard, la nature du système puisqu'il a quitté le pays le jour même de l'enterrement de celui qu'il considérait comme le dernier rempart face à la dictature: Taieb Mehiri. Celui-ci maria Habib et Wassila et a dit à cette dernière: «Nous te le confions». Ahmed Tlili avait cru au rôle d'adversaire de la France qui serait celui de Bourguiba en acceptant de créer «en 1950, en accord avec Habib Bourguiba, le Comité national de la résistance» (p.147). Et que constate-t-il quinze ans plus tard dans sa fameuse lettre à Bourguiba du 25 janvier 1966? Le régime» s'impose à son peuple par la force et refuse de l'associer à la gestion de ses propres affaires» (p.455). Dans le parti, «il n'y a plus de place pour les intellectuels militants». Car la place (...) est laissée aux autres dont certains sont des transfuges et d'anciens collaborateurs du régime défunt» (p.461), celui de la France précisément! Et même ces gens-là doivent-ils être tenus en respect par Wassila! sauf que Wassila doit tomber de son piédestal lorsque Bourguiba est devenu orphelin suite à la défection de Nouira en 1980. Une fois tombée dans l'apparence de la disgrâce, Wassila a été elle-même vouée à être la victime — apparente encore une fois — de ce système. En effet, en septembre 1986, BCE apprend «par Rachid Sfar» — que BCE dit par ailleurs qu'il respecte — qu'il était «suspecté d'être «l'ami de Wassila» (p.217). Naturellement, et pour le système, cela vaut mieux que ce soit plus qu'une rumeur; mais BCE n'a-t-il pas observé devant Bourguiba suite aux rumeurs liant ce dernier à «Madame Najet» que le président lui-même nous a «appris que la réalité des faits était importante mais, plus important encore, c'est comment ces faits sont perçus par l'opinion» (p.269). Quoi qu'il en soit, et du temps de Wassila, les croisements multiples étaient réels et systématiques pour tous ceux qui n'ont rien à se reprocher par ailleurs (voir à cet égard notre article évoquant la mission de l'architecte publié par La Presse du 7 juillet 2014). Cette interview de juillet 1982 pose un autre problème: le couperet américain signifiant la fin annoncée du règne de Bourguiba au profit de Ben Ali est-il tombé fin 1983 ou dès le début de l'été 1982 au plus tard? C'est la dernière éventualité qui nous paraît la plus probable car les affirmations de «Jeune Afrique» poussent le Premier ministre Mzali à se considérer comme étant proprement malmené par Wassila. Après cet esclandre de la clinique Taoufik, Wassila décide de faire une fugue maquillée en «omra»(petit pèlerinage) non sans avoir au préalable fait deux choses. D'abord, au sortir de la clinique, si elle va au Palais le jour, elle ne passe plus la nuit que chez elle «dans sa maison à Marsa Cube» (p.267). Ensuite elle donne crédit à «la rumeur selon laquelle son mari aurait « des vues» sur une certaine «Madame Najet, haut fonctionnaire au ministère de l'Equipement» (p.287). Dépêché «auprès d'elle (Wassila) à Djedda pour le convaincre de rentrer à Tunis (...) Mzali a dû, à son corps défendant, confirmer à Wassila (qu') il a dû lui-même céder sa place protocolaire aux côtés du Président Bourguiba à la dame (mariée!) en question» (p.268) lors de l'inauguration du Canal Medjerda-Cap Bon à Bejaoua! Bourguiba cherche, encore une fois, manifestement à faire la plus grande publicité à ses «difficultés» conjugales, manifestant également au passage son mépris pour la place du numéro deux du régime. BCE se décide à faire des remontrances à Bourguiba à ce propos en présence de Habib Junior. Curieusement, ce dernier en fit implicitement le reproche à BCE en lui disant: «Habib Bourguiba est notre président à tous deux, et il est loyal de ta part de lui dire la vérité crue, toute la vérité; mais pour moi, il est aussi mon père et il ne m'est jamais arrivé d'entendre de tels propos en sa présence. Tu m'as vraiment gêné» (p.269). En clair: Junior est dans la combine de la comédie orchestrée par le président et s'en prend d'autant à son recruté de 1952 que ce dernier n'a rien deviné.
Le scandale, parti de Tunis, a ainsi atteint Djedda. Bourguiba tenait également à ce qu'il arrive à Damas. Encore une fois, celui que Hédi Baccouche considère comme étant l'homme de Wassila (dans ses interviews à la chaîne Al Jazira de 2014) et, comme elle, marsois, à savoir BCE, est de la partie.» A la mi-mai 1985, alors que j'étais en visite officielle à Damas (...), Bourguiba a essayé plusieurs fois de me joindre au téléphone. J'ai évité de le prendre au téléphone parce que je savais que les lignes étaient écoutées et que je ne voulais pas étaler nos problèmes auprès des autorités syriennes» d'autant plus que «je réalisais l'objet de ces appels»(p.268). Précaution inutile puisqu'à partir de Djedda et au téléphone Wassila a traité son mari de» tous les noms»(p.267). Selon BCE, Bourguiba a ainsi réalisé l'exploit de réveiller la fibre monastirienne chez Mzali pour que ce dernier investisse le palais de Wassila par les deux Monastiriens «durs» que sont à ses yeux Saïda et Mansour. La nomination de ce dernier a, en effet, été l'occasion pour Bourguiba de faire porter le chapeau de la nomination de son propre chef de cabinet à Mzali. Bourguiba s'adresse en septembre 1985 dans son bureau à ce dernier en présence de Habib Jr (encore et toujours!) et de BCE pour lui dire: «Si Mohamed, c'est bien vous qui m'avez proposé la nomination de Mansour Skhiri comme directeur de mon cabinet?
-Oui, Monsieur le Président.
-Eh bien, je suis d'accord»
Puis, sans autre formalité, le Président se lève» (p.266). BCE, qui n'a pas compris, interpelle Habib Jr, lequel lui fait comprendre que « le Président voulait prendre sa décision devant témoins. Ayant rempli cette mission, nous n'avons plus rien à faire» (p.266)!
Bourguiba fit avaler une couleuvre encore plus grande au successeur de Guiga au ministère et secrétaire général du Parti Mohamed M'zali. Ce dernier nommait « le 8 janvier (1984) le général Habib Ammar à la Garde nationale (et) nommait encore en avril (1984) le général Zine El Abidine Ben Ali au poste de directeur général de la Sûreté nationale (et) a également porté Hédi Baccouche au bureau politique, chargé de la direction du parti» (p.265). Mzali porte ainsi le chapeau de la mise en selle du trio qui fera le «coup» du 7 novembre 1987, coup préparé comme on voit, minutieusement par Bourguiba.
(*) Ancien doyen et professeur émérite d'économie politique


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