Un ouvrage richement documenté qui relate l'exploit de la remise en marche de la célèbre horloge anti-horaire qui s'est tue depuis trois siècles, par la plume de l'instigateur de l'action C'est l'histoire d'un ingénieur qui crée et lance une machine... sociale à remonter le temps. Une machine qui a réussi admirablement à valoriser un pan assez original de notre patrimoine, l'horloge de Testour qui... remonte le temps. Une histoire passionnante, disons une saga qui relate avec moult détails, comme cet ingénieur, Abdel Halim Koundi a réussi à refaire fonctionner la célèbre horloge anti-horaire qui flanque la partie supérieure du non moins célèbre minaret de la grande mosquée de Testour, pittoresque ville tunisienne, fondée par les Andalous sur les bords de la Madjerda au tout début du XVIIe siècle sur les vestiges d'une ancienne cité romaine «Tichilla». L'horloge de Testour remonte le temps est le titre du livre qui relate cette belle aventure contre l'indifférence, la fatalité et l'oubli, écrit par l'instigateur de cette initiative salvatrice qui a permis à Testour de renouer avec son horloge originale, dont les aiguilles tournent dans le sens contraire d'une montre conventionnelle et dont les rouages étaient au repos depuis près, tenez-vous bien..., de trois siècles. Riche en données historiques et en photos, l'ouvrage, tiré sur les presses de notre journal, s'étale sur 270 pages. «Toujours attentif à son environnement et porté par ce même désir de privilégier le vivre-ensemble (...), je le revois aujourd'hui avec la même admiration, portant à bras le corps le fabuleux destin d'une horloge pas comme les autres, léguée à la ville de Testour par les Andalous, dont il est le digne descendant». C'est ce que l'on peut lire de la plume de si Brahim Labassi, ex-rédacteur en chef du journal La Presse, qui connaît l'auteur depuis les bancs du lycée, dans sa préface. Et de poursuivre : «Le présent livre qu'il vient de produire, sans prétention ni états d'âme, pour narrer toutes les étapes qui ont jalonné l'action citoyenne qu'il a su susciter pour la remise en état de cette précieuse relique, tombée en désuétude pendant trois siècles, atteste cet engagement exemplaire». Un processus... l'exploit Rigueur du scientifique, rêve de l'artiste, engagement du militant et minutie du documentaliste. Voilà quelques-unes des vertus qui ont guidé l'action puis la rédaction de l'ouvrage qui sont venues l'immortaliser. Se voulant aussi vulgarisateur, l'auteur n'a pas manqué d'enrichir son ouvrage de connaissances très utiles. D'abord, sur l'historique de Testour, de ses fondateurs, de quelques-uns parmi ses illustres habitants à travers les époques et de ses multiples atouts. Ensuite sur les quelques monuments dotés d'une horloge anti-horaire érigés un peu partout dans le monde tout au long de l'histoire de l'humanité. Et enfin sur la notion du temps dans la civilisation islamique et les différents moyens et outils pour le mesurer. Quant à la suite des chapitres, elle a été consacrée à l'action palpitante déjà citée, à laquelle ont participé bon nombre de citoyens, l'Association de sauvegarde de la Médina de Testour, la Municipalité de la ville et Goethe-Institut, centre culturel allemand à Tunis, qui a un programme destiné à soutenir les actions en faveur du patrimoine, et certains médias. Parmi eux, notre journal et surtout Radio IFM grâce à l'engagement soutenu de notre confrère et ami Mohamed Al Hani, rédacteur en chef à ladite radio privée, à l'époque. Avant la mise en route de cette formidable machine de mobilisation, Abdel halim Koundi, également professeur à l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis (Enit) depuis 1983 et expert international, avait préparé un solide dossier technique qui va servir de plan technique pour la remise en marche de l'horloge qui, jusque-là, n'a plus que son cadran. Il a donc fallu commander tout le mécanisme auprès d'un fabricant étranger spécialisé dans ce genre de dispositifs que l'auteur a réussi à convaincre de préserver le caractère anti-horaire de l'horloge. Une fiabilité à toute épreuve Il a aussi fallu prévoir tout un système pouvant préserver la fiabilité de l'horloge, soit son fonctionnement continu et sa rigoureuse précision. Elle a ainsi été dotée d'une «horloge mère numérique à faible taux de consommation d'énergie». Pouvant mémoriser l'heure en cas de coupure ainsi que plusieurs paramétrages de programmation et de commandes. Celle-ci a également été pourvue d'un accumulateur rechargeable capable de supporter une pause de courant de sept jours de suite. L'horloge a été en plus «reliée à un satellite par une antenne GPS pour son contrôle et sa mise à l'heure en permanence». L'ouvrage relate enfin l'impact médiatique international de cet exploit qui a été couronné le samedi 20 décembre 2014 par la remise en marche officielle de l'horloge. Il reprend aussi les réflexions que son auteur avait émises à travers ses multiples articles de presse ayant contribué à la réussite de son action (le premier article de M. Koundi a été publié dans La Presse du 7 juillet 2013) dont celle ayant trait à l'impact positif que l'horloge de Testour ne manquera pas d'avoir sur le développement culturel et touristique de la ville. Ce chef-d'œuvre du génie tunisien qui porte les empreintes du temps mais qui se voit aujourd'hui réhabilité dans sa vocation première, mesurer le temps, mais pas n'importe comment, dans le sens contraire conventionnel. Sans doute un clin d'œil nostalgique de ses concepteurs qui pleuraient leur paradis perdu, consolés comme ils l'étaient par l'avènement d'un nouveau paradis, les terres accueillantes d'une Tunisie symbole de tolérance et de vivre-ensemble. Le détour s'impose désormais pour déguster les spécialités culinaires testouriennes, admirer son architecture ainsi que l'horloge qui fait sa particularité, puisqu'elle est unique en Afrique et dans le monde arabe.