Tout exploit passe, d'abord, par les joueurs, par davantage de responsabilisation et d'engagement vis-à-vis des performances. A peu près mot à mot, nous avons entendu, ces dernières années, le même discours, la même démagogie, le même populisme au sujet de l'équipe de Tunisie. Souvent, très souvent, on se demandait quel numéro d'illusionniste devait-on nous réserver pour la suite, après un mauvais résultat, après une énième déception. Jusqu'au jour où l'heure est venue pour se poser de bonnes questions. Quel est le profil idéal du sélectionneur ? Qui pourrait être l'homme de la situation ? Le jeu de l'équipe est-il en mesure de briller sous la bagatelle des mêmes joueurs, de la même ossature ? La conclusion à laquelle nous sommes parvenus se résume en quelques mots : l'acte de remise en cause de la sélection est avant tout une obligation plus qu'un choix. Il faut dire que les exigences auxquelles est confrontée désormais l'équipe sont forcément différentes de celles déjà vécues. Un autre registre de jeu, des adversaires d'une envergure différente. Tout cela pour dire que la sélection a fortement besoin de travailler davantage pour pouvoir soutenir les contraintes du haut niveau. De nouvelles exigences, mais surtout une nouvelle vocation. On se rend compte qu'il y a aujourd'hui des joueurs prêts à mordre, à bondir sur la moindre occasion, à sortir de l'ombre et à se faire une place au soleil. Ils se préparent, ils se donnent à fond. Mais en silence, cachant leur fierté et leur désir de gloire, mais leur rêve de pouvoir est évident. Ils ne feront de cadeau à personne, et quand l'opportunité se présente, à l'instar de ce qu'ils sont en train de vivre actuellement, ils n'hésitent pas à se revendiquer en tant que tels. A croire les sociologues qui font du sport un sujet d'étude, les performances sportives refléteraient l'esprit individuel et collectif de l'équipe. Que l'exploit pousse également à la confiance, à la sérénité. Autrement dit, les joueurs qui constituent aujourd'hui l'équipe de Tunisie ne doivent pas être seulement dans une quête de résultats, mais aussi d'émotion. Tout exploit passe, d'abord, par les joueurs, par davantage de responsabilisation et d'engagement vis-à-vis des performances. En termes de dépassement de soi, d'effort et de sacrifices, tout doit y être. Car, dans le haut niveau, il faut l'aptitude, c'est-à-dire la qualité, le talent, mais aussi l'attitude. De toutes les façons, plus on a les moyens et les arguments, mieux on se structure et plus on se donne. L'apport des joueurs de l'ESS L'ossature de la sélection est constituée aujourd'hui des joueurs les plus en forme du moment. Merveilleusement incarnée par les joueurs de l'Etoile, auteurs d'une saison bien remplie, bien disputée. Ils sont actuellement le principal atout de la sélection. Kasperczak ne pouvait certainement pas mieux espérer. Face au Liberia ce samedi, ils porteront l'empreinte de l'équipe titulaire. Après tout, cela ne peut être qu'un mouvement de balancier. Les joueurs de l'ESS ont pu justement accéder à un palier supérieur. Ils confirment les fondamentaux et dans leur comportement, ainsi que leur spontanéité dans le jeu, ils ne cessent de donner l'impression d'être prêts à tous les défis, à tous les challenges. L'impératif du résultat ne doit pas entraîner des obligations dans le jeu de l'équipe de Tunisie. La génération d'aujourd'hui ne manque ni de qualité, ni d'énergie mentale et physique. En termes d'ascension et de maîtrise des événements, elle est suffisamment prête. Il n'en demeure pas moins que beaucoup de joueurs ne doivent pas se contenter de jouer sur leur talent. Ils ont encore besoin de s'affirmer et surtout d'évoluer et de progresser. Le football est une perpétuelle remise en question. Ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. La sélection devrait toujours voir devant. C'est une conscience au quotidien. L'idée préconisée ne se nourrit pas seulement de noms mais aussi et surtout de projets et de programmes de travail. Les mesures proposées par Kasperczak s'inscrivent dans la manière avec laquelle on envisage l'avenir de la sélection. Il faut dire que les défaillances du passé ont été quelque part aggravées par des appétits aiguisés, les divergences et les divisions au sein de l'équipe. Le chemin est encore long et les écueils sont nombreux. Il faudra certainement du temps, beaucoup de temps pour que la sélection puisse vraiment se remettre sur la bonne voie. A sa façon, l'équipe de Tunisie n'incarne pas seulement le présent et l'avenir, elle ressuscite, à travers ce qu'elle laisse aujourd'hui entrevoir, le passé. Pour rejoindre la cour des grands, elle devrait acquérir une véritable philosophie de jeu et une structure stable.