Au-delà des systèmes de jeu et des différents schémas mis en place, le projet de jeu et les principes collectifs de la sélection sont encore loin d'être identifiables. Ce n'est point changer de sélectionneur et tout un staff technique que de rompre vraiment avec les mauvais réflexes, les mauvaises habitudes. Faut-il s'habituer aujourd'hui à évoquer les mêmes constats et les mêmes causes qui font l'histoire récente de l'équipe de Tunisie? Il serait facile de continuer de partager le même chemin avec une sélection qui renoue ses valeurs footballistiques et dont les fondements ne font que fragiliser tout l'édifice. Beaucoup de choses éloignent les dispositions actuelles des objectifs tracés. Et ce n'est pas la petite victoire sur la Libye qui pourrait nous faire oublier les défaillances et les accumulations qui ne cessent de conditionner le parcours de l'équipe et le rendement des joueurs sur le terrain. Devrait-on aujourd'hui faire semblant d'accepter l'absence de stratégie et de programme de travail, que ce soit à court ou à long terme? Devrait-on faire semblant d'ignorer les travers, pourtant si nombreux et bien connus: incompétence, manque de légitimité, et, dans tous les cas de figure, fragilité de ceux desquels dépend justement l'avenir de l'équipe? Devrait-on faire semblant de détourner les yeux face aux dérives et aux excès des uns et des autres? Devrait-on faire semblant d'accepter cette adhésion, voulue ou pas, à un jeu qui privilégie la défense et la rigueur à l'excès? Si certaines appréhensions n'hésitent pas à tomber dans l'exagération, notre rôle à nous n'est pas de leur emboiter le pas. On peut être témoin de pratiques et de prises de position dont le sens ne laisse aucune place au doute, sans qu'il soit permis pour autant d'ériger le cas en généralité, ni d'en faire un jugement de valeur pour conclure à une tendance de fond. En même temps, il y a des signes qui ne trompent pas, qu'il faut saisir et sur lesquels il faudrait justement attirer l'attention. On se demande ce qui pourrait aider aujourd'hui l'équipe à évoluer et à progresser, à adopter le registre de jeu dans lequel elle serait justement en mesure de s'exprimer pleinement, et en ressortir toujours les mêmes manquements. Il ne vient à l'esprit de personne de s'interroger sur les raisons qui empêchent encore et toujours la sélection d'être une équipe d'attaque, formatée pour faire le jeu et pas seulement pour défendre. L'image encore brouillée! Une chose est sûre: on ne se débarrassera pas comme ça de tant d'accumulations de défaillances. Plus qu'un constat, c'est une évidence: la sélection n'est pas près de finir avec tant d'incohérence et de fragilité. Quelque part, elle est condamnée à remettre tous ses progrès en question. L'arrivée de Kaspeczak n'a rien changé jusque-là. Elle n'a rien apporté de nouveau, non plus. De toutes les façons, elle ne semble pas favoriser les aspirations souhaitées. Nous ne sommes pas tous d'accord sur la qualité du travail accompli jusque-là. Les signes de faiblesse sont plus apparents que les motifs de satisfaction. Et encore plus sur le rendement de certains joueurs. Mais, en même temps, on doit admettre qu'elle ne doit plus être laissée, notamment avec ses enjeux grandissimes, au pouvoir d'un seul homme et d'un seul groupe. Il faut trouver les solutions adéquates pour renforcer la crédibilité et l'honneur de tout le football tunisien. Plus les matches passent et plus on est convaincu que les joueurs devraient parler le même langage sur le terrain. Peuvent-ils y parvenir, notamment après le changement du staff technique? Manifestent-ils tout simplement l'envie nécessaire pour changer et évoluer? Il arrive des fois à la sélection actuelle de ressembler à l'équipe souhaitée. Mais il lui arrive aussi d'être loin du compte. Au-delà des systèmes de jeu, des différents schémas mis en place et des innombrables associations à dessiner au fil des matches, la ligne de conduite, le projet de jeu et les principes collectifs sont encore loin d'être identifiables. L'utilisation des joueurs et leur complémentarité ne répondent pas toujours aux exigences du moment. Cela ne manque pas de rappeler une vérité: on ne joue pas encore comme on aurait aimé que cela soit. La maîtrise collective, la solidité défensive, la cohérence, l'efficacité, l'engagement physique et le mental tardent encore à se manifester. Ce dont l'équipe aurait certainement besoin, notamment en prévision des prochaines échéances, c'est un jeu à grosse dominante technique. Tout est fondé là-dessus et sur la possession de la balle. Quelles que soient les tâches défensives ou offensives, les joueurs ne doivent jamais se sentir embêtés avec le ballon. Donc jamais en difficulté pour bien faire repartir le jeu de derrière, là où tout commence. Indiscutablement en voie de mutation, l'équipe de Tunisie semble subir la même pression et accumuler les mêmes défaillances. Elle donne encore l'impression de ne pas avoir acquis la fermeté du système, les articulations et la science du rythme. Elle a encore davantage de chemin à accomplir...