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«La musique classique arabe doit réintégrer notre quotidien»
ENTRETIEN DU LUNDI - Mohamed El Mejri (compositeur et musicologue)
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 10 - 2015

Dans les années 80, dans le sillage d'une génération de surdoués, il refit le bonheur de la chanson tunisienne. Des musiques d'un haut niveau et des succès populaires tout à la fois. Chose rare, très rare. On n'avait pas connu cela depuis jouini et Riahi. Titres inoubliables : «Mahla al hayat», «Akhaf alik», «Tir el hamam» et «Tawagt iji». Titre plus récent, somptueux : «Nouhebboul biled». Pour ne citer qu'eux. Période faste, riche d'inspirations et de voix d'exception. Qui s'arrêtera net, pourtant. Etudes de doctorat en France, prolongées, aussitôt, par un séjour, long, long, d'une presque décade à Masqat. De la musique toujours, mais pratiquement plus de chanson. Beaucoup ont douté : «mejri a perdu sa muse ?». Non. Le musicologue et le musicien prenaient leurs distances vis-à-vis d'une époque qui ne savait plus chanter. 2014, «Carthage», le compositeur revient. Beau concert qu'il promet d'adouber le 1er novembre au théâtre municipal de Tunis. Le professeur s'exprime aussi. Interview.
Votre retour après un long séjour au sultanat d'Oman a été marqué, l'été dernier, par le concert «hymnes à l'amour et à la paix» programmé par la 50e édition du Festival de Carthage. Vous y présentiez un choix de vos meilleures compositions, anciennes et récentes, ainsi qu'une pléiade de jeunes voix et d'interprètes confirmés. Ce concert (Voix de demain) du 1er novembre, s'inscrit-il dans une continuité ? Et de quoi au juste ?
La continuité est certaine, mais elle émane, surtout, d'une volonté de sauvegarde de la musique classique, art voué, plus que jamais aux changements...
Que doit-on comprendre par «changements» ?
Les changements que nécessitent les mutations artistiques et sociétales du monde d'aujourd'hui. Les idées, les rythmes ont muté. Les imaginaires et les goûts ont muté. La musique classique arabe doit trouver la juste voie entre le cachet propre et la recherche de tempos, de sonorités, d'expressions mieux adaptés.
Confier des compositions personnelles à de jeunes talents et encadrer ces derniers par de grands noms du chant : en quoi l'idée sert-elle le projet ?
En fait, ces deux catégories d‘interprètes sont le trait d'union entre mes compositions et le large public. Ils ont, pour ainsi dire la tâche et la responsabilité de diffuser et de propager un style de composition qui doit réintégrer l'activité musicale quotidienne et de marquer, à nouveau, une présence positive et significative dans nos vies.
Le beau chant, la chanson classique et la musique savante ont-ils réellement des chances d'être réhabilités aujourd'hui ? Les publics ont énormément changé, ils écoutent des choses différentes, pas forcément en mieux. Les médias, aussi, ont une tout autre conception de la qualité. Le combat est tout autre qu'évident, qu'en pensez-vous ?
Nous sommes devant le fait accompli de la mondialisation et de ses répercussions négatives, entachant les particularités et les options culturelles arabes. De plus, voilà plusieurs décennies que nous ne faisons que subir les conséquences et les cumuls de politiques défaillantes, partout dans nos pays. Le passif est lourd. Reste que nous ne devons pas perdre espoir...
Oui, mais que faire avec un tel bilan ?
Il faut résister à «l'acculturation» qui nous est imposée de l'extérieur, il faut savoir tirer une leçon des erreurs commises. Il faudra, surtout, que nos décideurs et nos élites travaillent en commun pour une véritable renaissance des arts en Tunisie. Ce qui nécessitera, principalement en musique, l'établissement d'une véritable stratégie.
Qu'entend-on, de nos jours, par «Voix de demain» ? On se trompe peut-être, mais le sentiment, à l'heure actuelle, est que «le réservoir» des grandes et belles voix, qui était si prolifique dans les années 60, 70 et 80, s'est comme tari depuis. Pouvons-nous rêver à nouveau, comme on a pu rêver du temps de Oulaya, Naâma, Sabeur, Bouchnaq, Sonia, Amina et Dhikra, etc, etc. ?
La durée du temps optimal de la vie artistique des uns et des autres dépend de leur souffle, de leur position sur le devant de la scène, et du degré d'avancement de leurs projets artistiques, si tant est qu'ils en ont un de bien déterminé. Maintenant, «les époques et les crus» ne comptent pas tant dans l'histoire du chant, là, de tout temps, il est nécessaire d'introduire de nouveaux talents, afin de maintenir la dynamique de la scène, et de préserver sa continuité et son élan. Pour le reste, le génie et le prestige, seuls le souffle, la présence et le projet ( vrai !) en décideront.
La musique arabe savante doit évoluer, nous dit-on, mais comment et jusqu'à quel point ? Les musiques dites «alternatives», les musiques du monde et autres «musiques mixées» ou «fusion», ont envahi nos écoutes, la musique classique ne peut tout de même pas se contenter de suivre le mouvement.
La musique arabe se doit d'évoluer. Elle est plus que jamais vouée aux changements. Et cette évolution ne doit pas avoir de limites, elle doit s'effectuer dans toutes les directions. A la condition, absolue, de garder son cachet propre, ses bases culturelles, ce qui fait sa particularité.
Comment se dessine d'après-vous le futur de la musique (et plus particulièrement de la chanson) dans le monde arabe, et en Tunisie ?
L'avenir de la musique classique arabe est très flou. Très en danger même. Raison principale : l'absence d'une politique et d'une stratégie culturelle et médiatique efficace visant à lui assurer existence et rayonnement...
Politiques culturelle et médiatique de concert ?
On ne peut faire autrement avec le passif et le retard accumulés depuis près de trois décennies.
Un plan quinquennal de la culture vient de se mettre en route. Parmi ses idées, force figure le retour des arts aux écoles et aux lycées. Partagez-vous cette option ? Et que proposeriez-vous d'autre pour le développement du secteur de la musique dans notre pays ?
Promouvoir les arts dans les écoles de base est essentiel, puisque c'est la période la plus sensible de la formation des générations futures. Mais il reste, aussi, beaucoup à faire, à mon avis, en matière d'enseignement et de formation des professionnels eux-mêmes, afin de rehausser davantage leurs capacités et leur niveau.


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