Par Mahmoud HOSNI UN remaniement ministériel sera annoncé par le chef du gouvernement, au terme des débats budgétaires de l'ARP pour l'année 2016. Ces débats devraient prendre fin au plus tard le 10 décembre, c'est-à-dire dans le courant de cette semaine. Il faudrait donc s'attendre à ce que ce remaniement soit annoncé ce week-end. Beaucoup plus qu'un remaniement, c'est à une restructuration des ministères que le chef du gouvernement va procéder. Une restructuration qui réduira le nombre des départements et des secrétariats d'Etat, actuellement de 38, et que des partis politiques et des députés ont critiqué le grand nombre. Cela est d'autant plus vrai que l'armada de ministres et de secrétaires d'Etat non seulement n'a pas les moyens de ses ambitions, au vu des moyens budgétaires de l'Etat, mais coûtent cher à la communauté nationale en matière de dépenses de gestion (salaires et avantages multiples). Disons-le tout de suite : cette restructuration survient même tardivement. Elle aurait dû intervenir dès la montée du fléau du terrorisme, le pays étant entré carrément en état de guerre contre une hydre à mille têtes et que des priorités auraient dû être fixées, s'étant imposées d'elles-mêmes, comme l'emploi et le développement régional. Le bilan, aujourd'hui, de l'actuelle équipe gouvernementale est maigre et bien en deçà des attentes des Tunisiens. On a même l'impression que l'équipe travaille sur le moyen et le long termes, parlant de stratégie, du futur plan de développement comme s'il s'agissait d'un pays en situation normale et poursuivant un processus de développement déjà engagé. Or, la Tunisie est doublement secouée, et profondément. D'abord, du fait des dérives et des dérapages de la révolution qui non seulement ont stoppé net les investissements et, partant, la croissance, mais ils ont, en plus, fait fuir les investisseurs implantés dans le pays ou ceux ayant l'intention de s'y installer. Les trois attentats terroristes de 2015 ont fini par mettre à genoux un secteur vital pour le pays : le tourisme. La situation a empiré avec les grèves et l'agitation sociale faites de revendications et de surenchères. Du coup, la machine économique s'est trouvée bloquée, avec la guerre contre le terrorisme en sus. Quel dessin faut-il faire pour Essid afin qu'il se rende compte que le pays est gravement menacé et que la barque prend l'eau de toutes parts et qu'il n'y a plus lieu de colmater les brèches et de répondre au coup par coup. Seule éclaircie au tableau jusqu'ici : le succès de nos forces de sécurité et de l'armée à débusquer les nids terroristes et à dévoiler des plans d'attaques. Pour le reste, la visibilité est demeurée presque nulle, souvent archaïque et inespérée d'un système révolu. Corruption, nonchalance administrative — les visites inopinées de quelques ministres ont mis à nu ces carences — inefficience de ministres qui évoquent des stratégies du futur, loin du pays réel et du pays virtuel. Mieux vaut tard que jamais, dit le proverbe. Et Habib Essid qui a fini par se rendre compte de ce dysfonctionnement entre la réalité pressante et le futur proche ou lointain, a-t-il enfin réalisé l'écart entre les exigences immédiates et les promesses de lendemains meilleurs ? Aujourd'hui, plus que jamais, le pays a besoin d'une équipe agissante, efficace, capable de redresser la barre et de mettre en place la stratégie de l'étape. Une étape décisive qui fait sortir le pays de l'ornière. Une équipe soudée pour un pays en guerre totale : contre le terrorisme et contre la misère. Les temps ne sont plus pour une navigation à vue.