«Nous formerons d'autres pépites dans les cages. C'est une vocation chez nous» Les gardiens tunisiens font-ils l'unanimité en dehors des frontières ? Ont-ils la cote, comme on dit. Si les chiffres sont têtus dans ce cas d'espèce (aucun des nôtres n'exerce en ce moment à l'étranger), il serait aussi judicieux de noter que nous n'avons pas de tradition dirigée vers l'exportation de gardiens, à quelques exceptions près. Pour éclairer notre lanterne, nous nous sommes adressés à Slah Fessi, responsable du plateau technique chargé de la formation des gardiens du CA: «Il faudrait tout d'abord recentrer le débat. Certes, la visibilité à l'international de nos portiers est restreinte mais ce ne sont pas pour autant des boulets, loin de là. Plusieurs facteurs prouvent le contraire et montrent l'étendue de l'impact de nos gardiens sur le jeu. Du point de vue empirique, la formation de nos gardiens de but a longtemps été à l'avant-garde et vantée par tous, surtout hors de nos frontières. Actuellement, il serait faux de dire que nous connaissons un creux générationnel. Derrière l'intéressant contingent du moment, celui de l'élite (Moez Ben Cherifia, Ben Mustapha, Balbouli, Rami Jeridi, Krir, Ali Kalaï...), la relève est là, prête à prendre le relais au bon moment. Le plus important, c'est de s'imposer une fois lancé. Cependant, pour revenir au sujet qui nous concerne, il est vrai que les gardiens s'exportent un peu moins, ils ont moins la cote que les attaquants, par exemple. Je ne pense pas qu'ils soient moins bons qu'il y a dix ou quinze ans, mais ils ont peut-être moins progressé qu'ailleurs. Il y a quand même de très bons gardiens. Bien moins exposés, ils n'ont pas toujours l'occasion de se frotter au plus haut niveau. Une limite criante quand on veut prétendre faire partie du gratin international, voire continental. La thèse de l'enlisement La thèse de l'enlisement prend ici tout son sens, sachant qu'un club est avant tout une vitrine pour un joueur. Or, si un gardien n'a pas droit aux mêmes feux de la rampe, évoluant dans un championnat relevé, passionnant et passionné, sur des pelouses magnifiques, il ne peut devenir une cible. Rien que chez nous, et après trois participations successives au Mondial, nous avons eu la chance de compter Chokri El Ouaer comme l'un des meilleurs gardiens du monde mais aussi Ali Boumnijel. Par le passé, Attouga, Abdallah, Mokhtar Naïli, Mondher Ben Jaballah, Zitouni, Bourchada, Abdelwahed, Adel Nefzi, et j'en passe, auraient pu passer pros à l'étranger et épouser une carrière au plus haut niveau. Ces derniers (dans le désordre des dates) ont clairement changé la donne. Désormais, en Tunisie, depuis plus de quarante ans, et outre le talent, les clubs recherchent des remparts imposants et capables de relancer proprement. On cherche désormais à additionner des aptitudes techniques et des morphologies spécifiques sous l'œil avisé de connaisseurs et de spécialistes. Cette tendance peut s'expliquer par le fait que, depuis un certain temps, un diplôme d'entraîneur des gardiens a été instauré, avec une formation spécifique. Ça a donné des résultats et permis de révéler des locomotives importantes. A un moment donné, il y avait abondance à ce poste, et il y a encore de bons jeunes qui arrivent. Vous savez, il y a des modes dans le football. Hier, c'était les pivots. Aujourd'hui, ce sont les avants. Il y a quelque temps, c'étaient les derniers remparts au vrai sens du terme qui étaient pistés. Il y a même eu une période où le CA, l'ESS et l'EST comptaient au même moment, au sein de leur équipe type, un portier africain. Cependant, il ne faut pas se complaire dans des prototypes précis. Certes, chez les gardiens, on privilégie la taille.