De notre envoyé spécial à Johannesburg Nizar HAJBI Le soutien de la Chine aux pays africains est de plus en plus multiforme. Pour le plan de coopération 2016-2018, il sera d'un montant global de 60 milliards de dollars. L'aide de la Chine à l'Afrique, depuis une quinzaine d'années et avec l'établissement du forum de la coopération sino-africaine en 2000, est constante et elle est perçue comme un acte déterminant pour un développement synergique. Désormais, le soutien chinois aux pays africains dépasse le développement de l'infrastructure dans sa perception ancienne pour aller mettre, de commun accord, des plans d'intégration régionale et internationale afin de favoriser le développement du continent, ce qui impacte positivement les économies locales en Afrique et aide à renforcer la dynamique interne africaine pour le développement économique. En soutien à ces notables progrès, les dirigeants africains ont appuyé l'appel du président chinois, Xi Jinping, à renforcer les cinq «grands piliers» que sont l'égalité politique et la confiance mutuelle, la coopération gagnant-gagnant, les échanges culturels mutuellement enrichissants, l'assistance mutuelle en matière de sécurité, ainsi que la coordination et la solidarité en matière d'affaires internationales. Afin de passer à ce nouveau palier de coopération, les deux parties ont convenu de mettre en œuvre dix plans de coopération majeurs dans les trois années à venir dans les domaines de l'industrialisation, de la modernisation agricole, de la construction d'infrastructures, des services financiers, du développement vert, de la facilitation du commerce et des investissements, de la réduction de la pauvreté, de la santé publique, des échanges entre les peuples, ainsi que de la paix et de la sécurité. Le sommet, outre le renforcement de la coopération et les échanges économiques, a donné sur un plan d'aides chinoises au profit des pays africains pour un montant global de 60 milliards de dollars, et ce, dans le cadre d'une coopération tripartite, puisque la Commission de l'Union africaine en fait partie, elle qui désignera bientôt un ambassadeur pour la représenter à Pékin. La Chine a, jusque-là, aidé l'Afrique à construire 5.675 km de chemins de fer, 4.507 km d'autoroutes, 18 ponts, 12 ports, 14 aéroports et terminaux, 64 centrales électriques, 76 installations de sport, 68 hôpitaux, plus de 200 écoles et 23 centres de manifestation agricole. Aussi, elle a accordé 55.000 bourses gouvernementales à l'Afrique depuis 2000. La Chine est présente en Afrique dans une multitude de domaines : infrastructures, santé, Technologies de l'information et de la communication (Tic), agriculture, commerce et industrie. Cette présence est constante, ce qui a fait bénéficier les pays africains de cette proximité et alors que le volume du commerce entre la Chine et l'Afrique était de dix milliards de dollars en 2000, aujourd'hui l'empire du Milieu est devenu le premier partenaire commercial du continent africain avec des échanges commerciaux estimés à 300 milliards de dollars entre les deux parties pour l'ensemble de 2015. Outre les échanges commerciaux, les relations sino-africaines se sont développées durant les dernières années pour englober les échanges professionnels et universitaires ainsi que le domaine des recherches. Aussi, les aides dans le domaine de la santé ont été toujours un pilier de cette coopération dont les institutions africaines, principalement l'UA et la BAD, font partie. C'est que les Chinois étaient précurseurs en termes de lutte contre la propagation de l'Ebola et les hépatites, ainsi que la lutte contre plusieurs maladies parasitaires comme le paludisme. Pour cette dernière, la chercheuse chinoise Youtou Tu est parvenue à développer un traitement efficace à partir d'herbes médicinales chinoises. D'ailleurs on vient de décerner le prix Nobel à Youyou Tu qui a découvert l'artémisinine, dont l'apport réduit de façon importante le taux de mortalité des patients atteints de paludisme. L'internationalisation du yuan «L'aide chinoise pour l'Afrique respecte le principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays, d'absence de conditions politiques et n'offre jamais de promesses vides», a déclaré récemment la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, réfutant «les théories de médias occidentaux selon lesquelles l'Afrique n'aurait bénéficié que légèrement de l'aide chinoise». Et de préciser que l'aide chinoise pour l'Afrique n'a jamais été assortie de conditions politiques et qu'elle a été chaleureusement accueillie. La coopération sino-africaine est considérée tant par les dirigeants chinois que par leurs homologues africains comme une aubaine pour un développement commun profitable aux deux parties sur un pied d'égalité et l'on préconise d'ailleurs de passer à un autre niveau de concertations politiques quant aux questions régionales et internationales. Par ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) vient de décider d'intégrer le yuan chinois (RMB) dans le panier de devises composant son unité de compte, les Droits de tirage spéciaux (DTS). Le yuan rejoint ainsi dans le panier des DTS le dollar américain, la livre britannique, le yen japonais et la monnaie unique européenne, l'euro. La décision, précise-t-on, n'entrera pas en vigueur avant fin septembre 2016, de manière à donner le temps aux acteurs des marchés financiers de s'y adapter. En guise de préparation à ce nouveau facteur monétaire régional et international, la Banque d'Algérie, à titre d'exemple, a instruit les banques intermédiaires agréées pour commencer, à compter du mois en cours, à utiliser le renminbi (ou yuan, monnaie chinoise) comme monnaie de règlement des importations venant de Chine. D'autre part, des institutions financières chinoises ont procédé depuis quelque temps à l'instauration d'un nouveau système de notation des crédits, et ce, pour équilibrer la donne face au système en vigueur actuellement et qui est largement critiqué pour manque de transparence... Tant de facteurs qui confirment que l'option de coopération avec la Chine est dictée aux pays africains et par les vieux liens d'amitié et par le contexte économique mondial, ce qui est bénéfique pour les Africains tout comme pour les Chinois sans trop entrer dans les procès d'intention ! Même si l'on peut dire que, sur ce plan, l'histoire dit que la Chine n'a jamais colonisé un pays africain, ce qui n'est pas le cas des pays d'origine des médias qui ont insisté ces derniers temps pour faire du bruit autour de cette coopération sino-africaine...