Si l'attirail de l'attaquant comprend une bonne frappe et un bon jeu de tête, il est important d'être aussi adroit qu'impliqué collectivement. Jusqu'ici, les prestations et la production clubistes n'ont pas été à la hauteur des attentes. Mais l'avènement de Ruud Krol serait en passe de raviver le souvenir d'une équipe joueuse, pressante et vive comme l'éclair. Evidemment, l'on attend les premières sorties officielles pour étayer cette thèse. Mais de toute évidence, selon les observateurs, ce CA-là a déjà retrouvé quelques vertus collectives que ce soit en amical ou lors des répétitions. C'est dire que pour peu que la rigueur soit de mise, l'équipe finira par engranger des points, décoller au classement et disposer d'une véritable identité de jeu. Forcément, le technicien batave s'y attelle non sans avoir décelé quelques lacunes, sources de régression depuis le début de saison. La transition, la transmission, le retour au charbon, l'animation, le redéploiement, tout cela concourt à bonifier le jeu sans pour autant s'exposer la plupart du temps. Ce fut loin d'être le cas durant la majeure partie de la phase aller de cette saison. Des matchs repères tel que les trois confrontations face aux «grands» sont ainsi révélateurs de ce manque de lucidité chez une équipe volontaire mais victime de son imprudence et de sa dispersion tantôt. Ligne par ligne, la construction-production des joueurs a manqué de suite dans les idées. Une défense friable Si l'invincibilité se trouve dans la victoire, l'invulnérabilité passe par la «case» défense. C'est valable pour un CA dont l'arrière-garde n'est pas un modèle de fiabilité et de robustesse. Cependant, et à décharge, entre les blessures (Tka, Ifa, Walid Dhaouadi, Agrebi, Haddedi), ou encore les états d'âme (refus de Ben Yahia de glisser sur le flanc), elle a trop rarement été au complet. Mais ça n'explique pas tout. Le mal est plus profond et tenace, les erreurs plus cocasses, le tout sur fond de dispositif défensif où le quatuor d'arrières connaît régulièrement un retard à l'allumage... Exemple et parfait contre-exemple La saison passée, le tandem Khelifa-Meniaoui fut porteur d'un vrai projet d'attaque, éclaboussant plus d'une rencontre de leur virtuosité offensive. Cette saison, leur apport et réalisme respectif ont pris une ride, l'impact sur les résultats a été négatif. La roublardise de Meniaoui conjuguée à la capacité d'accélaration de Sabergoal, ce cocktail inédit et payant a forcément manqué à ce CA-là. En lieu et place des deux avants précités, les successeurs ont représenté à la fois tout ce que ne doit pas être et tout ce que doit être un attaquant. Commençons par la recrue algérienne. Brahim Chenihi, parce que c'est de lui qu'il est question, n'avait sur le papier vraiment rien de l'attaquant idéal malgré un C.V intéressant. Une masse musculaire discutable, un physique chétif et une frappe de balle poussive quoique son habilité technique ne soit pas mise en doute. Touzghar, quant à lui, est le parfait contre-exemple de Chenihi. Athlétique, ce joueur puissant, fort dans les duels, bon dans les airs, est capable de peser sur une défense mais peine toutefois à sentir le jeu; contrairement à des attaquants au gabarit plus modeste mais plus agiles. En dépit d'un seul but marqué, il a des qualités spécifiques, comme cette capacité de répéter des efforts intenses (appels de balle, courses balle au pied) et résister aux charges des défenseurs adverses. Cependant, être attaquant, c'est avant tout savoir tout faire très vite. C'est grâce à sa vitesse gestuelle qu'un attaquant fait la différence. En quoi ça consiste ? Aller vite et déclencher rapidement des frappes dans des espaces réduits. En théorie, et globalement si l'attirail du grand attaquant comprend une bonne frappe et un bon jeu de tête, il est évidemment aussi important d'être adroit que de prêter main forte en situation de repli et revenir au charbon quant cela est exigé (à l'instar de Saber Khelifa). Cela peut paraître paradoxal, mais les attaquants sont de plus en plus jugés sur leur capacité à bien...défendre. Quand son équipe n'est pas en possession du ballon, son rôle est essentiel pour gêner la première relance adverse et empêcher les passes entre défenseurs adverses. Un attaquant qui défend intensément, c'est aussi un signal envoyé à ses coéquipiers pour prouver que toute l'équipe est concernée par la récupération de ballon. Au CA, quitte à nous répéter, un seul avant s'est avéré généreux à la récupération. Il s'agit de Saber Khelifa. Enfin, pour revenir aux disponibilités offensives du moment, une autre pointe n'a jusque-là pas été mise à profit. Précédé d'une solide réputation de prédateur des surfaces, Lassâad Nouioui compense quant à lui sa lenteur d'exécution par sa vision, son flair, son anticipation et son aptitude à aimanter le ballon. Du temps de son épopée espagnole au Deportivo Lacorogna, cet avant instinctif, dont la carrière a été jalonnée de succès, tentait des gestes spontanés sans se poser de questions. Le plaisir d'oser conjugué à un brin d'audace et de détermination, c'est là que se situe la différence entre un attaquant en confiance et un autre miné par une prudence gestuelle, sorte de part d'ombre du métier de buteur. Pour «remplir les blancs», il lui faudra forcément combiner implication et investissement. A Ruud Krol de montrer la voie et d'orienter le travail spécifique vers une interaction entre confiance et convictions.