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Tribune: Et le panier de la ménagère ?
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 08 - 2021


Par Nizar Ben SAAD | Universitaire |
En cette année 2021, deux dates phares sont à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire contemporaine de la Tunisie. Le mouvement déclencheur du 25 juillet a été suivi par l'euphorie du 8 août qui a vu la vaccination de plus de 500.000 citoyens. Un véritable tournant dans la lutte contre le coronavirus qui a révélé, une fois encore, la capacité des Tunisiens de créer l'événement. Le Président Kaïs Saïed a gagné son pari en organisant cette journée nationale de vaccination contre le Covid-19, n'en déplaise aux esprits aigris, chagrinés, qui ont cyniquement souhaité la mort aux Tunisiens.
Halte aux paroles et aux prêches, le Président Kaïs Saïed veut des mesures sociales concrètes, en priorisant l'amélioration de la vie quotidienne du citoyen. Ferme sur ses étriers, droit dans ses bottes, il a osé s'attaquer au despotisme économique qui sévit depuis une décennie, avec son lot de corruption, d'impunité et de prévarication
. Multipliant les appels auprès des acteurs économiques, tout particulièrement auprès des responsables de circuits de distribution, le Président Kaïs Saïed, avec une sincérité totale et fondamentalement éthique, veut lutter contre le monopole et la spéculation. Toutefois, les appels du Président ont-ils été entendus ? Il y a un risque de dispersion, tant il est vrai que les dernières baisses de prix consenties par certains secteurs sur quelques produits n'ont strictement eu aucune répercussion sur le pouvoir d'achat du Tunisien. Erodé, le panier de la ménagère n'en sera que davantage affecté. Et c'est là que le bât blesse. La lutte contre la corruption doit nécessairement commencer par le fait d'éradiquer les manipulateurs des circuits de distribution parallèle, ces prédateurs dont l'avidité excessive n'a fait qu'accroître les misères de nos pauvres agriculteurs. Lors de sa visite inopinée aux centres de réfrigération des produits agricoles, le Président a déclaré : «C'en est fini avec ces circuits qui ont été créés pour affamer le peuple tunisien».
L'on doit, dès lors, s'attendre à des contrôles impromptus dans les marchés de gros, à un audit des différents intervenants du marché pour mieux comprendre la réalité des choses. La présidence devrait ensuite charger d'incorruptibles inspecteurs du ministère du Commerce afin de sévir contre les spéculateurs et pour apporter les correctifs nécessaires dans le but de soulager «le panier de la ménagère».
Reconnaissons-le quand même : la pugnacité du Président a acculé l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche à élaborer un projet pour la création d'un «Conseil supérieur pour la souveraineté alimentaire».
L'autre volet concerne «les barons de la contrebande» qui accumulent leurs fortunes aux dépens de l'économie nationale. Curieusement, la fraude fiscale ne choque plus personne. Intraitable sur cette question, le Président a affirmé avec fermeté que la loi sera appliquée sans exclusion ni exclusive, et que les corrompus devaient être poursuivis, traqués, punis. Visiblement, depuis 2011, la faillite morale prévaut dans la classe gouvernante. Les présomptions de corruption pesant sur certains élus vont crescendo. Mais a-t-on vu des têtes tomber ?
Les risques de manipulation
Présenté par Le Canard Enchaîné, édition du 11 août 2021, comme «Le nouveau de Gaulle tunisien», en référence à celui qui a établi le régime semi-présidentiel et promouvait la participation socioéconomique, le Président Kaïs Saïed bénéficie d'un prestige certain, agit en homme de bien qui parle de bien et ce, pour le bien de tous les Tunisiens. Il s'est particulièrement montré plus hardi que ses prédécesseurs en faisant montre de traits de conduite qui imposent le respect et rétablissent l'autorité de l'Etat, sans cesse bafouée. Il est en tout cas résolu à défendre cet impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne, afin de promouvoir les valeurs qui, dans toutes les langues et toutes les cultures, fondent la dignité de l'être.
Les vents ont certes tourné assez bien, mais la vigilance est de mise tant les questions qui font débat restent en suspens. La feuille de route tant attendue peine à venir, ce qui accroît la confusion à l'intérieur notamment et auprès des bailleurs de fonds étrangers. La nécessité de disposer de cette feuille de route crédible et engageante repose sur une réalité et correspond à une certaine urgence. Elle permettra de dissiper les craintes nourries de voir s'installer en Tunisie, sous le couvert de mesures exceptionnelles, un régime autoritaire et népotique. Tout retard dans la mise en place des «réformes nécessaires» aura des conséquences sociales fâcheuses.
Faute d'avoir à ce jour un gouvernement opérationnel, le Président risque de se mettre une large partie des organisations nationales, de la société civile et des partis politiques à dos. Face à un Président farouchement déterminé à aller de l'avant, les uns courbent l'échine, les autres usent de subterfuges et de moyens détournés pour ternir l'image du Président que certains spécialistes de l'obstruction systématique qualifient de « putschiste ». Les talents manœuvriers du parti islamiste n'auront pas de limites. Le contrat de lobbying qui a été publié par le ministère de la Justice américain le 29 juillet, impliquant le parti Ennahdha, le prouve. Multipliant les interviews avec les organes de presse étrangers les plus influents, le président d'Ennahdha et de l'ARP gelée ne fait que dénigrer le Président. D'après l'entretien qu'il vient d'accorder au journal britannique «The Independent», nous devrions croire que si le Chef du parti islamiste «a fait preuve de retenue jusqu'à maintenant» ce serait pour éviter à la Tunisie un «bain de sang», tant ses partisans, en défenseurs patentés de la démocratie, ne lésineraient sur aucun effort pour «défendre» les acquis en matière de liberté et de droits de l'homme nouvellement acquis en Tunisie ! Limitées par les œillères de leurs préjugés et par leur nostalgie d'un Califat d'un autre âge, les vociférations des théocrates ne visent en fait qu'à brouiller les cartes et à entretenir la désinformation et la confusion. De telles menaces ne sont pas étrangères à ce Parti spécialiste en la matière.
Au moment où la Tunisie est meurtrie par une quatrième vague du Covid 19, le lobbyiste Radhwan Masmoudi se sert des doses de vaccins promises à la Tunisie pour faire pression sur le Président Kaïs Saïed afin qu'il renonce aux décisions qu'il a prises le soir du 25 juillet. Rester aveugles à ces faits prête le flanc à l'incompréhension, à la discorde et à la critique la plus insidieuse. Il faut que les Tunisiens gardent leur lucidité ! Repli stratégique : le mentor du parti islamiste vient de quitter le navire sous le fallacieux prétexte de s'occuper de la démocratie.
Par ailleurs, la récurrence des coupures d'électricité et d'eau suscite de plus en plus l'inquiétude. Les feux de forêt qui se sont déclarés dans notre pays, et que d'aucuns attribuent à des actes criminels, sont peut-être à relier aux propos haineux tenus par certains dirigeants : «Si nous quittons le pouvoir, nous mettrons le pays à feu et à sang». Gardons dans notre mémoire collective quels sont les auteurs de ces propos. Manifestement, un travail de sape s'organise insidieusement pour déstabiliser l'Etat.
Le comble serait que notre actuel Président, à force de manipulations des islamistes et des corrompus, danger imminent qui l'a acculé à appliquer courageusement l'article 80, ne tombe pour n'avoir pas été en mesure de résoudre les vrais problèmes auxquels il veut pourtant s'atteler : la détérioration de la vie économique, de la santé publique, du secteur névralgique de l'éducation nationale, des services de transport qui sont dans un état pour le moins lamentable, sources, entre autres, de la contagion du coronavirus.
Revenir à la situation normale passe inéluctablement par l'activation de l'article 163 relatif aux élections et référendum. Lequel stipule : «S'il est avéré par la Cour des comptes, les membres de la liste ayant bénéficié d'un financement étranger perdent la qualité de membre de l'Assemblée des représentants du peuple». Un grand nombre de députés sont concernés. L'ARP sera automatiquement dissoute. Le Président pourra engager un référendum pour réformer, à la fois, le système politique et la loi électorale qui n'ont profité jusqu'ici qu'au parti islamiste et à ses satellites. Des élections législatives anticipées seront corrélativement annoncées.
Choix en matière de justice et d'efficacité
En brandissant la crainte que le Président ne se serve d'alibis pour cumuler toutes les fonctions et pour réunir entre ses mains tous les rouages de l'Etat, certains magistrats ont manifesté leur grande inquiétude face à « l'ingérence » dans le secteur judiciaire du Président en tant que pouvoir exécutif, lequel a placé des juges en résidence surveillée et les a empêchés de voyager en vertu de la loi S17. L'affaire de la juge opérant dans le trafic de devises a défrayé la chronique. Ce qui importe pour le citoyen lambda, c'est l'application stricte de la loi, c'est la lutte impitoyable contre l'évasion fiscale et le trafic de devises. Le risque d'une justice à double vitesse est énorme. Un immense chantier à peine ébauché ! Le Président en est parfaitement conscient. Si le véritable principe fondateur de l'organisation des pouvoirs publics, qui n'est autre que la séparation des pouvoirs, n'est pas respecté, le citoyen tunisien sera — et se sentira — désarmé face aux risques multiples du despotisme. La souveraineté populaire et la démocratie, incarnées dans la toute puissance de la Loi et dans sa stricte observance, risquent de n'être qu'une formule vaine et creuse.
En revanche, ce qui lui est reproché réside dans le fait de placer ses hommes partout, comme l'a fait depuis 2011 le parti islamiste. Or combattre le mal par le mal n'est jamais productif, néfaste même. Le Président s'est pourtant voulu rassurant quant à la logique du butin, celle de la distribution des postes éminents au sein du gouvernement aux proches et aux amis. S'il veut marcher sur les pas d'Omar Ibn Al-Khattab, dit «le juste», modèle incontesté du Président, il doit tenir compte du principe «l'homme qu'il faut à la place qu'il faut». Ce qui n'était pas hélas le cas pour le gouvernement Fakhfakh nommé par le Président, et encore moins pour celui de Mechichi. Un autre faux pas ferait voler en éclats cette confiance dans un Président pas comme les autres, soucieux d'impartialité, d'équité et d'égalité.
Le Président Kaïs Saïed n'a pas non plus intérêt à pratiquer la diversion, encore une spécialité du parti islamiste, en occupant la classe politique et l'opinion publique par des sujets, somme toute mineurs, par rapport à la gravité de certains abus commis par les partis au pouvoir depuis 2011.
Autant les Tunisiens jubilent de voir le despotisme religieux déstabilisé, abattu, autant ils nourrissent quelques appréhensions quant au retour du despotisme politique. Pourtant, le Président s'est voulu rassurant, et a affirmé, à maintes reprises, qu'il entend consacrer l'Etat de droit, défendre les acquis en matière de liberté et de démocratie et que tout glissement vers l'autoritarisme n'est qu'une vue de l'esprit, voué par conséquent à l'échec. Pour dissiper ces craintes, les Tunisiens ont besoin de voir un gouvernement efficace se mettre en place. Le choix de tel ou tel chef de gouvernement ainsi que celui de ses collaborateurs, notamment les ministères de souveraineté, doit se faire dans la transparence totale. Un chef de gouvernement doté d'une vision, ayant une véritable intelligence de terrain, un meneur d'hommes capable de mettre en synergie des intelligences collectives, de remettre le pays au travail, pour relancer une économie mal en point. C'est seulement en stimulant la machine économique que les Tunisiens retrouveront la confiance en eux-mêmes et dans l'avenir de leur pays.


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