La Haica dévoile un document d'orientation protégeant la liberté d'information et évitant qu'elle soit délimitée par la loi Les participants à une conférence organisée hier au siège de l'agence Tunis-Afrique Presse ont mis en exergue la nécessité de trouver un consensus sur les règles professionnelles à respecter lors de la couverture des évènements sécuritaires, à la fois pour garantir l'accès du citoyen à l'information et éviter aux journalistes des poursuites judiciaires. Les participants à la conférence sur « la couverture médiatique des évènements sécuritaires : respect des exigences de la profession et de la sécurité nationale » ont invité les chargés de la communication au sein des appareils sécuritaire et militaire à communiquer l'information aux journalistes en temps voulu « pour ne pas les contraindre à chercher l'information auprès des sources non officielles » et éviter, ainsi, la propagation de la rumeur et des informations erronées. Ils ont affirmé la nécessité pour le journaliste de vérifier ses informations et de citer des sources crédibles dans les domaines sécuritaire et militaire, estimant que le journaliste doit être «engagé dans la guerre contre le terrorisme. » Présentant le projet d'un document d'orientation préparé par la Haute instance indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) sur la couverture médiatique des évènements sécuritaires, Radhia Saidi, membre de la Haica, a indiqué que le document se propose de protéger la liberté d'information et d'éviter qu'elle soit restreinte par la loi. Cela passe, a estimé Saidi, par le respect des journalistes d'un certain nombre de règles déontologiques dans la couverture des incidents sécuritaires, particulièrement en période de crise. Le document, a expliqué Saidi, comporte des recommandations pour garantir une couverture qui répond aux attentes du public, sans menacer la sécurité nationale et les droits des victimes et leurs familles. Parmi les règles à respecter par le journaliste, le document cite le respect des données personnelles et la non-diffusion des réactions des familles des victimes ainsi que les discours incitatifs ou menaçants ou des photos et enregistrements de nature à choquer le public. Pour sa part, la présidente-directrice générale de la TAP, Hamida El Bour, a évoqué l'équation difficile à résoudre entre les appels de la société civile défendant le droit du citoyen d'accéder à l'information sécuritaire et militaire et le droit de réserve qu'impliquent ces mêmes informations. La conférence, a-t-elle ajouté, traite de la question de la mise en examen de certains journalistes en vertu de la loi antiterroriste et de la polémique suscitée par l'article 25 de la loi sur l'accès à l'information s'agissant des exceptions prévues pour les institutions militaire et sécuritaire. La P-D.G. de la TAP a pointé du doigt la rétention de l'information au niveau des sources officielles dont souffrent les journalistes sur le terrain lors de la couverture des évènements sécuritaires. Il s'agit, selon elle, de déboucher sur des recommandations en vue de rapprocher les vues entre les appareils sécuritaire et militaire et les journalistes. Dans son intervention, l'expert sécuritaire, Noureddine Ennaifer, a mentionné les problèmes rencontrés par les journalistes lors de la couverture des évènements sécuritaires en raison des contradictions relevées dans la loi antiterroriste et certains articles du code pénal et leur rapport avec le décret-loi 115 qui dispose que les journalistes peuvent divulguer leurs sources « pour un motif impérieux de sûreté de l'Etat ou de défense nationale et sous le contrôle de l'autorité juridictionnelle. » Il a, dans le même ordre d'idées, expliqué que les exigences du secret professionnel sont principalement motivées par des raisons sécuritaires et la protection des intérêts du pays et du peuple, faisant remarquer que la loi tunisienne n'a pas défini ces intérêts. Selon l'expert, la région s'apprête à vivre une guerre imminente, face à la présence croissante de l'organisation terroriste Daech en Libye, et la disposition internationale d'engager une intervention militaire. D'où la nécessité, a-t-il souligné, pour les appareils sécuritaire et militaire de développer leurs moyens de communication et d'améliorer leur relation avec les journalistes, en définissant les missions stratégiques des deux appareils.