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Un rapport très inquiétant des experts onusiens
Situation en Libye
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 03 - 2016

Une fois sur place, les jihadistes sont accueillis, pris en charge et hébergés dans des centres bien organisés, souvent avec la complicité agissante de dignitaires libyens
Le 4 mars dernier, un groupe d'experts de l'ONU a transmis aux Nations unies, au Conseil de sécurité, un rapport sur la situation en Libye. Les infos sur son contenu ont commencé à filtrer le 9 mars. Cela dit, aucun des nombreux journaux internationaux qui en ont parlé ne donne de détails sur ledit rapport, ni où trouver une copie intégrale. Il s'agit d'un document exceptionnel qui arrive à un moment exceptionnel, parce qu'il fait le point sur la situation militaire à la frontière tunisienne. Et permet donc de prendre la mesure de la menace.
La Presse a étudié le document qui comporte 222 pages. La plus grande partie est constituée d'annexes en anglais, dont plusieurs parties vers la fin concernent le pétrole. Mais le cœur du rapport analyse le processus politique, les forces en présence, les groupes armés, la contrebande, le pillage, le banditisme, le trafic d'armes entre autres. La Tunisie est évidemment concernée et plusieurs fois mentionnée. Le groupe d'experts a précisé qu'il a eu du mal à accéder à des pays qui ont des informations essentielles, dont l'Algérie, le Soudan et le Tchad. A retenir parmi les informations fournies, des pays n'ayant pas respecté l'embargo onusien sur les armes en Libye sont cités. Il n'y a pas de preuves mais des indices plus que troublants, précisent les experts, comme l'origine des armes et leur transfert... Ainsi, les Emirats, l'Egypte, le Tchad ont livré de l'équipement à l'armée nationale, au commandant en chef Khalifa Haftar. La Turquie et le Soudan ont fourni des armes aux groupes armés illégaux et groupes islamistes, détaille le rapport. Le Qatar a livré des armes pendant le soulèvement contre Kadhafi, mais il n'y a pas de preuves d'implication de ce pays après cette date. Les pays de la région ont fourni au moins un soutien politique à différents groupes, ce qui a alimenté la poursuite des conflits. Des sources touarègues ont allégué que la rivalité entre le Tchad et le Qatar était un facteur décisif dans l'effondrement rapide de l'accord de cessez-le-feu du 26 novembre 2015. Cette rivalité ressort clairement du discours public des principaux politiciens du Tchad et du Qatar.
Expansion de Daech
En outre, le développement du grand banditisme pour financer les groupes armés à travers le trafic de migrants, le trafic de drogues, les enlèvements est démontrée par l'étude. De même, des institutions officielles nationales sont soupçonnées de coopération, comme la Banque centrale libyenne qui est suspectée d'avoir financé Ansar Echaria de Benghazi. « Les cellules de l'EIIL tirent parti de leurs liens locaux. Les combattants étrangers sont hébergés dans des résidences privées. Ils constituent de petits groupes mobiles, concentrés pour la plupart en dehors des zones urbaines.
L'EIIL a établi des liens avec des réseaux de contrebande, ce qui l'aide à faire passer les combattants et les armes par la frontière avec la Tunisie ».
Le groupe d'experts a obtenu une copie de deux chèques de la Banque centrale, établis pour un montant total de 6 millions de dinars libyens, apparemment à l'ordre de la Choura des révolutionnaires de Benghazi. Si ces chèques sont authentifiés, cela signifie que le ministère de la Défense de Tripoli a fourni des fonds de la Banque centrale à la Ansar Echaria de Benghazi, détaille encore le document. Le rapport confirme ce que nous savons déjà, la rapide expansion de Daech, et qu'il est le principal responsable du chaos qui règne en Libye, et principal auteur de massacres : « L'EIIL reste le principal auteur de massacres en Libye. Le 20 février 2015, il a tué plus de 40 personnes lors d'un attentat à l'engin explosif improvisé perpétré à Qoubba. Toujours en février, il a diffusé l'enregistrement vidéo de l'exécution sommaire de 21 Egyptiens, dans le cadre d'une stratégie médiatique visant à faire connaître dans le monde entier sa branche libyenne. Au mois d'avril, il a également diffusé les images de deux exécutions collectives d'Ethiopiens ».
Tunisie, porte d'entrée
Dans l'ouest du pays, les enlèvements, qui ont lieu pratiquement tous les jours, restent une grande source d'inquiétude. Les otages, notamment les étrangers originaires de pays où des Libyens ont été arrêtés, sont fréquemment utilisés comme monnaie d'échange. Les affaires les plus médiatisées ont été l'enlèvement des Tunisiens relâchés en échange de la libération de Walid Leglayeb (août 2015) et de Hussein El-Dhaouadi (octobre 2015)». Il est à relever que le groupe terroriste transnational est en train de s'imposer par un discours nationaliste, en se présentant comme le principal rempart contre les interventions occidentales impies, « l'EIIL diffuse un discours nationaliste et se dépeint comme le rempart le plus solide contre une ingérence étrangère ».
La connexion est prouvée, démontrent les experts, entre la Libye et la Syrie, puisque d'énormes quantités d'armes ont été trouvées sur le théâtre syrien, en provenance de Libye. Pour ce qui du transfert des jihadistes qui se rendent en ce moment en Libye, ils y accèdent par trois voies: la Turquie, le Soudan et la Tunisie qui a été une porte d'entrée essentielle. « L'attrait de la Libye pour les combattants étrangers n'a fait que croître et pour s'y rendre, en 2014 et en 2015, ils se sont principalement servis du Soudan, de la Tunisie et de la Turquie comme pays de transit ». Plusieurs sources ont confirmé que des groupes armés de Misrata ont recruté des étrangers pour piloter des aéronefs Mirage F1 et L39, dont des Equatoriens et des Ukrainiens. Des sources ont également indiqué qu'une équipe d'Equatoriens s'occupait de la maintenance des appareils. Important à relever, ceux qui empruntent la porte d'entrée tunisienne ne sont pas uniquement tunisiens mais aussi beaucoup d'étrangers. Une fois sur place, ces jihadistes sont accueillis, pris en charge et hébergés dans des centres bien organisés, souvent avec la complicité agissante de dignitaires libyens, précise le rapport : « Des personnalités occupant le devant de la scène à Tripoli et Misrata, y compris des responsables de haut rang, ont aidé des combattants extrémistes à se rendre en Libye. Ces derniers ont été hébergés dans des fermes et des camps, dans la banlieue de Tripoli, à Aïn Zara et Qarahboulli, ainsi que dans d'autres villes de l'ouest du pays. Certains ont été envoyés se battre à Benghazi ». A la fin du rapport, le groupe des experts propose 26 recommandations qui impliquent et interpellent la communauté internationale, les instances onusiennes dont le Conseil de sécurité, les pays de la région, autant que les acteurs libyens eux-mêmes. Et si l'on compare entre les objectifs et l'état des lieux, il est clair que le bout du tunnel paraît encore loin, très loin.


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