Partenariat public-privé, initiative privée, économie sociale solidaire et restructuration du marché du travail sont les principaux sujets de réflexion au dialogue national sur l'emploi, dont la finalité est l'élaboration d'une stratégie quinquennale de l'emploi (2016–2020) Gouvernement, Ugtt, Utica et différentes composantes de la société civile tunisienne, sauf l'Utap, sont en conclave, depuis hier, à la banlieue nord de la capitale, donnant, ainsi, le coup d'envoi au tant attendu dialogue national sur l'emploi. Les débats, pendant trois jours, plancheront sur une radioscopie d'un chômage endémique qui continue à sévir sournoisement. Neuf ateliers de travail préparatoire vont aborder diverses thématiques, dont la finalité est de s'accorder sur une approche participative d'une stratégie quinquennale de l'emploi (2016-2020). Cette nouvelle édition du dialogue, puisque la première fut entamée sans suite, au temps de la Troïka avec l'ex-ministre de tutelle, M. Abdelwahab Maâtar, vient, semble-t-il, augurer d'un épilogue à court ou à moyen termes. C'est que d'ici la fin de ce mois, une conférence nationale aura lieu, afin de rendre compte des rapports d'ateliers sur la question de l'emploi, les moyens et les mécanismes de sa promotion. Dans son allocution d'ouverture, M. Habib Essid, chef du gouvernement, a affirmé qu'une telle question est une priorité nationale et que les solutions ne sont plus uniquement du ressort de l'Etat. Mais, insiste-t-il encore, la responsabilité est plutôt partagée, engageant toutes les parties prenantes. Dans pareil combat social, nul n'est censé rester indifférent. Un partenariat public-privé devrait, désormais, se traduire dans les faits, dans un climat d'investissement de saine émulation et pourvoyeur de nouveaux postes d'emploi. Le chef du gouvernement n'a pas, également, manqué de faire valoir l'apport de l'économie solidaire sociale, la qualifiant de créneau porteur jusqu'alors sous-estimé. Il a plaidé en sa faveur, louant l'avantage qu'il pourrait générer au profit des jeunes diplômés. Droit au travail décent Au moment où le taux de chômage dépasse, actuellement, la barre des 15 %, tous les moyens sont bons pour que chacun fasse de son mieux, afin de le ramener à 11% d'ici à l'horizon 2020. C'est là un objectif quantitatif en guise de défi stratégique qui mettra aussi le cap sur la qualité d'offres fournies à plus de 618 mille demandeurs d'emploi. Faudrait-il, alors, reconfigurer le marché du travail ? Le diagnostic de l'état des lieux en cours est en mesure de définir les contours des enjeux et orientations futurs. La problématique telle que posée par le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, M. Zied Laâdhari, s'inscrit dans une démarche intégrée et interactive qui soit couronnée par des recommandations pragmatiques. Pour lui, l'emploi demeure une question structurelle et non pas un phénomène de conjoncture. La réforme éducative tient aussi à ce raisonnement. L'école doit s'ouvrir sur son environnement et faire en sorte que les profils des compétences répondent aux besoins des entreprises. Celles-ci sont appelées, en retour, à favoriser un cadre professionnel décent. Cela dit, rompre avec l'emploi précaire, comme l'a souligné le secrétaire général de l'Ugtt, Houcine Abassi . Et comme le stipule, d'ailleurs, la nouvelle constitution qui fait que le droit au travail digne et décent est garanti par la loi. Et d'ajouter que le secteur privé doit en tenir compte, étant donné que l'homme est la fin et le moyen de toute œuvre de développement. Améliorer le climat des affaires Autre remarque avancée par le patron de la centrale syndicale, l'initiative privée, loin de la mentalité d'assisté. Mais, cet esprit d'installation à son propre compte ne saura réussir sans le soutien aussi bien au niveau des idées que de l'accompagnement et du suivi. Dans ce sens, l'économie solidaire aura besoin d'être consolidée, à même d'avoir toutes les chances de son développement. D'autant que son rythme de croissance reste au-dessous de 1%. Mais, parlant de l'emploi, c'est penser, avant tout, au développement régional. De son avis, les deux devraient aller de pair, dans une logique productive à profits réciproques. Reste que le pacte social tripartite, signé le 14 janvier 2013, entre le gouvernement, d'une part, l'Ugtt et l'Utica, de l'autre, devrait être un fer de lance dans la stabilité du marché de l'emploi et la promotion du travail décent, un des piliers de la démocratie et de l'équité sociale. « Pour ce faire, on doit investir encore plus», préconise M. Hichem Elloumi, le numéro 2 de l'Utica. L'orateur a mis l'accent sur l'amélioration du climat d'affaires. Ce qui exige, a priori, de sortir de l'informel à l'économie organisée, à même de stimuler l'investissement privé dans les régions. Ce dernier était, ces dernières années, à hauteur de 8 milliards de dinars. Mais il ne suffit guère pour booster l'économie nationale et dynamiser le développement régional.