Alors qu'on y exporte déjà des produits, comme la céramique, le tapis, la fouta et le bois d'olivier, le marché américain reste ouvert à d'autres produits avec un important potentiel en termes de quantité... Partant d'un partenariat avec le Programme de développement du droit commercial du ministère du Commerce américain (Cldp) et l'Association tuniso-américaine des jeunes professionnels (Tayp), l'Office national de l'artisanat (ONA) est en train de mettre en place tout un programme de prospection et de renforcement des exportations artisanales tunisiennes, notamment vers les Etats-Unis. En fait, ce partenariat, qui entre dans le cadre du développement de la coopération tuniso-américaine dans le secteur de l'artisanat, est actuellement en phase d'évaluation. Il a été lancé il y a plus de deux ans et comporte plusieurs étapes dont l'étude du marché américain et des modalités d'intégration des produits artisanaux tunisiens, ainsi que l'adaptation des stratégies marketing aux exigences de cette clientèle. Aussi, on a procédé, après la présentation de certains produits tunisiens dans des foires américaines, à l'invitation d'acheteurs américains à la 33e édition du Salon de la création artisanale qui aura lieu du 22 avril au 1er mai 2016. Pour cette édition et en vue de booster les exportations, entre autres vers les Etats-Unis, l'ONA a programmé un espace jeunes gratuit, ainsi que d'autres avantages aux exposants exportateurs dont un atelier de formation à l'export. Ce dernier a eu lieu mardi à la capitale et a profité à quelque soixante-dix artisans de différentes filières et une vingtaine d'étudiants du Tunisian Business School (TBS) qui maîtrisent bien la langue anglaise. D'après Karim Louhichi, directeur des études et de la coopération internationale à l'ONA, cette formation vise à préparer les artisans pour qu'ils puissent vendre leurs produits principalement à la clientèle américaine. «Nous allons évaluer cette expérience pour améliorer et le contenu de la formation et les procédures pour la suite de ce programme de soutien à l'exportation», a-t-il ajouté. L'atelier a été axé sur des questions basiques dont la préparation des fiches produits, le contenu des contrats vente, ainsi que les méthodes de calcul du prix de vente à l'export. Pour ce qui est des étudiants du TBS, ils feront les facilitateurs en matière de communication entre les acheteurs américains et les exportateurs tunisiens lors des rencontres B2B programmées en marge du Salon de la création artisanale. S'adapter aux exigences du marché Louhichi a indiqué que le marché américain connaît déjà certains produits artisanaux tunisiens, comme la céramique, la fouta en soie et le bois d'olivier. «Nos artisans sont des créateurs dans leurs domaines respectifs, reste à les former pour qu'ils puissent accéder aux marchés internationaux. Nous avons effectué des expériences d'exposition avec le marché américain et cela a englobé notamment les produits traditionnels qui sont un vecteur de culture et d'histoire. Nos produits sont très distingués et originaux par rapport à ceux des pays concurrents, comme le Maroc, et les acheteurs américains l'ont confirmé. Il y a un grand potentiel d'export sur ce marché que nous sommes en train d'étudier afin de comprendre au mieux ses exigences et les moyens à mettre en œuvre pour le conquérir», a-t-il expliqué, tout en insistant sur le faible coût de création d'emplois dans le secteur de l'Artisanat, ce qui représente un précieux avantage. Louhichi a aussi insisté sur le respect des délais et la responsabilisation par rapport à la conformité et les labels attribués en tant que facteurs de mise en confiance de la clientèle américaine. Pour sa part, Habib Chabbouh, président de la Chambre nationale de la poterie artisanale relevant de l'Utica, estime que le but sur le moyen terme est d'augmenter la quantité des produits exportés aux Etats-Unis. Et d'ajouter : «Si on prend l'exemple de la poterie traditionnelle, dont 80% de notre production sont exportés, seulement 3 à 5% vont aux USA! C'est un très grand marché et nos exportations vers l'Amérique doivent atteindre 20 à 25% par rapport au total pour qu'elles soient significatives. Et pour ce faire, il va falloir augmenter la production afin de répondre à toute importante demande. Cela, tout en gardant un très haut niveau de qualité et que les produits soient dans les normes américaines, notamment en matière de qualité et d'emballage. Aussi, il faut vraiment respecter les délais de livraison pour que les Américains classent notre secteur en tant que secteur sérieux et fassent confiance en nos produits». Selon Chabbouh, certaines entreprises de la filière poterie artisanale sont en train d'exporter en continu vers les Etats- Unis et leurs clients sont satisfaits. De même, il a estimé que de telles formations dédiées aux professionnels sont nécessaires pour qu'ils adaptent leurs produits au marché et les rendent concurrentiels par rapport aux produits d'autres fournisseurs, comme la Chine, le Maroc, l'Egypte, le Portugal ou l'Espagne. En ce qui concerne la qualité des produits artisanaux, les Américains ne se fient pas seulement aux résultats des analyses des laboratoires tunisiens. Ils préfèrent effectuer leurs propres analyses pour déceler, entre autres, le niveau des métaux lourds dans les produits. Chose à laquelle ils sont très sensibles pour commander ou pas, outre l'originalité des produits. Dans ce sens, l'apport de la Tayp, notamment en matière d'adaptation des stratégies marketing et facilitation des contacts a été valorisé par les responsables tunisiens et américains.