Puggy vit un véritable conte de fées. En cinq ans, le trio belge s'est déjà produit sur les plus grandes scènes d'Europe. A Paris, leur maison de disques Mercury a relancé le sous-label Casablanca, sous la responsabilité de leur éditeur et mentor Olivier Lefebvre, pour les y accueillir. Puggy doit à ses bonnes rencontres le droit de bénéficier d'une sortie d'album luxueuse, comme une deuxième naissance. Comme son nom l'indique, Something you Might Like devrait plaire. Ce premier album de Puggy produit par une "major" (le précédent, Duboid Died Today, est sorti sur un label indépendant en Belgique) est un chef-d'œuvre d'intensité et de précision. Avec des textes accrocheurs, le chanteur britannique Matthew Irons promène un bagage vocal riche. Il se pare d'un habit musical lumineux, subtil et varié, produit avec la complicité de ses compères musiciens : le Français Romain Descampe à la basse, et le Suédois Egil "Ziggy" Franzén à la batterie. When you Know ouvre l'album à l'aide de clins d'œil rock psyché, jazz et classique avec force piano et trompette. Leur musique tourne avec délicatesse et harmonie, virevolte pour se nicher dans le cerveau comme dans un écrin. Quand le groupe privilégie guitares, basse et batterie, c'est pour construire des cascades de couplets/refrains et y coucher des parties vocales superposées, des effets harmoniques et rythmiques puissants et pour y lancer une batterie à la poursuite d'un piano à une vitesse folle sur Teaser. Puggy explore de nouveaux territoires rythmiques dans ses chansons savamment construites. Tout Belge qu'il est, le trio regarde bien sûr vers l'Angleterre de Muse, de XTC, des Dexys Midnight Runners ou de Supergrass. On ressent aussi l'héritage baroque pop et mod, ainsi que l'influence des chorales suédoises. Biberonné au jazz et au blues, Matthew, crooner suave, offre son cœur sur la ballade Not a Thing Left Alone et s'écorche les cordes sur le tube I do. Le groupe a cette énergie des power pop combos comme Weezer et joue la rupture de rythme sur des chansons à l'humeur tempérée, sensuelle ou sentimentale comme She Kicks ass ou sur le schizophrène How I Needed you. Heureuses rencontres Très tôt, le groupe a pu se mettre sur les bons rails grâce à de belles rencontres en Belgique. Le label parisien Mercury, dirigé par Olivier Nusse, leur a donné des moyens pour enregistrer au studio ICP de Bruxelles avec des experts : Erwin Autrique (Benjamin Biolay) pour la prise du son et Mark Plati (David Bowie, Louise Attaque) pour le mixage. Avant le studio, il y a eu beaucoup de scènes de festivals comme Reading en Angleterre ou Benicassim en Espagne, ou des premières parties de groupes mastodontes comme l'américain Incubus. "En Belgique, on vendait notre album en main propre. Sans l'appui des médias, on a monté une base de fans de 400 personnes, qui s'est déplacée dans le pays pour nous voir", raconte Matthew. Le rêve américain s'était produit avant pour Puggy, lors d'un séjour de trois mois en Angleterre : "On y a beaucoup appris sur le business. Tu joues trente minutes, il n'y en pas une de plus. Si tu dépasses, le son en façade est coupé, c'est formateur". Sillonner le sentier des stars côté scène a plu au père de Matthew, qui avait fréquenté des lieux mythiques comme le Troubadour (un célèbre club londonien, Ndlr). "Mon père m'avait rappelé qu'il avait vu Bob Dylan, Joan Baez et The Who dans ces salles londoniennes où nous avons joué. Aujourd'hui, ça rassure mes parents de sentir que le groupe est un choix professionnel sérieux."