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Soixante ans de diplomatie multilatérale tunisienne
60e anniversaire du ministère des affaires étrangères
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 05 - 2016


Par Ali HACHANI *
La diplomatie d'un pays comporte plusieurs dimensions, dont la bilatérale et la multilatérale. Si la diplomatie bilatérale constitue la colonne vertébrale des relations internationales modernes, la diplomatie multilatérale en est le cœur. En effet, les organisations internationales et régionales deviennent le centre vers lequel convergent la quasi-totalité des préoccupations du monde et au sein duquel se discutent et se décident les grandes orientations de la vie entre les nations. Aujourd'hui comme hier, le système des Nations unies, malgré le scepticisme qui entoure certaines de ses actions, demeure un instrument indispensable pour le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde et pour le développement de la coopération entre les nations. Les fondateurs de la Tunisie moderne ont parfaitement saisi cette donnée. Avant l'indépendance, ils ont compris que l'ONU, grâce à la pression collective qu'elle peut exercer, pouvait apporter un soutien déterminant au mouvement de libération nationale. La soumission en 1952 par les pays afro-asiatiques de la « question de la Tunisie » à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'ONU en tant que question coloniale a représenté non seulement le point de départ de l'internationalisation des aspirations tunisiennes à l'indépendance, mais également un exemple pour les autres peuples sous domination coloniale. Les leaders tunisiens d'alors, conscients de l'importance de ce mouvement pour l'avenir de la Tunisie ont pris très tôt l'initiative d'ouvrir un « Bureau auprès des Nations unies » dont la direction avait été confiée à feu Bahi Ladgham, représentant permanent avant la lettre Il importe de préciser que les activités multilatérales de la Tunisie au cours des décennies successives ont fait de notre pays un apôtre en matière de décolonisation et d'appui à l'œuvre collective en faveur de la paix mondiale et du développement économique et social. En retour, l'Organisation des Nations unies nous a aidés à consolider notre indépendance et à tenir tête aux agressions auxquelles notre pays a été soumis. Et des agressions il y en a eu : de l'affaire de Sakiet Sidi Youssef le 8 février 1958 , au siège de Rémada par les troupes françaises et l'invasion de la ville de Bizerte en juillet 1961, en arrivant à l'attaque israélienne contre Hammam-Chatt en octobre 1985 et l'assassinat du dirigeant palestinien Abou Jihad dans notre capitale en avril 1988. Dans chacune de ces agressions, la Tunisie «a retrouvé les Nations unies à ses côtés » pour reprendre le témoignage de feu Habib Boularès. Dans l'affaire de Bizerte en particulier, les leaders tunisiens ont fait preuve d'une maîtrise parfaite de la diplomatie multilatérale en alertant le monde entier sur les droits de la Tunisie, ce qui a permis, fait assez rare, d'obtenir la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU qui a conforté la position tunisienne, à défaut d'obtenir une résolution au Conseil de sécurité où la France disposait et dispose toujours du droit de véto. L'aide de la famille des Nations unies à la Tunisie depuis son adhésion à cette organisation ne s'est pas limitée à la consolidation de notre indépendance et la lutte contre l'agression extérieure, mais s'est également manifestée dans un appui continu à notre développement économique et social. Notre pays a été l'un des premiers pays nouvellement indépendants à bénéficier de l'aide du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, auxquels il a adhéré en avril 1958. Quand l'ONU a créé en 1966 son propre organisme d'assistance technique, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), notre pays a été l'un des premiers à bénéficier du concours de ce programme qui a installé dans notre capitale l'un de ses premiers bureaux extérieurs. Si la Tunisie a pu s'assurer une place aussi visible comme acteur sur le théâtre multilatéral et comme bénéficiaire de ses services, cela est lié à une conjugaison de facteurs humains et de choix politiques :
1- La diplomatie multilatérale tunisienne menée par des hommes et des femmes compétents et dévoués : la Tunisie a su placer certains de ses meilleurs cadres à la tête et au sein de ses Missions permanentes auprès des Organisations internationales et régionales. Tout au long de ces soixante années, l'Assemblée générale de l'ONU a élu un président et plusieurs vice-présidents tunisiens, de même que le Conseil économique et social de l'organisation qui a vu deux représentants permanents tunisiens présider à ses destinées pendant deux années différentes. De nombreux autres organes et comités ont eu la Tunisie comme membre actif jouant un rôle de rapprochement et d'impulsion. C'est ainsi que le Conseil de sécurité a vu la Tunisie y occuper un siège non permanent à trois reprises et pendant des périodes cruciales de la vie internationale. La politique de présence de la Tunisie dans les organes décisionnels de l'ONU et des autres institutions internationales et régionales a été aidée par des relations solides avec les groupes régionaux et politiques auxquels la Tunisie appartient, comme le groupe arabe, le groupe islamique, le groupe africain, le groupe des « 77 » et le groupe des non-alignés, qui jouent tous un rôle déterminant dans ce domaine.
2- Présence remarquable au sein des institutions internationales : depuis les premières années de l'indépendance, la Tunisie a suivi une politique de présence dans les organes administratifs et de direction des institutions internationales et régionales, en particulier l'ONU et ses diverses agences, aidée en cela par le nombre et la qualité de ses cadres formés à la faveur d'un système éducatif exemplaire en son temps. 3-La diplomatie multilatérale tunisienne : le leader Habib Bourguiba, premier ministre des Affaires étrangères de la Tunisie indépendante, chef du gouvernement puis président de la République tunisienne, a été aussi celui qui a fixé les grandes orientations de la politiques étrangère tunisienne, devenues des constantes, en les tirant des caractéristiques de la personnalité tunisienne faites de modération et d'ouverture, de la culture du pays, de son histoire et de sa géographie ainsi que des intérêts bien compris et à long terme de la Tunisie. Très tôt, la diplomatie multilatérale a mis en avant certaines des principales constantes de la politique étrangère tunisienne et s'y est tenue, en particulier :
Appui aux causes justes dans le monde : la première de ces causes a été certainement celle de l'autodétermination des peuples soumis au joug colonial et à l'occupation étrangère. Ayant été parmi les premiers pays à avoir obtenu son indépendance au prix d'une longue lutte nationale et avec l'appui de l'ONU, la Tunisie a offert aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine un modèle et a mis à leur disposition son expérience, à travers notamment une participation avant-gardiste aux débats et négociations internationales ayant conduit à la libération de ces peuples, et ce, au sein des organismes onusiens saisis de ces débat, en particulier le Comité sur la décolonisation , ou « Comité spécial des 24 ». La Tunisie a été membre de ce comité depuis sa création en 1961 et l'est encore à ce jour et l'a présidé à plusieurs reprises. Ce travail a été complété par un effort aussi assidu au sein de l'Organisation de l'unité africaine devenue plus tard l'Union africaine dont la Tunisie a été l'un des pays fondateurs et qui avait pour mission initiale la libération totale de l'Afrique du colonialisme. Par ailleurs, la cause palestinienne a été et reste une priorité de la diplomatie multilatérale tunisienne. Les constantes de la politique tunisienne : ces principes cardinaux dans la politique étrangère tunisienne se sont manifestés dès le départ par les prises de position de notre pays suite à l'invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques et sa participation dès 1956 aux efforts de l'ONU pour rétablir la souveraineté de ce pays sur son territoire et pour le retour de la paix dans la région. Depuis, la Tunisie a été de toutes les actions menées par l'organisation internationale en faveur de la paix et ses soldats, arborant le casque bleu de l'ONU ou celui de l'Union africaine, ainsi que des éléments de la police et des civils tunisiens ont participé efficacement à une vingtaine d'opérations de maintien de la paix à commencer par le Congo, en passant par le Sahara occidental, sans oublier le Cambodge. La Tunisie a pu jouer son rôle international dans le passé sans jamais faire partie d'une alliance militaire et en affirmant son appartenance au Mouvement des non-alignés, qu'elle a contribué à créer et dont elle est toujours membre.... Participation aux autres activités du Système de l'ONU : la diplomatie multilatérale tunisienne s'est toujours considérée partie prenante dans toutes les activités du Système des Nations unies où qu'elles soient. Les activités économiques et sociales ont été particulièrement prisées vu leurs répercussions sur les efforts d'établissement d'un nouvel ordre économique international plus juste à l'égard des pays en développement dont la Tunisie a été et reste un défenseur déterminé. Partout la voix de la Tunisie s'est fait entendre apportant toujours une touche de clairvoyance et de modération. C'est la raison pour laquelle la position de la Tunisie au sein du Groupe dit des « 77 » (réunissant les 134 pays en développement dans les organisations internationales) a toujours été éminente, ce qui a valu à notre pays l'honneur de le présider à plusieurs reprises. Ainsi, le multilatéralisme a été pour la Tunisie une partie importante de la diplomatie avant l'indépendance et depuis qu'elle a regagné sa position en tant qu'acteur de la communauté internationale. Certes, certains changements intervenus dans le monde au cours des dernières décennies et en particulier l'affirmation des principes dits « universels », tels que celui des droits de l'Homme et de la démocratie et qui n'avaient pas trouvé de réponse convaincante au niveau national, ont réduit pour un temps la marge de manœuvre de la diplomatie tunisienne, y compris la diplomatie multilatérale. La révolution tunisienne est venue rétablir l'ordre des choses en donnant à notre pays la possibilité de se réconcilier avec les principes universels sans toutefois jamais s'écarter des constantes de sa politique étrangère qui ont bien servi les intérêts de la Tunisie et son image. Des associations anciennes ( comme l'Association tunisienne pour les Nations unies et l'Association des études internationales) ou de création récente (comme l'Association tunisienne des anciens ambassadeurs et consuls généraux et le Cercle diplomatique), aident à perpétuer l'attachement du pays aux constantes de sa politique étrangère et à la diplomatie multilatérale. Il importe de ne jamais cesser d'affirmer ces constantes au niveau bilatéral comme au niveau multilatéral, tout en continuant à appuyer le ministère des Affaires étrangères en tant qu'instrument professionnel de cette politique ayant fait ses preuves tout au long des six décennies passées.
* Ancien ambassadeur, ancien représentant permanent de Tunisie auprès de l'ONU


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