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Deux fois deux ne font pas quatre
Rencontre avec Abdelmagid Charfi, nouveau Président de Beit Al-Hikma
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 05 - 2016

L'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït Al-Hikma, connaît une effervescence sur le plan de sa nouvelle stratégie qui a opté pour une nouvelle approche des rôles qu'elle doit jouer dans un rapport organique avec la société tunisienne en devenir.
L'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït Al-Hikma, semble avoir mis le doigt sur les défaillances de notre système éducatif. Et c'est à travers une série de colloques dans plusieurs régions intérieures, qu'elle s'est fixé comme objectif de dégager les spécificités de chaque région, d'en relever les potentialités et les problèmes, à titre d'éclairage objectif pouvant servir aux décideurs et leur permettre de concevoir les projets les plus idoines pour assurer le développement tant brigué par le Tunisien de l'après-révolution, dans la perspective d'assurer cette dignité si revendiquée, tous azimuts.
Entretien avec le nouveau président de l'Académie, Abdelmagid Charfi.
Une série de colloques sur les régions, en Tunisie. Pourquoi, dans quelle approche et avec quelle perspective ?
Le colloque qu'organise Beït Al-Hikma s'inscrit dans le cadre des activités du département des sciences humaines et sociales, au sein de l'Académie.
L'étude de la région du Cap Bon est la première étape, dans l'étude de toutes les régions de Tunisie.
Pourquoi avons-nous pris le pays région par région ?
Parce que les régions n'ont pas les mêmes problèmes et ne vivent pas au même rythme. Donc, une étude spécifique de chaque région s'impose, pour éclairer tous les problèmes et toutes les mutations que vivent ces régions.
Ces éclairages proviennent de spécialistes dans différents domaines : Histoire, Géographie, Sociologie, etc.
On espère, à travers tous ces différents éclairages et ces différentes approches pluridisciplinaires, arriver à une réelle radioscopie du pays qui pourrait servir les préoccupations des décideurs non seulement au niveau de l'ici et maintenant, mais, aussi, à moyen et à long terme.
Donc, il s'agit non d'extrapoler, mais de prévoir car nous assistons à une accélération de l'histoire. Certains changements sont visibles et d'autres sont plus profonds et restent insuffisamment pensés et élucidés, alors que ces transformations profondes sont déterminantes pour l'avenir du pays.
A titre d'exemple, les transformations démographiques, le problème de l'eau, la nature des rapports ville/campagne, etc.
Notre travail au sein de l'Académie fournit aux décideurs une vision plus claire des problèmes posés à notre pays.
Nous n'avons pas la prétention de suppléer à qui que ce soit, mais d'aider à cerner les problèmes réels et à proposer des solutions idoines.
Mircéa Eliade disait : «Mais toute vision de ce qui devrait être entraîne un examen critique de ce qui est».
Les pays sous-développés sont, en général, des pays sous-analysés, insuffisamment connus, scientifiquement parlant, des membres de ces sociétés.
Parfois, l'étranger a une meilleure vision de nos réalités.
Ceci n'est point sain car il est incontournable, nécessaire et urgent de connaître à fond notre réalité, sur tous les plans : culturel, moral, naturel, etc., nos rapports avec notre passé, avec l'Autre. Tous ces aspects doivent être mieux connus scientifiquement et pas seulement émotionnellement.
Quelle est votre stratégie, votre vision globale en la matière ?
Les membres du conseil scientifique de nos départements conçoivent des activités multiples. Il y a d'autres activités que nous soutenons, en offrant nos locaux à ces manifestations.
Mais nous avons une vision qui prend en considération la nécessité d'une approche pluridisciplinaire du savoir humain.
Dans les deux cas, la participation aux programmes n'est pas la chasse gardée des membres de l'Académie, mais des différentes compétences tunisiennes.
A titre d'exemple, nous avons accueilli un atelier sur le thème suivant : «Climat et compétitivité de l'entreprise», le 21 avril dernier. Début mai, nous avons organisé une manifestation sur : «La chronobiologie et les rythmes circadiens».
Le 12 mai, une journée scientifique sur «La médecine personnalisée a eu lieu».
Nous constatons que vous accordez une part importante aux sciences exactes. Qu'en est-il pour les arts et les sciences humaines?
Proposer aux spécialistes des horizons plus amples, en faisant se côtoyer les sciences dures et les sciences humaines et sociales, enrichit la scène culturelle et pose les vraies questions. A. Koestler disait : «Deux fois deux ne font pas quatre quand les unités mathématiques sont des êtres humains». La vérité n'est l'apanage de personne et la pluridisciplinarité est la lumière qui éclaire toutes les zones d'ombre.
N'est-ce pas là une vision qui embrasse jusqu'au type de société ?
C'est une vision qui tient compte de la complexité de la réalité et du monde.
Hier, l'enfant avait pour seul modèle son père qu'il imite. Aujourd'hui, dans chaque discipline, on constate une fragmentation et personne ne peut plus prétendre à une quelconque omniscience, personne, même pas le romancier qui crée tous ses personnages et tous leurs actes, sentiments et émotions.
Le lecteur du roman ou de n'importe quelle autre forme de création artistique participe à la production du sens de l'œuvre.
Il s'agit là d'une avancée très importante des connaissances humaines dans la mesure où il y a toujours une place pour la raison critique. La raison est la seule faculté de l'homme capable de se remettre en question.
Le roman, expression de la modernité, a-t-il un rôle social à jouer ?
Toute production intellectuelle a un rôle à jouer dans le façonnement des mentalités : un film, un article, une analyse, un poème. La production intellectuelle joue un rôle qui n'est pas toujours reconnu peut-être, parce que son influence est souterraine.
Dans le domaine des valeurs, il faut un temps certain de mûrissement pour qu'émergent les effets de cette action. Les slogans, qui ont été brandis lors de la révolution, n'étaient-ils pas les effets des valeurs véhiculées par une jeunesse universitaire en particulier ? Les valeurs de justice, de liberté et de dignité sont des valeurs nouvelles et il leur a fallu du temps pour qu'elles deviennent des mots d'ordre, des slogans pour une action politique. Il y a des valeurs qui ne sont pas suffisamment intériorisées jusqu'à nos jours comme l'égalité des sexes. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que lorsqu'ils invoquent la liberté pour les femmes de se couvrir les cheveux ne reconnaissent pas l'égalité entre les hommes et les femmes puisque cette obligation n'est pas faite aux hommes. Voilà l'une des valeurs qui ne sont pas encore admises.
Or, les valeurs de la modernité, résumées dans ce qu'on appelle les droits humains, sont indissociables les unes des autres.
Autrement dit, on ne peut pas être pour la liberté si on n'est pas, en même temps, pour l'égalité.
La modernité est-elle, désormais, un objectif légitime, ici et maintenant ?
A l'origine de nos problèmes actuels se trouve une modernisation tronquée, dans la mesure où la modernisation de la société n'a pas touché toutes les catégories sociales et n'a pas concerné tous les aspects fondamentaux de la société, comme l'aspect politique. Donc, vous avez des gens qui se sentent exclus des fruits de cette modernité et à juste titre.
C'est pour cela que je considère qu'il s'agit là d'ennemis de la modernité parce qu'ils sont les victimes de cette modernité tronquée.
Ne s'agit-il pas d'une situation schizophrène ?
Cette schizophrénie, si elle existe, est due au décalage qui existe entre la réalité sécularisée et la théorie véhiculée par les discours religieux.
Ce décalage crée cette schizophrénie. Un effort de la théorie dans le discours religieux est une nécessité sociale non seulement pour dépasser cette schizophrénie, mais pour s'assurer de la crédibilité du discours tenu.
Aujourd'hui, il y a un bricolage qui émerge à la surface, mais ce bricolage ne peut répondre aux problèmes de ce décalage qu'à long terme et reste, toujours, insuffisant. On doit tendre vers un minimum d'harmonie entre le réel et le théorique. Il ne faut pas qu'il y ait des orientations antithétiques dans la conception du mode de vie de notre société.


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