Par Abdelhamid Gmati La 125e édition du baccalauréat débute ce mercredi 1er juin et se prolonge jusqu'au 8 juin pour la session principale, et aura lieu du 21 au 24 juin pour la session de contrôle. Plus de 129.000 candidats, dont 19.443 inscrits dans les lycées privés, se présenteront à cette session, pour décrocher ce diplôme indispensable à la poursuite des études supérieures. L'importance accordée à ce diplôme, depuis des décennies, explique l'angoisse et le stress qui habitent ces écoliers pendant des semaines et s'emparent aussi des parents et, à un moindre degré, des enseignants. « En dehors du bac, point de salut », semble-t-on leur dire. Ces milliers de jeunes (ils n'étaient que 500 lors de la première session en 1897) se lancent avec beaucoup de bonne volonté et de détermination dans la préparation de cet examen mais ils nourrissent aussi aussi une certaine inquiétude, un certain désarroi qui les mènent à chercher de l'aide, là où ils peuvent, à compter sur la chance et le hasard et à implorer la bonté divine (« Inchallah, je réussirai »). Mais, à chaque session du bac, de bons élèves échouent parfois, au grand étonnement de tous. Et des élèves juste moyens réussissent. Non pas parce que ces derniers ont plus de connaissances, mais parce qu'ils savent exploiter toutes leurs possibilités, aussi bien durant l'année scolaire qu'au cours du déroulement de l'examen. Le stress excessif, exercé parfois par l'entourage, peut être un handicap. Les taux de réussite varient d'une année à l'autre, pour diverses raisons. En 2010, on a enregistré un taux de réussite de plus de 50% et en 2011, il a atteint 52,33%. Puis, on a eu 36,53% en 2014 et 40% en 2013. En 2015, 27,22%, soit 34.390, ont été admis sur un total de 133.242 candidats. Comment expliquer ces variations ? Quelques indications. En 2015, et avec un taux de réussite de 27,22% à la session principale, on avait expliqué ce recul par « une réhabilitation de la crédibilité de l'examen ». En fait, élèves, parents, certains enseignants et observateurs pointent du doigt les nombreuses grèves déclenchées par le Syndicat de l'enseignement secondaire, qui avaient pris en otage les élèves et les avaient privés d'une scolarité sereine nécessaire. Du reste, plusieurs manifestations et protestations ont été menées par des élèves et leurs parents. Le même scénario des grèves a eu lieu durant l'actuelle année scolaire 2015-2016. A titre de comparaison, citons le Lycée Pierre-Mendès France de Tunis qui a affiché, en 2015, un taux de réussite de ses élèves de 99,10%. Le Lycée explique : « De la sixième à la terminale, l'élève apprend à apprendre et s'approprie des méthodes de travail et de recherche. Les équipes pédagogiques et éducatives s'attachent à rappeler les vertus de l'effort et de l'humilité mais aident aussi l'élève en difficulté à prendre confiance en ses capacités. Tout élève qui fréquente PMF est un citoyen en devenir. Il est de notre responsabilité, aux côtés de sa famille, de lui transmettre les valeurs de l'école républicaine. Nous lui rappelons ses droits mais aussi ses devoirs, nous l'invitons au respect des lois et règlements, au respect des personnes et des biens, à la probité, à l'honnêteté intellectuelle, à l'exigence et à la rigueur, à la solidarité et au partage, à la tolérance et à l'écoute. PMF et ses trente-deux nationalités sont un magnifique creuset de découverte de l'Autre, d'ouverture et d'enrichissement mutuel ». En fait, cette réussite, on la doit aux professeurs. Lors d'un devoir de mathématiques au cours du dernier « bac blanc », un élève s'est rendu compte que sur la feuille d'examen, c'est mentionné qu'il s'agit d'un « Bac blan ». On comprend la baisse de niveau de nos élèves et étudiants. Une enquête révèle que l'élève tunisien éprouve des difficultés en langue arabe, sa langue maternelle, ainsi qu'en français. Le ministre de l'Education nationale, Néji Jalloul, révèle que « 7.000 bacheliers ont obtenu zéro en français en 2015. Nous sommes tous responsables de cette situation que nous devons corriger ensemble, nous devons mettre fin aux bourrages de crânes et considérer l'élève dans son individualité». On notera, à ce propos, que jusqu'aux années 1970, le baccalauréat tunisien était reconnu dans plusieurs pays. Puis il a perdu de sa réputation et de sa valeur au point « que certains pays exigent désormais des diplômes, des attestations d'équivalence, des tests, des degrés, des grades, des examens à l'échelle internationale pour que les élèves accèdent aux universités à l'étranger. Néanmoins, les élèves peuvent accéder grâce à ce diplôme à la plupart des grandes écoles ». Nos bacheliers peuvent, encore, accéder à plusieurs grandes écoles, en France et au Québec. A condition d'améliorer leur français. Considérons un autre aspect du bac : celui des candidats qui auront échoué à cet examen, y compris après l'ajournement; ils seront quelques milliers. Plusieurs pourront redoubler et repasser le bac; mais il y en aura toujours des recalés. Seront-ils maudits et recalés? Bien sûr que non, bien des filières s'offrent à eux. Qu'est-ce que le bac ? Un examen qui sanctionne et atteste d'une formation générale et ouvre la porte aux formations plus pointues, celles qui permettent de maîtriser un métier. Le but ultime c'est cette formation pointue, prédisposant l'accès à une vie active, professionnelle. Là les possibilités sont innombrables et les formations professionnelles multiples, dans des établissements publics, ou privés. L'essentiel n'est-il pas d'avoir un métier et de bien l'exercer? C'est ce que demandent les entreprises et les industriels. L'informatique, par exemple, offre des possibilités énormes. Bill Gates, l'un des hommes les plus riches au monde, n'a pas son bac. Il n'en est pas mort. Et des centaines de millions d'autres comme lui. Alors ? Il n'y a pas que le bac, dans la vie.