Un jour ou l'autre, en cette interminable saison, l'ESS va être condamnée à payer la note des travaux herculéens auxquels on l'astreint. Alors que le commun des joueurs bénéficie ailleurs du fameux repos du guerrier — sauf, bien entendu, les quelques poignées d'internationaux appelés à disputer l'Euro ou la Copa America — le marathon se poursuit sous nos latitudes. Par un temps de moins en moins clément et plutôt propice au farniente et à la dolce vita, nos footballeurs sont appelés à jouer les prolongations. Après la 28e journée de L1 disputée hier, place à la sélection nationale qui va prendre son bâton de pèlerin jusqu'à Djibouti pour les besoins des qualifications pour la Coupe d'Afrique des nations Gabon 2017, un match programmé le 3 juin. Par la suite, reprise de la compétition locale, les 29e et 30e journées devant se jouer en plein mois de Ramadan. Ensuite, il sera encore temps pour livrer quelques tours de la Coupe de Tunisie. Et, pour boucler la boucle, l'unique club tunisien toujours en course dans la compétition africaine, la Coupe de la CAF, à savoir l'Etoile Sportive du Sahel doit ensuite «digérer» deux matches de la phase des poules: le 17 juin contre Kawkeb Marrakech et le 28 juin face au FUS Rabat. Résultat des courses : point de répit pour le vainqueur de la Coupe de la CAF 2015 lequel doit, tout à la fois, défendre sa couronnes continentale et jouer ses chances à fond en championnat de Tunisie. En tout cas, il se révèle être le club qui aura disputé le plus de rencontres cette saison, dans la foulée de saisons précédentes non moins surchargées. Dans ce rôle ingrat de stakhanoviste du foot tunisien, l'ESS prend le relais de l'Espérance Sportive de Tunis. Soumis, depuis des décennies au régime des travaux herculéens, le Club de Bab Souika aura au bout du compte «explosé» physiquement. Ne sachant plus où donner de la tête, «déchirés» entre leurs obligations au sein de leur propre club et celles avec les différentes équipes de Tunisie («A», olympique, sélection des joueurs locaux), les internationaux espérantistes ont fini par craquer. A vouloir trop tirer sur la corde, celle-ci a fini par casser. D'autant plus que le calendrier continental établi à cheval sur deux saisons ressemble à un véritable parcours du combattant, genre «casse-cou» qui ne laisse point de répit aux joueurs d'Afrique du Nord. La croisade de Benzarti Aujourd'hui, l'ESS prend le relais, risquant de succomber malgré les mille et une précautions dont s'entoure le club coaché par Faouzi Benzarti qui mène, depuis au moins deux saisons, une croisade contre les Coupes africaines mal agencées, au calendrier incohérent, minées par l'arbitraire arbitral et qui ne rapportent au final, selon Benzarti, aucune plus-value technique, ni encore moins financière. Le cas notamment de la Coupe de la Confédération qui génère à chaque participation un véritable gouffre budgétaire. Pour amortir le choc et rendre la pilule moins amère, le dernier tirage au sort de la phase des poules de la Coupe de la CAF a désigné pour l'ESS rien que des adversaires maghrébins, deux du Maroc et un de Libye, ce qui lui évite les longs safaris dans les pays d'Afrique noire. Maigre consolation pour les marathoniens du foot national ! Quoi qu'il en soit, le staff Faouzi Benzarti-Ridha Jeddi veut positiver. Il n'a eu de cesse de répéter qu'il faut savoir composer avec toutes ces vicissitudes. Ce qu'on appelle communément le «lourd» tribut à payer à la gloire ! Pourtant, il y a fort à craindre que le travail de récupération et les plus grandes précautions prises par le préparateur physique ne suffisent plus. A un certain stade, les organismes les mieux préparés et les plus aguerris crient, impuissants : «Basta, cela ne peut plus continuer» Malheureusement, lorsqu'on perçoit ce cri de détresse, il sera déjà trop tard. Turnover ou pas, le mal sera fait. Les SOS n'auraient du coup servi à rien. Sauf peut-être à faire reculer l'inexorable échéance...