Siwar al Assad nous entraîne dans une histoire d'amour et d'aventures dont il profite pour dépeindre un monde de riches, sans soucis, irréel, luxueux où les jours s'écoulent au rythme des belles toilettes, des voyages, réceptions, expositions... Une nouvelle aristocratie naissante dans les années 1920, après la Première Guerre mondiale, en de nombreux points similaire à l'ancienne aristocratie de sang, d'épée et de robe. Depuis le début de la traversée du Vieux Continent vers le Nouveau Monde, la jeune Angèle de Lestrange intriguait. On la voyait s'échapper plusieurs fois à l'air libre, non accompagnée et comme plongée dans de longues méditations face à la mer. La jeune femme était ‘'en transition'', venue échapper à de mauvais souvenirs. Mais c'est comme si elle venait également passer le témoin d'une civilisation à une autre alors que l'Amérique venait de s'illustrer en gagnant la Grande Guerre. L'Europe avait été tiraillée par les rancœurs et l'impuissance et, sans son intervention, c'était le grand bond dans l'inconnu. C'est pour cela que les années 1920 décrites dans le roman marquent un véritable nouvel ordre mondial, une ‘'transition'' de suprématie des vieux empires européens à la grande république démocratique américaine. Profondément blessée mais sans amertume C'est en fréquentant les lieux à la mode dans le sulfureux Montparnasse des années folles (années 1920) qu'Angèle de Lestrange prit goût à l'art. Encouragée par sa mère et son père, mécène et investisseur financier, pour sa grande curiosité intellectuelle. Elle était attirée par la vie de bohème, sur la trace des grands peintres qui ont marqué pour toujours l'histoire de l'art. Gorgée de romantisme, c'est là qu'elle rencontra Henri Lassalle et qu'elle s'était laissé approcher, mais la relation finit en queue de poisson. Profondément blessée mais s'interdisant toute amertume, elle quitte alors tout pour New York. Guidée par Annie, une amie de son père, elle découvrit avec émerveillement le gigantisme de la ville, Broadway, Central Park, Wall Street, Harlem... alors que le jazz, la toute première forme d'art à naître aux Etats-Unis, faisait fureur. De nouvelles émotions qui replacèrent les anciennes déceptions dans son jeune cœur qui ne manque pas de s'émouvoir quand elle rencontre Charles Rutkins. C'est tout de suite le double coup de foudre et ils deviennent quasi inséparables. Dans une de leurs escapades au Metropolitan Museum of Art, elle surprend des chuchotements entre deux hommes qui parlent d'étapes à ne pas rater, de rendez-vous à 22h et de ne pas rater l'opération ! ‘'Un casse se prépare, pense-t-elle. Et les événements lui donnent raison. Dans le New York Times du 21 juillet 1920, on pouvait lire : ‘'Casse du siècle au Metropolitan : des individus s'étaient introduits dans la nuit au musée, dévalisant toute la collection d'œuvres allemandes, autrichiennes et hongroises qui était prévue pour une prochaine exposition. Les fins limiers de la SDN Charles est au cœur de l'enquête où il seconde son père. Mais, très vite, enchanté par les connaissances encyclopédiques d'Angèle, c'est avec elle qu'il fera désormais duo. Et les voilà partis pour une série d'aventures parfois invraisemblables pour démêler les fils du vol qui se révèlent singulièrement complexes. Poursuivant leur quête avec passion, les deux amoureux traverseront, souvent au péril de leur vie, les frontières de l'Europe à peine sortie de la Grande guerre. Détachés des servitudes des gens moyens, tous deux font partie d'un monde de riches, sans soucis, irréel, luxueux où les jours s'écoulent au rythme des belles toilettes, des voyages, réceptions, expositions... Ils appartiennent ainsi à cette nouvelle aristocratie qui vit le jour après la Première Guerre mondiale, venant ‘'hériter'' l'ancienne aristocratie de sang, d'épée et de robe dont l'Ordre régnait depuis le Moyen-Age. Pourtant, cette nouvelle aristocratie est en de nombreux points similaire à l'ancienne. Libre des contingences, elle se préoccupait d'études, d'art, de mécénat et d'aventures, organisant son temps avec discipline et évitant les excès. C'est de la sorte qu'Angèle et Charles vécurent les 10 semaines de course effrénée qui les menèrent au dénouement final. Le 30 septembre 1920, un courrier du président de la Société des Nations (SDN, l'ancêtre de l'ONU): ‘'Nous tenons à vous remercier pour votre immense contribution pour l'histoire de l'art et le maintien de la paix dans le monde. Le démantèlement de l'organisation criminelle soutenue par les anciens pays de la Triple Alliance (Allemagne, Japon, Italie) a été permis en grande partie par vous.'' On lui offre un poste à la SDN sitôt que Charles aura son diplôme et tous deux, désormais couple marié, deviendront les fins limiers de la SDN. L'ouvrage ‘'Le temps d'une saison'', mouture française Par Siwar al Assad Editions, Erick Bonnier, 2015 Disponible à la Librairie al Kitab, Tunis