Par Jalel MESTIRI Les enjeux pour le sport féminin seraient de renouveler l'image du sportif par la sportive, d'enrichir les fonctions du sport, et de s'ouvrir à un public différent... Dans quelques années, car ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, le sport féminin sera-t-il considéré au même titre que le sport masculin? Beaucoup de sportives voudraient en effet que l'on parle de leur performance et non pas de leur apparence et réclament une véritable politique volontariste en faveur du développement du sport féminin, d'un égal traitement des femmes et des hommes dans le sport de haut niveau (le tennis est l'un des sports qui respecte la parité entre les hommes et les femmes, c'est-à-dire que lors des récompenses les hommes et les femmes gagnent les mêmes gains du 1er tour à la finale. Il n'y a pas de différence), mais aussi dans les médias et dans l'accès aux fonctions d'encadrement technique et dirigeant des fédérations et clubs. En Tunisie, les femmes n'ont pas les mêmes chances d'accès que les hommes à la pratique sportive. Le taux de licenciées féminines est nettement faible par rapport à celui des hommes. Dans certaines fédérations sportives, dans des clubs, pourtant populaires, il est même insignifiant. Des fois inexistant. La couverture médiatique du sport féminin est quasi absente. Le sport tunisien a évolué, mais il reste en particulier ouvert aux hommes. Les horaires, les équipements, l'ambiance, l'environnement ne sont pas adaptés, ou alors très peu, aux femmes. D'une façon générale, le sport féminin est centré sur un style de vie assez particulier. Beaucoup de femmes pratiquent le sport pour la santé et le loisir. Le paraître est au-devant des scènes. Elles pratiquent pour la sculpture de leur corps, l'esthétisme et la convivialité. Mais la plupart des femmes pratiquent hors fédérations car la structure n'est pas suffisamment adaptée. Les femmes sportives ont-elles de ce fait des caractéristiques sociales? Un sport, ou des sports dans lesquels elles peuvent exceller? Y a-t-il des finalités poursuivies et attribuées à chaque discipline? Quelles sont les normes et les valeurs sous-jacentes au sport féminin? Enfin, ces normes et ces valeurs se différencient-elles du sport masculin? Comme dans d'autres domaines de la culture et de la vie sociale, les femmes sportives se portent à la conquête d'un système de valeur dans lequel on retrouve les caractéristiques des groupes dominants masculins. Dans le sport, comme plus largement dans la société, l'histoire des femmes a son propre rythme, sa propre temporalité. Il n'en demeure pas moins que plusieurs processus permettent de comprendre la position du sport féminin, parmi lesquels: -Une progressive conquête institutionnelle du sport par les femmes face à la résistance que leur opposent les responsables aux différents niveaux associatifs. -Il existe des différences selon les pays et les cultures, les contextes nationaux y jouent un rôle important. -C'est à la marge des sports traditionnels que la reconnaissance s'est opérée avec le plus de force. Le sport féminin est entré beaucoup plus tard dans l'histoire car les femmes n'avaient pas toujours eu accès au sport. Mais aujourd'hui, elles souhaitent avoir la même médiatisation que le sport masculin. Elles ne doivent pas oublier qu'une certaine Alice Milliat a été le porte-drapeau de la lutte pour l'accès des femmes aux grandes compétitions. Elle a créé la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) qui a organisé en 1922 à Paris les premiers Jeux olympiques féminins. Les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne qui ont eu lieu en 1896 n'étaient pas ouverts aux femmes. Alice était une nageuse, hockeyeuse et rameuse de nationalité française. Elle se retira définitivement de la scène sportive en 1935. Depuis ce temps-là et jusqu'à nos jours, nous continuons à vivre dans une société où il est dur d'être une femme, et encore plus une femme sportive. Il y a des pays dans lesquels les autorités religieuses interdisent encore aux femmes la pratique du sport au motif qu'il peut être "source d'infertilité", entraîner "des comportements illicites" et autres vices. En Tunisie, faire évoluer le sport féminin serait augmenter le nombre de licenciées dans les fédérations sportives, améliorer et amplifier les équipements sportifs. Les fédérations sportives doivent accepter cette nouvelle population qui est capable de viser et de monter sur les hautes marches des podiums. Beaucoup de sportives ont marqué l'histoire du sport tunisien. D'autres continuent encore à le faire, à l'instar notamment de Habiba Ghribi. En Europe, le marché du spectacle continue à se développer comme le phénomène des femmes à la Coupe du monde de football en 1998. Les enjeux pour le sport féminin en Tunisie seraient de renouveler l'image du sportif par la sportive, d'enrichir les fonctions du sport, et de s'ouvrir à un public différent...